Trump sûr que l’Egypte et la Jordanie recevront des Gazaouis déplacés
"Nous faisons beaucoup pour eux et ils vont le faire", a dit le président républicain ; Selon Witkoff, la reconstruction de Gaza pourrait prendre 10 à 15 ans

« Ils le feront », a assuré Donald Trump jeudi à propos de l’accueil par la Jordanie et l’Egypte de Palestiniens déplacés, même si ces deux pays rejettent ce transfert évoqué par le président américain.
« Nous faisons beaucoup pour eux et ils vont le faire », a encore dit le président républicain à la Maison Blanche à un journaliste qui lui demandait comment il pouvait amener Amman et Le Caire à changer de position.
Il n’a pas donné plus de précisions.
Le chef de l’Etat égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi Abdallah II de Jordanie ont catégoriquement rejeté mercredi l’idée avancée par Donald Trump de transférer dans leurs pays les Palestiniens de Gaza.
« La déportation et le déplacement des Palestiniens de leur terre est une injustice à laquelle nous ne prendrons pas part », a déclaré le premier.
Le second a souligné dans un communiqué « la position ferme de la Jordanie sur la nécessité de maintenir les Palestiniens sur leurs terres et de leur permettre d’obtenir leurs droits légitimes, conformément à la solution à deux États ».
Alors que la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, le président américain avait avancé samedi l’idée de les envoyer en Jordanie et en Egypte afin, selon lui, de « faire le ménage » dans le territoire palestinien.
Lundi, Donald Trump avait réaffirmé que les Gazaouis « pourraient vivre dans des zones beaucoup plus sûres et peut-être beaucoup plus confortables ».Trump a déclaré plus tôt cette semaine que la question ferait l’objet d’une discussion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu lorsqu’il se rendra à Washington la semaine prochaine.
L’envoyé de Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui a passé la semaine dernière en voyage diplomatique dans la région, et s’est notamment Gaza lors de son voyage en Israël, a déclaré jeudi à Axios qu’il ne restait « presque rien » de la bande de Gaza et que la reconstruction de l’enclave ravagée par la guerre pourrait prendre de 10 à 15 ans.

« Les gens se déplacent vers le nord pour rentrer chez eux, voir ce qui s’est passé et repartir… Il n’y a plus d’eau ni d’électricité. L’ampleur des dégâts est stupéfiante », a déclaré Witkoff au site d’information américain après avoir visité Gaza.
Witkoff a également déclaré à Axios qu’il n’avait pas discuté avec Trump de l’idée de déplacer les Palestiniens de Gaza.
Une évaluation des dommages réalisée par l’ONU et publiée ce mois-ci a montré que le déblaiement de plus de 50 millions de tonnes de décombres laissés par la campagne israélienne pourrait prendre 21 ans et coûter jusqu’à 1,2 milliard de dollars.
« Il y a eu cette impression que nous pouvions parvenir à un plan solide pour Gaza en cinq ans, mais c’est impossible. Il s’agit d’un plan de reconstruction sur 10 à 15 ans », a déclaré Witkoff.

« Il n’y a plus rien debout. Il y a beaucoup d’engins non explosés. Il n’est pas prudent de s’y promener. C’est très dangereux. Je ne l’aurais pas su sans me rendre sur place et sans inspecter les lieux », a-t-il ajouté.
On pense que les débris sont contaminés par de l’amiante, certains camps de réfugiés détruits pendant la guerre ayant été construits avec ce matériau. Les décombres sont également susceptibles de contenir des restes humains. Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, estime que 10 000 corps manquent sous les décombres.
Une approche d’homme d’affaires
Saluant le rôle de Witkoff dans les négociations sur les otages, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré jeudi au micro de l’animatrice Megyn Kelly que Trump avait « adopté l’approche d’un homme d’affaires face à un défi de politique étrangère très délicat et difficile à relever, et qu’il avait obtenu un cessez-le-feu qui, de toute évidence, comporte des difficultés ténues et à long terme, mais des otages sont libérés chaque jour. Cela ne s’est pas produit pendant plus d’un an et demi ».
Rubio a ajouté que Witkoff « a apporté le même type d’approche commerciale à certains de ces défis ».

Plus tard dans l’interview, il a été demandé à Rubio s’il pensait que les citoyens américains dont la libération est prévue dans la première phase de l’accord sur les otages seraient effectivement libérés, et ce que les États-Unis feraient si ce n’était pas le cas.
« Je m’attends à ce que les otages soient libérés, car c’est l’accord qui a été conclu », a-t-il déclaré. « Le problème fondamental reste le suivant : tant qu’il y aura une entité comme le Hamas, dont le but explicite est la destruction de l’État juif, qui est prête à commettre des atrocités horribles contre des civils, contre des adolescentes à un concert et à faire ce qu’ils ont fait, à prendre des otages pendant un an et demi – des bébés et des personnes âgées – et à commettre des meurtres, et tout ce qu’ils ont fait, c’est une menace pour la sécurité nationale d’Israël ».
« Quel pays au monde peut vivre aux côtés d’un ennemi armé, capable et désireux de commettre d’horribles atrocités ? C’est impossible. Je pense donc que le cessez-le-feu est important parce qu’il a mis fin à la destruction et a permis de libérer certains otages – à un coût extraordinaire », a poursuivi Rubio, en faisant référence à la libération des prisonniers palestiniens.
« Pensez à quel point cet échange est injuste, mais cela vous montre à quel point nous attachons de l’importance à la vie par rapport à la façon dont l’autre camp, les animaux du Hamas, voit les choses », a-t-il ajouté.
« Le véritable défi se posera à l’expiration de la période de cessez-le-feu. Qui va gouverner Gaza ? Qui va reconstruire Gaza ? Qui sera responsable de Gaza ? Car si les responsables de Gaza sont les mêmes que ceux qui ont créé le 7 octobre, nous aurons toujours le même problème », a déclaré Rubio, faisant référence à l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait quelque 1 200 morts et 251 otages, et donné le coup d’envoi à la guerre dans la bande de Gaza.
Rubio a également déclaré que les événements au Moyen-Orient, tels que le renforcement du gouvernement libanais, la chute de Bachar el-Assad en Syrie et l’affaiblissement du Hezbollah et de l’Iran, ouvrent la porte « à des choses telles qu’un accord entre l’Arabie saoudite et Israël, qui changerait la dynamique de la région ».