Tsahal demande l’historique professionnel des hommes haredim pour affiner la conscription
L'armée pourrait appeler en priorité les étudiants qui jouissent d'exemptions de service militaire mais qui travaillent au lieu d'étudier dans une yeshiva
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

L’armée israélienne a demandé à l’Institut national d’assurance, l’agence de sécurité sociale d’Israël, de lui fournir l’historique d’emploi des jeunes hommes ultra-orthodoxes éligibles au service militaire.
Cette demande, évoquée pour la première fois par le journal Calcalist ce mercredi, pourrait servir à identifier les jeunes hommes haredim qui, au lieu d’étudier dans une yeshiva, ce qui leur permet de bénéficier d’une exemption de service militaire, travaillent et perçoivent un salaire.
Le porte-parole de l’Institut national d’assurance a confirmé jeudi au Times of Israel que l’armée israélienne lui avait effectivement demandé l’historique professionnel d’hommes haredim susceptibles d’être appelés sous les drapeaux.
Dans le sillage de la récente décision de la Cour Suprême selon laquelle l’armée israélienne doit conscrire des étudiants haredim dans ses rangs, il semble que l’armée entende appeler en priorité sous les drapeaux les hommes qui n’étudient pas réellement dans une yeshiva, ce que récusent les dirigeants rabbiniques de la communauté ultra-orthodoxe.
Il est illégal pour les étudiants de yeshiva de bénéficier d’une exemption pour le service militaire et de travailler simultanément, mais services publics et ministères chargés du service militaire et de l’emploi ne semblent pas coordonnés pour surveiller et faire appliquer la loi.
Le mois dernier, la Cour Suprême a jugé qu’il n’existait plus de cadre juridique permettant à l’État d’exempter de service militaire les étudiants haredim des yeshivot et la procureure générale a donné instruction au gouvernement d’entamer immédiatement le processus de conscription de 4 800 haredim.
L’armée est confrontée à un problème : comment choisir les hommes à appeler sous les drapeaux parmi les 63 000 étudiants ultra-orthodoxes de yeshiva ?

Il va sans dire que les dirigeants religieux et politiques haredim s’opposeraient farouchement à la conscription des étudiants de yeshiva réellement assidus dans l’étude religieuse, mais ils pourraient également le faire s’agissant d’hommes plus en marge de la communauté.
Il serait logique de conscrire les hommes qui contournent le système, et qui sont, de ce fait, passibles de la conscription aux yeux de la loi, et ce, avant même la récente décision de la Cour. Les dirigeants haredim pourraient avoir des difficultés à légitimer des manifestations de masse contre la conscription de tels profils.
Pourraient également être appelés prioritairement sous les drapeaux les étudiants de ce que l’on qualifie de « yeshivot de décrochage », des institutions créées pour garder dans un cadre haredi les hommes peu enclins à étudier à plein temps et les empêcher de quitter la communauté.
Selon l’information du Calcalist, c’est en mai que l’armée aurait demandé l’historique d’emploi des jeunes hommes ultra-orthodoxes susceptibles d’être conscrits. À ce jour, elle n’aurait pas encore reçu les informations demandés.
Cela pourrait expliquer le retard pris par l’armée, même depuis la décision de la Cour Suprême, pour émettre un ordre de conscription à certains des 63 000 hommes haredim éligibles.
L’armée israélienne dispose du numéro d’identification de tous les hommes éligibles, haredim compris, et l’Institut national d’assurance dispose, pour sa part, de l’historique d’emploi de chaque citoyen, de sorte que l’armée devrait assez facilement obtenir les informations dont elle a besoin.