Tel Aviv : 7 personnes hospitalisées avec la fièvre du Nil occidental, 2 dans un état grave
Le virus est dangereux pour les personnes âgées ; la morbidité n'a pas augmenté, selon les autorités sanitaires ; aucun moustique vecteur du virus n'a été détecté
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Sept personnes de la région de Tel Aviv récemment admises à l’hôpital auraient été infectées par la fièvre du Nil occidental, une maladie potentiellement mortelle transmise par les moustiques.
Cinq des patients ont été traités à l’hôpital Ichilov de Tel Aviv. Selon les articles parus lundi dans la presse israélienne, ils ont été infectés dans les quartiers du nord de la ville. Deux d’entre eux sont toujours dans un état grave.
La Douzième chaîne rapporte que deux autres patients ont été récemment admis à l’hôpital Sheba de Ramat Gan, près de Tel Aviv, mais qu’ils ont depuis été autorisés à quitter l’établissement.
Alors qu’un médecin d’Ichilov a indiqué que le nombre de cas semblait monter en flèche, le ministère de la Santé et le ministère de l’Environnement ont déclaré qu’ils n’avaient pas identifié d’épidémie, mais qu’ils surveillaient de près la situation.
Les personnes infectées par le virus du Nil occidental présentent généralement des symptômes semblables à ceux de la grippe et se rétablissent au bout d’une semaine, mais dans certains cas, la maladie peut être mortelle.
Le docteur Evgeni Katzman, expert en médecine interne et en maladies infectieuses à l’hôpital Ichilov, a indiqué à la Douzième chaîne que trois personnes étaient encore hospitalisées à l’hôpital en raison de la maladie, dont deux dans un état grave. Deux autres patients récemment hospitalisés ont également été testés positifs à la maladie.
« Il s’agit d’une épidémie, il est donc important d’alerter et de prévenir la population », a-t-il déclaré. « Depuis que je suis médecin, je n’ai jamais vu autant de patients arriver à intervalles aussi rapprochés et nécessitant une hospitalisation à cause de la maladie ».
Il a ajouté que l’hôpital ne voyait généralement qu’un seul cas par an, voire deux dans le pire des cas.
Le diagnostic se fait par des tests sérologiques et selon Katzman, si Ichilov a déjà reçu cinq patients, il pourrait y en avoir des « dizaines » d’autres qui n’ont pas été diagnostiqués.
Il n’existe pas de vaccin ni de médicament efficace contre la maladie, une situation que Katzman a qualifiée de « frustrante » pour les médecins.
Il a noté que la maladie est surtout dangereuse pour les personnes âgées et que les personnes plus jeunes parviennent à s’en sortir avec juste « de légères douleurs abdominales, de la diarrhée ou de la fièvre ».
Chez les personnes plus âgées, la maladie peut évoluer vers des symptômes plus graves, voire mortels.
L’un des patients, âgé de 77 ans était « en parfaite santé », il marchait cinq kilomètres tous les jours et n’est aujourd’hui « que l’ombre de lui-même » à cause de la maladie.
Un autre patient, âgé de 60 ans, souffre d’une double vision et de lésions cérébrales causées par la maladie, lesquelles ralentissent ses réactions et lui causent des problèmes d’équilibre.
Un troisième patient, âgé de 79 ans, prévoyait de voyager à l’étranger avec sa femme lorsqu’il s’est senti fiévreux. Il a ensuite ressenti une faiblesse dans les jambes au point de ne plus pouvoir se tenir debout, a expliqué Katzman. Des examens ont révélé que sa moelle épinière avait été endommagée.
« Il était complètement désorienté lorsqu’il est arrivé chez nous et, à un certain moment, nous ne parvenions même plus à le réveiller », a relaté Katzman.
Shiri, dont le père hospitalisé à Ichilov souffre de la maladie, a appelé les autorités à faire plus pour tenir la population informée.
« Ils sont au courant mais que font-ils pour lutter contre ? », a-t-elle déclaré au média Ynet, exhortant la municipalité de Tel Aviv à commencer les pulvérisations contre les moustiques.
Le ministère de l’Environnement, qui s’occupe des épidémies de fièvre en contrant la reproduction des moustiques, a indiqué dans un communiqué que malgré les informations faisant état de patients hospitalisés, « jusqu’à présent, aucun moustique infecté par la fièvre du Nil occidental n’a été capturé dans la région de Tel Aviv. »
La municipalité de Tel Aviv doit surveiller les moustiques et prendre des mesures pour remédier au danger, a déclaré le responsable de la lutte antiparasitaire du ministère, Shay Reicher, dans le communiqué, notant que la mairie avait répondu à l’appel en patrouillant dans les zones susceptibles d’abriter des moustiques infectés. Plusieurs zones où se trouvaient des eaux stagnantes contenant des larves de moustiques ont été asséchées.
« Pour l’instant, aucun autre patient atteint de la maladie n’a été signalé », a déclaré le ministère.
Pour sa part, le ministère de la Santé a indiqué dans un communiqué que « pour le moment, aucune incidence de morbidité inhabituelle causée par la fièvre du Nil occidental n’a été observée en Israël » et que la situation était suivie de près.
Le ministère a recommandé à la population d’utiliser des répulsifs contre les moustiques et de prendre d’autres mesures pour se protéger contre tout contact avec l’insecte.
Selon les chiffres du ministère de la Santé, de janvier à juin dernier, six cas de fièvre du Nil occidental ont été détectés en Israël. Au cours de la même période en 2022, il y en a eu deux, et en 2021, cinq. En 2018, une épidémie a provoqué des dizaines de cas.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.