Trump doit son inéligibilité dans le Maine a une ex-chef d’un centre de la Shoah
La sénatrice Shenna Bellow s'est appuyée sur la clause d'insurrection du 14e amendement pour empêcher l'ex-président de figurer sur le bulletin de vote des primaires du Maine
JTA – Lorsque Shenna Bellows a été nommée secrétaire d’État du Maine en 2020, elle a expliqué que son précédent emploi dans un centre d’éducation sur la Shoah la rendait particulièrement qualifiée pour ce rôle.
Bellows, l’ancienne directrice exécutive du Centre de la Shoah et des droits de l’Homme -HHRC du Maine, a tweeté que son travail avec les survivants de la Shoah lui a « beaucoup appris sur la fragilité et la préciosité de la démocratie et sur l’importance de documenter et de préserver notre histoire pour la partager avec les générations futures ».
Bellows a maintenant rendu ce qui pourrait être l’une des décisions les plus importantes de son État depuis des années : l’ancien président américain Donald Trump ne pourra pas figurer sur le bulletin de vote des primaires du Maine, car ses actions du 6 janvier 2021 ont violé le 14e amendement de la Constitution américaine.
Contrairement au Michigan et au Colorado, où les décisions sur l’éligibilité de Trump au scrutin ont été récemment prises par les Cours suprêmes de ces États, celle du Maine a été prise uniquement par Bellows – ce qui la place, et peut-être son expérience en tant qu’éducatrice de la Shoah, sous les feux de la rampe politique pour 2024.
Dans sa décision, Bellows a fait écho à ses propres mots sur son travail au centre Shoah : elle est avant tout attachée à la protection de la démocratie.
« Je ne suis pas arrivée à cette conclusion à la légère. La démocratie est sacrée », a-t-elle écrit dans sa décision de jeudi déclarant Trump inéligible.
Cependant, elle a ajouté que « le poids des preuves montre clairement que M. Trump était conscient de la poudrière [qu’il avait créé] par ses actions entreprises pendant plusieurs mois pour délégitimer une élection démocratique, et qu’il a ensuite choisi de craquer l’allumette ».
La décision de Bellows a suscité la fureur de Trump et de ses partisans. Peu avant qu’elle ne rende sa décision, l’équipe juridique de Trump avait demandé qu’elle se récuse, affirmant qu’elle était partiale parce qu’elle avait déjà déterminé que les événements du 6 janvier constituaient une insurrection. Après le prononcé de la décision, un collaborateur de Trump a qualifié Bellows de « gauchiste virulente », tandis que Trump lui-même, sur sa plateforme Truth Social, a partagé un lien vers le site web de la secrétaire d’État du Maine.
Les tentatives pour joindre le centre pour un commentaire ont été retournées avec un message automatique indiquant qu’il était fermé pour congés.
Démocrate ayant effectué deux mandats au Sénat en tant que représentante du Maine, Bellows a été directrice du centre de la Shoah du Maine de 2018 à 2020, en même temps que son deuxième mandat à la législature. Elle avait quitté son poste après que l’assemblée législative de l’État l’a nommée première femme secrétaire d’État du Maine. (Contrairement à d’autres États où le poste est élu par les électeurs, celui du Maine est nommé par les législateurs).
Par sa décision contre Trump, le Maine est devenu le deuxième État, après le Colorado, à déclarer l’ancien président inéligible pour son scrutin primaire sur la base de la clause d’insurrection. Cette décision ouvre la voie à une bataille juridique très importante qui se déroulera probablement bientôt devant la plus haute juridiction du pays. L’équipe de Trump a fait appel de la décision du Colorado devant la Cour suprême, et Bellows a déclaré qu’elle était consciente que cet arrêt pourrait rapidement invalider le sien.
La Cour suprême du Michigan a également statué séparément que Trump pouvait rester sur le bulletin de vote de la primaire de leur État, mais que la possibilité de le retirer du scrutin de l’élection générale restait envisageable.
Bellows avait auparavant dirigé la section de l’Union américaine pour les libertés civiles de l’État et fondé une société de conseil pour les organisations à but non lucratif. Elle était candidate démocrate au Sénat américain en 2014 contre la populaire républicaine Susan Collins et n’avait obtenu que 31 % des voix dans l’État.
Fondé en 1985 par Gerda Haas, survivante de la Shoah, le HHRC du Maine est situé sur le campus de l’Université du Maine, à Augusta, la capitale de l’État. Bellows en avait quitté la direction en 2020. Le centre se concentre sur l’éducation, en proposant des cours aux écoles de l’État et en programmant des conférenciers invités. Une prochaine « conversation sur l’antisémitisme », qui se tiendra en janvier, est annoncée comme se concentrant sur « l’antisémitisme et la haine que nous constatons à la suite des attaques du [groupe terroriste palestinien du] Hamas en Israël le 7 octobre et de la guerre à Gaza », tout en précisant que « nous ne parlerons pas de la guerre actuelle ou du conflit israélo-palestinien en général ».
Le 7 octobre, des milliers de terroristes du Hamas se sont déchaînés sur les localités frontalières de Gaza, faisant quelque 1 200 morts – pour la plupart des civils – et emmenant 240 otages à Gaza. 129 otages resteraient à Gaza – dont certains ne sont plus en vie – après que 105 civils ont été libérés des geôles du Hamas lors d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre. La guerre contre le Hamas a réveillé un antisémitisme latent dans le monde entier.
Lorsque Bellows a été nommée secrétaire d’État, les responsables du centre ont célébré son mandat.
« Le HHRC a prospéré sous la direction de Shenna, en particulier dans les domaines du développement du conseil d’administration et de la rédaction de demandes de subventions », a souligné David Greenham, directeur associé, dans un communiqué de presse.
Nancy Spiegel, membre du conseil d’administration, a ajouté que « ses compétences en matière d’organisation et de gestion financière nous ont permis de faire face aux incertitudes de l’année écoulée. Elle va me manquer, mais je sais qu’elle sera une secrétaire d’État forte et compétente pour le Maine ».
Même après avoir quitté le centre, Bellows a continué à défendre l’enseignement de la Shoah et les questions juives sur les réseaux sociaux, et elle a partagé une histoire récente sur les otages israéliens enlevés lors des attaques du Hamas du 7 octobre.