Tel Aviv: Manifestation des internes des hôpitaux face à la surcharge de travail
Une chaîne de télévision a annoncé que le ministère de la Santé allait s'efforcer de réduire les gardes, mais les internes rejettent cette proposition jugée comme insuffisante

Des centaines d’internes des hôpitaux et leurs soutiens ont manifesté samedi soir à Tel Aviv dans le cadre d’une campagne visant à raccourcir les gardes, qui font aujourd’hui 26 heures, et ce deux jours après la démission de 2 600 étudiants en médecine qui faisaient leur internat en signe de mécontentement contre ce problème.
« On mérite de continuer à apprendre pendant notre internat », a confié un manifestant à la Douzième chaîne. « Il est impossible d’apprendre des choses quand on ne dort pas pendant dix gardes par mois, même pendant seulement huit », a-t-il ajouté.
Les internes protestent contre les gardes de 26 heures qu’ils sont dans l’obligation d’assumer et ont rejeté une proposition faite par le gouvernement de réduire les gardes en les faisant passer à 18 heures à l’horizon 2026 – mais exclusivement dans dix hôpitaux situés dans des secteurs périphériques.
La docteure Ray Bitton, présidente de l’organisation Mirsham qui regroupe des internes en médecine, a déclaré que le plan de réforme des gardes des internes en médecine qui a été proposé par le ministère de la Santé, mardi, était un leurre.
« On nous ment, on nous trompe. On nous avait promis un plan réel… Il n’y en a pas », a-t-elle commenté, affirmant que le plan du ministère ignorait 90 % des internes et qu’il était constitué « d’affirmations qui sonnent bien mais qui ne sont accompagnées d’aucun engagement ».
Selon la chaîne Kan, une tentative des responsables du ministère de convoquer les représentants du mouvement de protestation pendant le rassemblement a été rejetée. Les manifestants ont insisté qu’ils accepteraient de rencontrer uniquement le ministre de la Santé Nitzan Horowitz et personne d’autre.
Pour sa part, la Treizième chaîne a fait savoir que le ministère de la Santé allait présenter son plan annoncé visant à raccourcir la durée des gardes des internes – et malgré le rejet de la proposition par ces derniers.
מחאת המתמחים: המפגינים החלו בצעדה על רחוב אבן גבירול בתל אביב@Nov_reuveny @diklaaharon pic.twitter.com/NBeJg5C34q
— כאן חדשות (@kann_news) October 9, 2021
La Treizième chaîne a annoncé que le ministère allait œuvrer, aux côtés du ministère des Finances, à mettre en place un arrangement budgétaire pour financer le plan, espérant que cette promesse plus concrète aidera à convaincre les internes démissionnaires de revenir au travail.
Bitton avait expliqué à Kan, jeudi, « qu’il n’y a rien de précis. On nous présente un plan pour 2022 assorti de vagues promesses pour cinq ans, sans engagement en termes de budget, et nous devrons donc continuer à nous battre encore et encore, chaque année. Si nous voulons un changement réel, nous avons besoin d’une proposition sérieuse, bien ordonnée ».
De nombreux internes estiment que les promesses figurant dans le plan sont insuffisantes et ce indépendamment du fait que le gouvernement les tienne ou non.

La Treizième chaîne a annoncé que les responsables du ministère de la Santé allaient tenter de s’entretenir avec les représentants de la Mirsham de manière à ce qu’ils renoncent à leur démission avant la mise en vigueur de cette dernière.
2 590 étudiants en médecine en cours d’internat ont présenté jeudi leur démission qui devrait entrer en vigueur d’ici deux semaines.

Le gouvernement a promis qu’après la mise en œuvre du programme-pilote dans les dix hôpitaux de la périphérie du pays, le plan s’élargirait à tous – mais seulement si le budget nécessaire pouvait être débloqué et si une commission établie pour examiner le dossier devait constater que le niveau des soins assurés n’a pas changé.
« Ce plan marque le début d’une avancée qui sera à la fois importante et significative », a déclaré le directeur-général du ministère de la Santé, Nachman Ash, à Kan, jurant de faire appliquer une proposition qui réduirait la journée de travail à des gardes de 18 heures.

« Il faudra quelques années pour nous assurer que cette avancée sera une réussite. Malheureusement, les internes n’acceptent pas encore cela. Je comprends bien que les attentes sont fortes et je suis convaincu que nous allons nous rencontrer, plus tard, et que nous saurons trouver des accords », a-t-il ajouté.
Jusqu’à l’an 2000, les internes effectuaient des gardes de 36 heures et parfois encore davantage. Cette année-là, un accord avait été signé visant à réduire les gardes à 26 heures, avec une pause de deux heures.
En 2012, suite à des appels visant à raccourcir encore la durée des gardes, le gouvernement avait adapté le permis de travail des internes de manière à limiter les gardes – dorénavant au nombre de deux par semaine – en faisant en sorte qu’ils ne travaillent pas plus de 71,5 heures hebdomadaires.
Malgré les nouvelles règles, la majorité des hôpitaux ne les ont pas appliquées.
Selon un sondage réalisé en 2016 et publié par The Marker, 72 % des internes travaillent plus de 26 heures d’affilée au moins une fois par mois, 42 % ne dorment pas pendant leur garde et 27 % travaillent plus que 71,5 heures par semaine.