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Syrie : L’opposition accuse Moscou de « créer un nouvel Hitler » en soutenant Assad

Le conflit syrien a fait plus de 260 000 morts et provoqué une crise humanitaire majeure ; Les pays donateurs à Londres face à la course contre la montre humanitaire

Staffan de Mistura (à gauche) (Crédit : Heinrich-Böll-Stiftung/Wikimedia)
Staffan de Mistura (à gauche) (Crédit : Heinrich-Böll-Stiftung/Wikimedia)

L’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura poursuit mardi sa délicate mission d’intermédiaire entre les ennemis syriens, en espérant des progrès humanitaires concrets sur le terrain pour consolider le processus de negociations, officiellement lancé.

Gouvernement vendredi, opposition lundi: le diplomate onusien a gagné une première manche en amenant les délégations des deux belligérants à venir discuter avec lui dans le cadre solennel du Palais des Nations de Genève. Il les recevra à nouveau l’un après l’autre mardi, en commençant par la délégation de Damas.

Toutefois, le processus, qui vise à engager les deux parties dans des discussions en vue d’une solution politique en Syrie, reste extrêmement fragile et soumis à l’annonce de gestes concrets.

Après avoir rencontré lundi M. de Mistura pendant deux heures, la délégation de l’opposition syrienne a dit avoir reçu de l’ONU des « messages très positifs », mais a réitéré ses exigences de mesures humanitaires.

« Trois questions sont importantes pour nous, la levée des sièges, la libération de détenus, et l’arrêt des attaques contre les civils par les bombardiers russes (alliés de Damas) et par le régime », a égrené un porte-parole de l’opposition, Salem al-Meslet, précisant que celle-ci attendait la réponse du régime.

Quelques heures après la fin de la rencontre, l’ONU annonçait que Damas avait donné son accord de principe à l’envoi de convois humanitaires dans la ville assiégée de Madaya, près de Damas, où 46 personnes sont mortes de faim depuis décembre, et dans deux autres villes, Kafraya et Foua, qui sont elles assiégées par les rebelles.

L’opposition syrienne au régime de Damas a accusé lundi la Russie de « créer un nouvel Hitler » en continuant à soutenir le président Bachar al-Assad.

« Le régime russe va créer un nouvel Hitler (…) nous souffrons d’un Hitler en Syrie », a déclaré à la presse un porte-parole du Haut comité des négociations (HCN), Salem Al-Meslett, à l’issue d’une première rencontre formelle de l’opposition avec l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.

Le Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe des politiques et des représentants des groupes armés en Syrie, réclame depuis des jours des améliorations tangibles sur le terrain, alors que la situation des civils en Syrie, bombardés, affamés, est chaque jour plus catastrophique.

M. de Mistura est allé dans leur sens. « Nous devons vraiment voir quelque chose de concret, en dehors d’une longue et douloureuse négociation », a-t-il insisté.

Si l’arrêt à court terme des bombardements semble irréalisable, travailler en vue de la libération de civils, femmes et enfants, « serait un premier signal que quelque chose de différent est en train de se produire », a estimé M. de Mistura.

L’opposition a commencé à dresser des listes de noms de détenus, ont indiqué plusieurs de ses membres au cours des jours précédents.

Six mois de discussions prévus

« Nous écoutons avec attention les préoccupations du HCN, et nous allons écouter les préoccupations du gouvernement », a fait valoir M. de Mistura, qui doit recevoir le régime mardi dans la matinée.

La délégation de Damas, menée par l’ambassadeur syrien à l’ONU Bachar al-Jaafari, a déjà accusé la partie adverse de ne pas être « sérieuse » et de comprendre des « terroristes » en son sein.

Dans son collimateur, Mohammed Allouche, le négociateur en chef de l’opposition, arrivé lundi à Genève. Ce dernier est membre du bureau politique du groupe armé rebelle Jaïch al-Islam (l’Armée de l’Islam), un mouvement d’inspiration salafiste soutenu par l’Arabie Saoudite, et que le régime de Damas qualifie de « terroriste ».

Les discussions intersyriennes, dont le cadre a été fixé par une résolution de l’ONU en décembre, visent à mettre en place une autorité de transition avant l’organisation d’élections à la mi-2017.

L’émissaire de l’ONU, qui prévoit des discussions « difficiles et compliquées », veut instaurer un dialogue indirect entre les deux camps, avec des émissaires chargés de faire la navette, et a déjà annoncé que les discussions étaient prévues pour durer six mois.

Pour pousser le processus, un grand nombre de diplomates des principaux pays impliqués directement ou indirectement en Syrie sont présents à Genève.

Les pays donateurs à Londres face à la course contre la montre humanitaire

Des dirigeants du monde entier tenteront jeudi à Londres de réunir neuf milliards de dollars pour les 18 millions de Syriens victimes de la guerre, avec l’ambition d’endiguer la crise des réfugiés qui, du Moyen-Orient à l’Europe, pèse sur les pays d’accueil.

Organisée par l’ONU, le Royaume-Uni, le Koweit, la Norvège et l’Allemagne, cette conférence de donateurs, quatrième du genre, vise à répondre à l’appel de fonds de 7,73 milliards de dollars lancé par les Nations unies, auquel s’ajoutent 1,23 milliard de dollars pour l’aide aux pays de la région.

Le Premier ministre David Cameron reçoit pour l’occasion plus de 70 responsables internationaux, dont la chancelière Angela Merkel et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, mais aussi des représentants d’ONG ou du secteur privé.

Parti en mars 2011 de manifestations pacifiques contre le régime de Bachar al-Assad, le conflit syrien a fait plus de 260.000 morts et provoqué une crise humanitaire majeure, avec, sur le territoire syrien, quelque 13,5 millions de personnes en situation de vulnérabilité ou déplacées.

Cette guerre complexe aux multiples acteurs a également contraint 4,6 millions de Syriens à trouver refuge dans les pays voisins (Jordanie, Liban, Turquie, Irak et Egypte), tandis que des centaines de milliers rejoignaient l’Europe, parfois au péril de leur vie.

Du petit Aylan retrouvé noyé sur une plage turque, à la mort d’inanition d’Ali, 16 ans, dans la localité syrienne assiégée de Madaya, ces derniers mois ont exposé au yeux du monde toute la violence du conflit et de ses conséquences sur les civils.

Du travail pour les réfugiés

Pour répondre au drame syrien, les donateurs devront donc mettre la main à la poche, mais pas seulement, a expliqué David Cameron.

David Cameron (Crédit : Flash 90)
David Cameron (Crédit : Flash 90)

« Nous devons nous mettre d’accord sur des actions concrètes », a-t-il dit en évoquant la création d' »emplois » pour les réfugiés installés dans les pays voisins de la Syrie et dont le niveau de vie s’érode jour après jour.

« Ce n’est pas seulement dans l’intérêt de la Syrie et de ses voisins. C’est également dans l’intérêt des pays européens. Plus on aide les gens à rester dans la région, moins ils seront susceptibles de venir en Europe », a-t-il souligné.

Pour ce faire, M. Cameron propose de faciliter les échanges économiques entre la Jordanie et l’Union européenne et d’imposer un minimum de travailleurs syriens dans certains secteurs.

Côté allemand, le fond du discours est le même, comme l’objectif, à l’heure où Mme Merkel voit sa popularité s’éroder pour avoir endossé l’habit de protectrice des réfugiés.

« Sur le long terme, l’éducation et le travail doivent contribuer (…) à endiguer le flux de réfugiés vers l’Europe », a estimé son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

Gerd Müller, le ministre allemand du Développement, a récemment indiqué dans la presse vouloir « créer 500.000 emplois pour les réfugiés en Jordanie, au Liban et en Turquie », réclamant une « alliance pour le travail ».

‘Course contre la montre’

Ces dispositifs devront également prendre en compte le ressentiment grandissant de quelque quatre millions d’autochtones qui vivent aux côtés des réfugiés.

« La détresse et la vulnérabilité croissante des réfugiés syriens et la perception grandissante dans les communautés d’accueil que les réfugiés constituent une menace contre leur propres moyens de subsistance représentent l’un des risques les plus importants pour la stabilité de la région », souligne un rapport du Plan d’aide régionale pour les réfugiés et la résilience (3RP).

La conférence, qui se tient une semaine après l’ouverture des pourparlers de paix à Genève, mettra en outre l’accent sur les difficultés d’acheminement de l’aide en territoire syrien et sur l’éducation.

« Des efforts urgents (…) sont nécessaires pour sauver cette génération d’enfants », s’est alarmé le directeur régional de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Peter Salama.

« C’est une course contre la montre », a-t-il prévenu, alors que la guerre a entraîné la déscolarisation de 700.000 enfants.

Face au risque de « génération perdue », la jeune prix Nobel de la Paix pakistanaise Malala Yousafzai a lancé une pétition pour que les donateurs s’engagent à débourser 1,4 milliard de dollars par an pour l’éducation.

Malala Yousafzai (Crédit : WOLE EMMANUEL / AFP)
Malala Yousafzai (Crédit : WOLE EMMANUEL / AFP)

Pour mener à bien ces projets, les donateurs devront se montrer plus généreux qu’en 2015, où seuls 3,3 milliards avaient été récoltés sur les 8,4 milliards réclamés.

Pour y remédier, les organisateurs de la conférence ont convenu que les participants devraient « s’efforcer au moins de doubler leur contribution de 2015 ».

Il y a en la matière, selon l’organisation Oxfam, de bons élèves (Allemagne, Royaume-Uni, Suède…) et de mauvais (France, Russie, Arabie Saoudite…).

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