Israël en guerre - Jour 496

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La Cour ordonne à Tel Aviv d’autoriser des prières séparées par sexe pour Yom Kippour

Les juges critiquent les autorités municipales pour ce qu'ils considèrent comme une discrimination à l'encontre des fidèles orthodoxes et expriment leur frustration face au refus de Tel-Aviv de faire des compromis

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Le groupe orthodoxe Rosh Yehudi installe une cloison pour séparer les hommes et les femmes sur la place Dizengoff, malgré un arrêt de la Haute cour, pendant Yom Kippour le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)
Le groupe orthodoxe Rosh Yehudi installe une cloison pour séparer les hommes et les femmes sur la place Dizengoff, malgré un arrêt de la Haute cour, pendant Yom Kippour le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)

La Cour suprême a ordonné mercredi, à l’unanimité, à la municipalité de Tel Aviv d’autoriser l’organisation orthodoxe Rosh Yehudi à organiser les prières Kol Nidrei et Neilah, respectivement la première et la dernière prière de Yom Kippour dans le parc Meïr, avec une ségrégation sexuée et une cloison séparant les sections masculines et féminines, aux heures demandées par le groupe et dans une zone à définir par l’organisation.

La municipalité avait refusé d’autoriser un tel office en plein air dans la ville, invoquant une ordonnance municipale interdisant la séparation des sexes en public et bien que le tribunal lui ait demandé d’accepter un compromis.

A Yom Kippour dernier, la place Dizengoff a été le théâtre d’une violente lutte entre des militants laïques et un groupe de fidèles de Rosh Yehudi, lorsque l’organisation a défié l’interdiction de la municipalité d’organiser un service de prière avec séparation des sexes, décision confirmée par les tribunaux, en érigeant une barrière faite de drapeaux israéliens.

Rosh Yehudi a de nouveau demandé cette année un permis pour de tels offices sur la place Dizengoff, et lorsque la municipalité de Tel Aviv a refusé, et après que le tribunal de district de Tel Aviv a confirmé la décision, l’organisation a fait appel auprès de la Cour suprême.

Les trois juges avaient vivement critiqué la position de la municipalité de Tel Aviv lors de l’audience qui s’est tenue plus tôt dans la journée de mercredi, l’accusant de discrimination à l’égard des Juifs orthodoxes, puisqu’elle autorise les prières non-orthodoxes dans les espaces publics extérieurs. Les magistrats ont également été frustrés par le refus de la ville d’accepter le compromis suggéré par le tribunal de déplacer les prières au parc Park.

 

Le juge Yechiel Kasher a soutenu que la position de la municipalité était discriminatoire à l’égard des prières orthodoxes puisque la municipalité autorise les prières non orthodoxes et mixtes dans les espaces publics, a rapporté le site d’information Walla.

« Vous voulez que nous rendions une décision qui dise qu’il est permis de discriminer entre les orthodoxes et ceux qui ne le sont pas ? », a lancé Kasher.

« Il est permis de prier uniquement là où les orthodoxes ne peuvent pas être vus ? », a-t-il fulminé.

Son collègue Ofer Grosskopf s’est montré tout aussi critique.

« Je ne comprends pas, la municipalité ne peut pas autoriser la prière selon les pratiques traditionnelles dans un espace public ? » a demandé Grosskopf à l’avocat de la municipalité.

« Vous dites que dans un espace fermé comme une synagogue, la séparation des sexes est possible, mais qu’à l’extérieur, elle est interdite ? Que ceux qui veulent une prière orthodoxe y aillent, et ceux qui n’en veulent pas n’y aillent pas ! Pourquoi la municipalité doit-elle empêcher ce type de prière ? », a contesté Grosskopf

La décision elle-même a été rendue sans que le raisonnement qui la sous-tend ne soit expliqué, en raison des contraintes temporelles de l’affaire, qui survient quelques jours avant Yom Kippour, qui tombe ce vendredi soir et ce samedi.

L’arrêt a été salué par Rosh Yehudi, ainsi que par une série d’hommes politiques religieux, dont le chef du Shas, Aryeh Deri, le ministre des Affaires religieuses, Michael Malkieli, également du Shas, un critique virulent de la Cour suprême et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, ainsi que des membres de l’opposition.

Heurts entre militants orthodoxes et laïcs alors que le groupe Rosh Yehudi installe une cloison pour séparer les hommes et les femmes sur la place Dizengoff, malgré un arrêt de la Haute cour, pendant Yom Kippour, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)

« Tel Aviv fait partie de l’État juif, et ceux qui veulent prier avec une séparation des sexes et une cloison peuvent le faire également dans cet État », a déclaré Rosh Yehudi à l’annonce de la décision de justice.

Avant l’audience de mercredi, la municipalité de Tel Aviv-Jaffa avait déclaré qu’elle avait « précisé à chaque occasion » qu’elle interdisait toute séparation entre les sexes dans les espaces publics.

« Cette politique est appliquée de manière égalitaire à toutes les religions, qu’elles soient musulmanes ou juives. Par conséquent, les demandes d’organisation de cérémonies comportant une ségrégation entre les sexes sont rejetées ».

Avraham Poraz, membre du conseil municipal de Tel Aviv-Jaffa pour le parti des Verts laïques, a déclaré : « Toute cette histoire n’a rien à voir avec la prière ; il s’agit d’un acte de défi, d’une tentative d’occuper de force l’espace public de Tel Aviv », ajoutant qu’il « y a des centaines de synagogues à Tel Aviv où l’on peut pratiquer la séparation des sexes ».

Des députés de droite et religieux se sont félicités de l’arrêt de la Haute Cour de justice.

« La Haute Cour a eu raison d’annuler la décision insondable de la municipalité de Tel Aviv d’empêcher les Juifs de prier en public selon la tradition d’Israël le jour de Yom Kippour », a écrit sur les réseau social X le député et ministre Gideon Saar (Tikva Hadasha).

« Défendre cette chose simple et importante dans le seul pays juif du monde contre l’arbitraire d’une autorité gouvernementale n’est pas seulement la bonne décision judiciaire, à mon avis, c’est une sanctification du nom de Dieu. »

La décision de la Cour est la réponse « la plus logique, la plus juive et la plus démocratique », a déclaré le député Moshe Gafni du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah.

« Bien que la décision soit limitée à certaines prières et à une certaine année, je loue ce précédent qui est tout à fait rare au tribunal pour tout ce qui concerne les questions religieuses et le public religieux et ultra-orthodoxe. »

« Tel Aviv restera Tel Aviv » même après la décision, a déclaré le député de HaMahane HaMamlahti et ancien ministre des Affaires religieuses Matan Kahana, qualifiant la cohésion sociale en temps de guerre de « besoin existentiel ».

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a qualifié l’arrêt de « décision naturelle, correcte et la plus appropriée » et a déclaré que les juges « ont bien fait de remettre la municipalité de Tel Aviv à sa place ».

Suite à la décision de la Haute Cour, le chef de l’opposition Yair Lapid a lui appelé le « public libéral » à s’abstenir de donner aux organisateurs des offices « le conflit qu’ils souhaitent ».

« N’allez pas manifester, car c’est ce qu’ils recherchent. Il vaut mieux les ignorer », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous irons à des cérémonies communes d’un judaïsme tolérant et accueillant qui respecte la véritable tradition d’Israël. »

Le commentaire de Lapid contraste fortement avec celui du ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu, qui a tweeté que la décision représente « la victoire du traditionalisme sur le progressisme ».

« À ceux qui craignaient que la prière sur la place Dizengoff ne porte préjudice au « caractère de la ville », je dis qu’au contraire, elle l’enrichira. Tel Aviv n’est pas seulement une ville de fêtes, c’est aussi une ville de judaïsme et de lumière », a écrit Eliyahu.

Mati Wagner et Sam Sokol ont contribué à cet article.

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