Tout le monde peut devenir matinal, selon une étude israélienne des excréments
Les scientifiques ont constaté que les lève-tôt partagent le même modèle de bactéries intestinales. Ils espèrent le reproduire pour aider les "oiseaux de nuit" à devenir matinaux
Des scientifiques affirment que l’analyse des excréments des Israéliens leur a appris comment mettre fin aux pannes de réveil, et faire de chacun un lève-tôt.
Dans une étude évaluée par des pairs, ils ont identifié des schémas bactériens très différents dans les intestins des lève-tôt et des couche-tard, et affirment que cela ouvre la voie à des solutions permettant à chacun de trouver le rythme de sommeil souhaité.
Les scientifiques de Haïfa ont recruté des Israéliens pour participer à un programme de « caca par la poste », dans le cadre duquel ils devaient aller à la selle dans une boîte et l’envoyer par la poste à leur laboratoire.
Parcourant le courrier malodorant, ils ont examiné environ 90 échantillons et identifié différentes « signatures » dans les bactéries intestinales qui déterminent si nous sommes des couche-tôt ou des oiseaux de nuit. Ils ont constaté que les deux groupes présentent des niveaux élevés de bactéries alistipes ou lachnospiraceae, respectivement.
Certains travaux ont déjà suggéré un lien entre les bactéries intestinales et les tendances au sommeil, mais cette étude établit la corrélation la plus claire, a déclaré au Times of Israel le Dr Naama Geva-Zatorsky du Technion-Israel Institute of Technology, l’un des chercheurs.
L’équipe à l’origine de l’étude, issue du Technion et de l’Université de Haïfa et dirigée par le professeur Eran Tauber, a écrit dans un article récemment publié que ses résultats « pourraient représenter la première étape vers le développement d’interventions diététiques ».

« Cette recherche soulève la possibilité de changer nos tendances au sommeil en modifiant le microbiote, en utilisant des probiotiques, des molécules spéciales, ou en changeant de régime alimentaire. Cela pourrait devenir un moyen d’aider les couche-tôt ou les lève-tard à accorder leur corps pour modifier leurs habitudes de sommeil », a déclaré Geva-Zatorsky.
« Ce sont surtout les lève-tard, qui sont frustrés de ne pas pouvoir se lever le matin, qui changeraient leurs habitudes et cela pourrait potentiellement les aider. »

Elle a reconnu qu’il est possible que les différences de microbiote résultent des habitudes de sommeil et non l’inverse, et a déclaré que cela sera vérifié dans la prochaine étape de la recherche.
La recherche permettra également de mieux comprendre les liens entre l’alimentation et le microbiote.
À ce stade, les données suggèrent une corrélation entre les aliments gras et les tendances nocturnes, et une autre entre les régimes riches en fibres et les réveils précoces.
Toutefois, Mme Geva-Zatorsky a mis en garde contre la conclusion hâtive selon laquelle un changement de régime alimentaire modifierait les habitudes de sommeil.
Elle a noté que les noctambules ayant un taux élevé de lachnospiraceae ont tendance à manger plus d’aliments gras, tandis que les lève-tôt ayant un taux élevé d’alistipes ont tendance à manger moins gras et plus de fibres. Elle souligne toutefois qu’il est difficile de savoir si cela est à l’origine des caractéristiques du microbiote et/ou des habitudes de sommeil, ou s’il s’agit d’un effet secondaire d’un mode de vie nocturne et/ou du microbiote qui l’accompagne.
Une série d’expériences en cours sur des souris permettra de clarifier ces corrélations et permettra également aux scientifiques de voir exactement comment la modification du microbiote influe sur le sommeil. « Tout cela nous rapproche de la possibilité de modifier l’intérieur de l’intestin pour aider les gens à dormir et à se lever comme ils le souhaitent », a déclaré Mme Geva-Zatorsky.