Transfert de l’ambassade américaine : les Palestiniens appellent à protester vendredi
"Nous ne sommes pas en train d'encourager à la violence", a déclaré un responsable de l'AP
La direction palestinienne a appelé mardi à protester au cours de la grande prière musulmane du vendredi à travers tout le Moyen-Orient contre l’intention du président élu Donald Trump de déménager l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
M. Trump a promis pendant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et de déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Il romprait ainsi avec la politique historique des Etats-Unis qui est aussi celle de la très grande majorité de la communauté internationale.
De nombreuses mises en garde se sont élevées contre l’effet que pourrait avoir un tel transfert, le secrétaire d’Etat américain sortant John Kerry parlant du risque d’une « explosion absolue dans la région ».
La direction palestinienne basée à Ramallah a reçu des informations de sources diplomatiques selon lesquelles M. Trump pourrait appeler au déménagement au cours de son discours inaugural prévu le 20 janvier, a dit à la presse mardi Mohammed Shtayyeh, membre de cette direction.
« Nous croyons tous que déplacer l’ambassade à Jérusalem est un acte dangereux qui aurait de dangereuses conséquences sur la voie politique pour notre peuple, sur nos aspirations futures et pour les pays musulmans, arabes, chrétiens », a-t-il dit.
Le déménagement signifierait la « fin de la solution à deux Etats ». La création d’un Etat palestinien indépendant coexistant en paix avec Israël est la référence des grands plans de paix pour résoudre l’un des plus anciens conflits de la planète.
La direction palestinienne appelle à protester contre un déménagement à l’occasion de la prière du vendredi dans toute la région, a dit M. Shtayyeh.
« Nous ne sommes pas en train d’encourager à la violence », a-t-il dit, répondant à une accusation portée contre l’Autorité palestinienne par le gouvernement israélien, « appeler à la prière n’est pas un acte de violence ».
Le statut de Jérusalem est l’une des questions les plus épineuses d’un règlement du conflit israélo-palestinien. La question de Jérusalem touche par ailleurs à des sensibilités religieuses extrêmement vives.
Si l’ambassade américaine est transférée à Jérusalem, la direction palestinienne envisage la possibilité de revenir sur sa décision historique de reconnaître Israël, fondement en 1993 des accords de paix d’Oslo aujourd’hui très mal en point, a prévenu M. Shtayyeh.
Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, a accusé le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas d’avoir donné « des instructions directes » aux imams pour inciter à la haine.
Liberman a semblé faire référence à l’attentat commis dimanche par un Palestinien, qui a tué quatre soldats israéliens à Jérusalem avant d’être abattu : « Tout ce que nous avons vu ces derniers jours s’est produit sur les instructions directes données par Abou Mazen (autre nom de M. Abbas) aux imams d’encourager à la haine dans les mosquées », a-t-il dit en Cisjordanie.