Tel Aviv : Quand les mythes vikings et la politique s’entremêlent
L'exposition "Valhalla" de Tomer Dekel, à la galerie Artport de Tel Aviv, joue avec les symboles anciens, la guerre et l'imagination des petits et des grands

Quatre balançoires s’élancent vers le haut plafond blanc de la galerie Artport de Tel Aviv, transformées par l’imagination du spectateur en navires vikings naviguant sur une mer agitée ou en grands destriers en mission mortelle.
Ce sont les créations de Tomer Dekel, l’un des six artistes qui ont passé les douze derniers mois en stage à Artport, un centre d’art contemporain situé dans le sud de Tel Aviv. L’installation de Dekel fait partie de Nonfinito 2022, l’exposition de fin d’année du programme de stages d’Artport, ouverte jusqu’au 26 novembre.
Dekel, et ses collègues Maayan Elyakim, Keren Gueller, Ana Wild, Nardeen Srouji et Lali Fruheling, ont passé la saison 2021-2022 dans l’un des studios d’Artport, une maison pour les artistes émergents qui les soutient dans les étapes cruciales de leur développement professionnel.
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Le centre d’art contemporain a été fondé il y a 11 ans par Jason Arison, président de la Ted Arison Family Foundation, et rassemble des artistes et des conservateurs d’Israël et de l’étranger pour des expositions, des conférences, des cours, des ateliers et le salon annuel du livre d’art, ainsi que pour des stages d’artistes.
Dekel, diplômé de l’Académie des arts et du design de Bezalel, travaille principalement avec des matériaux du paysage israéliens qu’il transforme en installations, créant des scènes qui stimulent l’imagination, en lien avec la mythologie, les émotions, la politique, et l’environnement, entre autres.
Il travaille souvent avec des objets trouvés, typiquement israéliens mais qui n’ont plus rien à voir avec le passé. Ils ont accompli leurs buts premiers sur cette Terre, mais ne sont pas encore considérées comme vintage.

Les balançoires à bascule hors d’usage moisissaient dans une décharge de Tel Aviv dans les années 1980, un endroit familier de l’enfance israélienne de Tomer Dekel.
« J’en suis tombé amoureux, et j’ai attendu le bon moment pour les incorporer dans mon travail », a expliqué Dekel.
Cette occasion s’est présentée lors de son stage à l’Artport, où il a modifié la forme des poutres en bois, équipées de poignées et de sièges en plastique, pour les transformer en « Valhalla », une halle de la mythologie nordique, où les guerriers tués boivent le lait d’une chèvre – considéré comme étant de l’hydromel – et où leur activité favorite consiste à se combattre chaque jour.
Il y a certainement une touche mythologique dans ces poutres, car Dekel a canalisé l’imagination d’un petit enfant dans la cour de récréation, chevauchant ses balançoires à bascule trouvées dans le soleil couchant, jouant au grand guerrier sur un destrier. Il a transformé un jeu de pédales jaunes en une paire d’ailes géantes et a façonné le dos incurvé d’une autre balançoire à bascule en une tête de cheval.
Selon Dekel, les enfants ne sont pas les seuls à transformer les équipements d’aires de jeux en figures mythologiques imaginaires. Les adolescents fréquentent également les aires de jeux, où ils peuvent enfreindre certaines règles dans leur quête d’une identité adulte. Les parents reviennent ensuite sur le terrain de jeu avec leurs propres enfants, jouant parfois eux-mêmes la comédie en promenant leur chien la nuit.
« Il s’agit d’une évolution », a-t-il déclaré.
Dans « Valhalla », Dekel scrute la réputation des Vikings, leur puissance et leur violence. Ils les compare aux terroristes contemporains, se demande si ce sont les Israéliens ou les Palestiniens qui sont les Vikings d’aujourd’hui, se demandant si les Palestiniens n’auraient pas, parfois, le droit de commettre certains actes terroristes.
« Nous pensons que les Vikings sont mauvais, mais en réalité, nous ne savons pas vraiment comment ils étaient », a déclaré Dekel.
« Nous pensons que si nous ne contrôlons pas quelque chose, cela deviendra barbare et menaçant », citant ensuite le législateur nationaliste d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, dont le succès aux élections du 1er novembre a suscité l’inquiétude des centristes et des gauchistes, pour illustrer son raisonnement.

Dans un symbole d’espoir, Dekel a transformé un jeu de guidons de balançoire rouge en un symbole de paix viking, et l’a posé sur le sol comme une ancre.
« On ne peut pas simplement mettre fin à une guerre », a déclaré Dekel. On ne peut pas simplement ériger un mur et dire ‘Finito, la paix est revenue’. « On doit passer par une compréhension plus profonde de l’identité de l’autre. »
Dans « Valhalla », Dekel a créé une histoire dans laquelle les spectateurs peuvent être mis face à ce qui peut être considéré comme mauvais ou irrationnel et trouver la faculté de s’interroger.
C’est un défi plein d’espoir.
L’exposition Nonfinito est ouverte au public du 9 septembre au 26 novembre, à l’Artport à Tel Aviv.
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