Israël en guerre - Jour 339

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Tsahal agit dans le sud pour détourner les jeunes Bédouins de la criminalité

Dans le cadre de l'opération "Bouclier du Néguev", l'armée intensifie ses efforts contre la contrebande et la culture de drogues, et envoie des officiers dans les écoles locales

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats se tenant à côté de drogues saisies lors d'une tentative de contrebande à la frontière égyptienne, le 25 mai 2022. (Crédit : Armée israélienne)
Des soldats se tenant à côté de drogues saisies lors d'une tentative de contrebande à la frontière égyptienne, le 25 mai 2022. (Crédit : Armée israélienne)

Dans un effort visant à réprimer l’activité criminelle galopante dans le sud d’Israël, l’armée avait lancé il y a un an une initiative visant à déjouer les tentatives quasi-quotidiennes de contrebande de drogue dans la région, et à se rapprocher des communautés bédouines locales qui semblent souffrir le plus de l’anarchie régnante.

L’opération, baptisée « Bouclier du Néguev », achève donc sa première année et a débouché sur des succès majeurs, a déclaré à la presse le commandant de la 80e division, le général de brigade Itzik Cohen.

Selon Tsahal, l’opération a deux objectifs principaux : enrayer le crime organisé et aider les communautés bédouines à s’intégrer dans la société grâce à des programmes éducatifs qui détournent les jeunes des activités criminelles.

Chaque semaine, des soldats de Tsahal se rendent dans les écoles de diverses communautés bédouines pour enseigner l’hébreu aux enfants, les aider à se familiariser avec le pays et aborder d’autres sujets afin de les aider à mieux s’intégrer dans la société israélienne.

Les communautés arabes d’Israël ont connu une recrudescence de la violence ces dernières années, principalement, mais pas exclusivement, à cause du crime organisé.

Dans le sud, les responsables locaux et les habitants se plaignent depuis très longtemps de la criminalité, dont une grande partie provient, selon eux, des communautés bédouines. Les médias israéliens ont diffusé à maintes reprises des images de conduite effrénée, notamment des courses de voitures et des cascades sur la route, ainsi que des incidents liés à des coups de feu dans le sud.

Illustration : Un Bédouin brandissant une arme à feu depuis une voiture en mouvement près de Beer Sheva, dans le sud d’Israël, en 2018. (Crédit : Twitter)

Les dirigeants et les membres de la communauté blâment la police, qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et ignore largement la violence, qui comprend des querelles familiales, des guerres de territoire mafieuses et des violences contre les femmes.

De nombreux passants dans les villes bédouines ont également été blessés.

Les responsables gouvernementaux et les experts de la société civile affirment que la violence dans la communauté arabe est le fruit de décennies de négligence de l’État.

Plus de la moitié des Arabes israéliens vivent sous le seuil de pauvreté. Leurs villes disposent souvent d’infrastructures en ruine, des services publics médiocres et peu de perspectives d’emploi, ce qui pousse certains jeunes à collaborer avec le crime organisé.

C’est là qu’intervient la deuxième partie de l’opération – baptisée « La voie du Néguev » -, selon l’armée.

Des officiers de Tsahal rencontrant des responsables bédouins dans une école du conseil régional d’Al-Kasom, en novembre 2021. (Crédit : Armée israélienne)

Les soldats et les officiers qui donnent des cours dans le Néguev sont stationnés dans la région pour d’autres raisons qui les mettent en contact régulier avec la communauté bédouine.

Certains de ces officiers sont eux-mêmes des Bédouins, la plupart faisant partie de l’unité dite des traqueurs, qui fait partie du Corps de défense des frontières du Commandement du Sud de Tsahal.

La communauté bédouine a généralement un pourcentage bien plus faible de diplômés de l’enseignement secondaire – environ 53 % en 2017 – par rapport aux 63 % de la communauté arabe générale, ce qui est bien inférieur aux 70 % de la communauté juive, selon les données gouvernementales.

L’armée dit considérer le programme éducatif, qui est mené en coopération avec les autorités locales et les dirigeants communautaires, comme l’aspect le plus important de l’opération, en partie parce qu’il est considéré comme un moyen d’encourager les jeunes Bédouins, qui ne rejoignent généralement pas l’armée, à s’engager.

Cohen a déclaré que le programme « permet de renforcer la relation entre Tsahal et la société bédouine dans la région, et d’accroître la connexion entre les populations de la région ».

Illustration : Un village bédouin situé dans le Néguev, le 10 février 2013. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

En ce qui concerne la lutte contre la criminalité, Tsahal dit avoir intensifié ses opérations le long de la frontière égyptienne, saisissant des centaines de kilogrammes de drogues introduites en contrebande dans le pays, d’une valeur de plusieurs millions de shekels.

Israël explique que le mode opératoire des contrebandiers égyptiens consiste à jeter les marchandises de contrebande de l’autre côté de la frontière, à des Israéliens qui revendent la drogue en Israël. Le trafic porte principalement sur de la marijuana ou du haschich issus de cultures de la péninsule du Sinaï. Il arrive néanmoins que des drogues plus dures comme la cocaïne et l’héroïne soient également introduites en contrebande.

L’armée affirme qu’au cours de l’année écoulée, près de 450 tentatives de contrebande ont été « interrompues » par l’armée – ce qui signifie que des soldats ont été dépêchés sur les lieux et ont fait reculer les contrebandiers ; et 60 autres ont été entièrement déjouées, les drogues, et parfois les suspects, ayant été capturés et remis à la police.

L’armée estime que quelque 125 tentatives de contrebande à la frontière égyptienne ont été couronnées de succès cette année.

En comparaison, l’année dernière, l’armée a perturbé 180 et déjoué 60 tentatives de contrebande, mais plus de 200 avaient réussi.

Selon Tsahal, la valeur des quelque 3 000 kilogrammes de drogue saisis à la frontière cette année est d’environ 135 millions de shekels.

L’armée estime que perturber les tentatives de contrebande n’est pas moins efficace que de les déjouer complètement.

Bien que l’armée soit habilitée à lutter contre la contrebande le long de la frontière israélo-égyptienne, elle fait en sorte d’éviter la confrontation directe avec les trafiquants de drogue israéliens qu’elle laisse à la police. Pourtant, plusieurs affrontements meurtriers entre soldats israéliens et trafiquants de drogue ont eu lieu l’année dernière.

Les autorités israéliennes brûlant des feuilles de marijuana trouvées en train de pousser dans une zone d’entraînement militaire dans le désert du Néguev, en juillet 2022. (Crédit : Armée israélienne)

Alors que Tsahal a intensifié ses efforts à la frontière ces dernières années, les criminels du sud d’Israël se sont également tournés vers la culture de la marijuana dans les zones d’entraînement militaire du désert du Néguev. Si ces tentatives ne sont pas nouvelles, les responsables de Tsahal disent les avoir vues se démultiplier. Les vastes espaces ouverts sont, pour la plupart, non surveillés par les forces de sécurité.

Tsahal, ainsi que la police et l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA), localisent et détruisent chaque semaine des dizaines de serres de culture de marijuana improvisées sur les terrains d’entraînement de l’armée.

Des dizaines de milliers de plants de marijuana ont été détruits par les autorités au cours de l’année écoulée, et le préjudice subi par les organisations criminelles est estimé à plusieurs millions de shekels.

Entre-temps, les défenses ont été renforcées et les efforts de renseignement intensifiés pour protéger les bases militaires du sud contre les effractions.

Les armureries de Tsahal sont fréquemment cambriolées, en particulier dans le sud d’Israël. Le mois dernier, quelque 30 000 balles ont été volées dans une base située au nord-ouest de Beer Sheva.

On craint que les armes et les munitions volées ne soient principalement utilisées par des gangs criminels au sein de la communauté arabe, ainsi que par des terroristes.

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