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Analyse

Trois des avocats témoins pour destituer Trump sont juifs, et ça compte

L'identité des juristes donne lieu à des propos parfois explicitement antisémites de la part de figures de droite, autrefois marginalisées, mais de plus en plus dominantes

De gauche à droite : Noah Feldman, Pamela S. Karlan, Michael Gerhardt et Jonathan Turley prêtent serment lors d'une audition de la Commission judiciaire de la Chambre sur la destitution du président américain Donald Trump au Capitole à Washington, DC, le 4 décembre 2019. (Brendan Smialowski/AFP)
De gauche à droite : Noah Feldman, Pamela S. Karlan, Michael Gerhardt et Jonathan Turley prêtent serment lors d'une audition de la Commission judiciaire de la Chambre sur la destitution du président américain Donald Trump au Capitole à Washington, DC, le 4 décembre 2019. (Brendan Smialowski/AFP)

WASHINGTON (JTA) – Mercredi, la Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis a lancé des auditions de destitution quelques heures seulement après que la Commission du renseignement, présidée par le représentant Adam Schiff, (Démocrate de Californie), a conclu sa propre enquête de destitution.

Le rapport de 300 pages de la Commission du renseignement conclut que le président américain Donald Trump « a placé ses intérêts personnels et politiques au-dessus des intérêts nationaux des États-Unis » en demandant au président ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, – « l’acte d’un président qui se considérait comme non comptable et déterminé à utiliser ses larges pouvoirs officiels pour assurer sa réélection ».

Il appartient maintenant à la Commission judiciaire de décider s’il y a lieu de recommander des mesures de destitution. Et alors que les fonctionnaires qui ont comparu devant la commission de M. Schiff étaient des témoins qui ont décrit les événements entourant le scandale en Ukraine, le président de la Commission judiciaire, Jerry Nadler, représentant démocrate de New York, avait fait appel à trois témoins – tous des experts de la constitution – dont il espère qu’ils élaboreront une stratégie de destitution.

Les trois témoins sont juifs : Noah Feldman de Harvard, Pamela Karlan de Stanford et Michael Gerhardt de l’Université de Caroline du Nord. Il en va de même pour Schiff et Nadler, ainsi que pour l’avocat des démocrates qui a dirigé les 45 premières minutes des questions, Norm Eisen.

En quoi cela est-il important ?

Comme on pouvait s’y attendre, cela est important pour les antisémites.

Ann Coulter, une commentatrice et polémiste de droite, a tweeté, « Trop peu de diversité ethnique parmi les professeurs pour que je les prenne au sérieux ». Compte tenu de ses flirts passés avec l’antisémitisme, on pourrait conclure qu’elle ne reproche pas aux professeurs d’être juste des Blancs.

Jerrold Nadler, président de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants, interroge des juristes lors d’une audience sur les motifs constitutionnels de la destitution du président Donald Trump, au Capitole de Washington, le mercredi 4 décembre 2019. (AP Photo/J. Scott Applewhite)

TruNews, la chaîne YouTube d’un pasteur antisémite de Floride qui a inventé le terme « coup d’Etat juif » pour décrire le processus de destitution, s’est rendue sur Twitter pour accuser « Jerry Nadler, socialiste juif » et ses « trois témoins juifs » de « l’escalade du coup d’Etat juif ». TruNews nous a également informé que Jonathan Turley, un universitaire de l’Université George Washington et des témoins appelés par les Républicains qui ont déclaré que les preuves de la destitution ne tiennent pas la route, était un membre de l’Église catholique, apostolique et romaine.

Twitter a supprimé le tweet. Le PDG de l’Anti-Defamation League, Jonathan Greenblatt, en a fait une capture d’écran pour la postérité, appelant les plateformes de réseaux sociaux à prendre des mesures contre les messages manifestement antisémites.

Pourquoi ne pas ignorer l’antisémitisme flagrant ?

Parce que les extrémistes n’ont plus le statut de paria : TruNews a été accrédité pour les conférences de presse de la Maison Blanche. Trump a répondu à leurs questions (sur ses projets pour la paix israélo-palestinienne, entre autres) et son fils, Donald Jr, a accordé à TruNews une interview impromptue plus tôt cette année lors d’un meeting au Michigan. (La porte-parole de Trump Jr. a dit au Washington Post qu’il n’était pas au courant des orientations de TruNews à l’époque).

Ces points de vue se sont immiscés dans le discours dominant.

Pendant les audiences, Breitbart News, le site d’information qui soutient Trump, a publié un article intitulé « Norm Eisen, Democrat Impeachment Counsel, Linked to George Soros » [Norm Eisen, avocat démocrate chargé de la destitution, lié à George Soros]. Breitbart a indiqué que l’Open Society Foundation de Soros avait contribué au financement d’un organisme de veille éthique fondé par M. Eisen, Citizens for Responsibility and Ethics à Washington, à hauteur de 1,35 million de dollars en 2017. (Ce n’est pas un secret : c’est sur le site de l’Open Society.)

Mais l’histoire de Breitbart n’en explique pas la pertinence. Eisen ne prétend pas être non partisan ou non affilié d’un point de vue libéral ; il n’y a aucune présomption que l’argent de Soros parvient à la commission elle-même.

George Soros, fondateur et président de l’Open Society Foundations, lors de la cérémonie de remise du prix Joseph A. Schumpeter à Vienne, Autriche, le vendredi 21 juin 2019. (AP Photo/Ronald Zak)

Soros, le philanthrope milliardaire juif libéral, est sans cesse associé aux complots. Fiona Hill, une ancienne haute responsable du Conseil de sécurité nationale, a noté le mois dernier comment les théories du complot sans fondement liées à Soros ont assailli le scandale en Ukraine et les ont qualifiées d’antisémites.

Les républicains du panel ont tenté de dépeindre les trois spécialistes du côté démocrate comme des élitistes invétérés, un autre trope classique.

« Les démocrates ne comprennent toujours pas », a déclaré Kevin McCarthy, chef de la minorité sur Twitter. « Ils vont de l’avant avec la destitution basée sur les opinions des professeurs de droit libéral des universités Coastal. »

McCarthy, de Californie, a fréquenté une « université Coastal » (Bakersfield, Etat de Californie), et Turley, le spécialiste du Parti républicain, enseigne dans une autre, George Washington – mais peu importe.

Cela crée de la crainte chez les Juifs

J’ai reçu des messages d’éminents démocrates juifs au cours des auditions de mercredi qui se demandaient, avec une inquiétude non négligeable, si les juristes étaient effectivement juifs.

Cette inquiétude est une honte parce que les considérations sur la façon dont le fait d’être juif façonne le point de vue d’une personne ne devraient pas se préoccuper de ce que les antisémites en feront. Et il y a des histoires juives significatives derrière les décisions de ces témoins de devenir constitutionnalistes :

« J’ai grandi en Alabama, et j’ai grandi comme juif en Alabama dans les années 1960 », a raconté Gerhardt à C-Span l’année dernière, « et c’était une période de grande turbulence, et l’époque où le mouvement pour les droits civiques était en train de se développer, et tout se déroulait devant moi, et j’y ai prêté attention, et les événements des années 60 et du début des années 70 ont vraiment façonné mon intérêt pour les droits civiques, mais aussi mon intérêt pour le droit. »

Le président du House Intelligence Committee, Adam Schiff, (D-Calif.) prononce une dernière allocution lors d’une audience au cours de laquelle Fiona Hill, ancienne collaboratrice de la Maison-Blanche à la sécurité nationale, et David Holmes, diplomate américain en Ukraine, ont témoigné devant le House Intelligence Committee au Capitole à Washington, le jeudi 21 novembre 2019. (AP Photo/Susan Walsh)

Karlan, qui a prononcé le mot de la fin en 2006 lors de l’assemblée annuelle de la libérale American Constitution Society, s’est présentée comme l’une des « femmes juives, bisexuelles et sarcastiques qui veulent avoir la liberté de dire ce que nous pensons, de lire ce que nous voulons et d’aimer qui nous voulons », appelant les auditeurs à « s’emparer du patriotisme et de l’amour de notre pays », et à « arracher le terrain du patriotisme et de l’amour de notre pays » des riches, dorlotés, prodigues, moralisateurs, incurables, blancs, hétéros, fils des puissants. »

Feldman, qui a lancé en 2015 le programme Julis-Rabinowitz de Harvard en droit juif et israélien, a également participé à la rédaction de la constitution irakienne ; il est saisi par la question de savoir comment et si le droit religieux et civil peuvent coexister.

« Le droit juif et le droit israélien sont distincts et différents », a déclaré M. Feldman à l’époque du lancement du programme de Harvard, « mais ils interagissent et se revendiquent aussi l’un l’autre ».

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