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Tsahal stoppe les dons d’équipements aux soldats – même de la part des parents

Si l'armée déclare que les dons "vont à l'encontre des valeurs de Tsahal", l'ONG "Unit 11741" a fait savoir qu'elle offrira une aide juridique aux soldats poursuivis

Illustration : Un réserviste de l'armée israélienne préparant l'équipement avant un exercice, sur une photo diffusée le 24 avril 2024. (Crédit : Armée israélienne)
Illustration : Un réserviste de l'armée israélienne préparant l'équipement avant un exercice, sur une photo diffusée le 24 avril 2024. (Crédit : Armée israélienne)

JTA — Depuis presque un an, les Juifs américains ont fait de nombreux dons à Israël à destination des soldats qui combattent à Gaza, alors même que Tsahal a indiqué que de tels approvisionnements n’étaient pas nécessaires.

Aujourd’hui, l’armée israélienne a annoncé qu’elle réprimerait dorénavant cet afflux de dons non-autorisés – se préparant ainsi à une confrontation potentielle avec certains de ses donateurs les plus généreux.

Tamir Yadai, le général à la tête des forces terrestres, a ainsi donné pour instruction « d’appliquer la loi de la manière la plus stricte et de sanctionner au maximum » les éventuels contrevenants pour lutter au mieux contre ces dons, selon une note interne qui a été rendue publique lundi.

Les conséquences concerneront tout le monde, même si les dons proviennent des parents des militaires, affirme la note qui a circulé sur les réseaux militaires israéliens et que la JTA est parvenue à se procurer.

« Le phénomène qui a fait son apparition pendant l’Opération épées de fer est inacceptable et il va à l’encontre des valeurs de l’armée israélienne », a indiqué la note en utilisant le nom donné officiellement à cette guerre par Israël.

La note a expliqué que les règles encadrant les dons d’équipements avaient pour objectif de protéger les soldats en faisant en sorte qu’ils n’aillent pas sur le front avec des casques ou avec des gilets pare-balle ne correspondant pas aux normes qui sont celles de Tsahal.

Le commandant de la division Judée et Samarie de l’époque, Tamir Yadai, lors d’une interview, le 6 janvier 2014. (Yossi Zeliger/Flash90)

Pour leur part, les organisations à but non-lucratif déclarent qu’elles œuvrent à garantir que leurs dons sont de la meilleure qualité possible, leur faisant subir des tests balistiques et que les matériels livrés répondent aux exigences tactiques des soldats. Elles indiquent toutes que le vrai danger, pour les soldats, provient des équipements inférieurs aux normes qui sont fournis par l’armée elle-même. Elles soulignent l’exemple de combattants envoyés sur le terrain à Gaza avec des casques datant des années 1970.

Défiant le commandement militaire, le groupe Unit 11741, une initiative américaine qui s’est donnée pour objectif d’approvisionner les soldats en casques et autres matériels indispensables, a promis de couvrir les dépenses juridiques des soldats qui pourraient être arrêtés dans le cadre de cette opération de répression. Aucun militaire n’a été appréhendé pour le moment, semble-t-il.

« Ne vous inquiétez pas, votre vie est plus importante que tout ce que pourra faire le général Yadai en mettant la police à vos trousses », a commenté Daniel Mael, le chef de l’ONG Unit 11741, dans une vidéo où il a réagi à cette opération. « Nous vous soutiendrons. Nous vous aiderons à
100 %. »

Cette volonté de répression – et la réponse qui y est apportée – reflète un gouffre qui ne cesse de se creuser entre l’armée et les donateurs américains qui cherchent à soutenir les troupes. Tsahal a fait savoir, pendant toute la guerre contre le Hamas, que les informations portant sur des pénuries de matériel sont fausses malgré les demandes massives qui ont directement émané des commandants, sur le terrain. Mais les donateurs – un grand nombre d’entre eux sont aux États-Unis – indiquent que le positionnement officiel de l’armée sape les efforts livrés pour garantir que les soldats seront en sécurité.

Des clivages qui ont entraîné de plus en plus des activités illégales du côté des donateurs qui disent vouloir, avant tout, s’assurer que les soldats – notamment certains de leurs proches – ont tout ce dont ils ont besoin pour se battre de manière efficace et sûre contre le Hamas à Gaza et contre le Hezbollah, de l’autre côté de la frontière avec le Liban, au nord de l’État juif.

Au début du mois, des bénévoles ayant fait parvenir des équipements militaires aux soldats israéliens à hauteur de millions de dollars ont organisé en toute urgence une réunion sur Zoom, pour évoquer la manière dont les bureaucrates du gouvernement israélien entravent leur travail – et, pensent-ils, aident ainsi à contribuer aux pénuries de gilets pare-balle, de lunettes de vision nocturne ou autres matériels dans les différentes zones de conflit.

Un participant a expliqué avoir entrepris « une opération de trafic » pour permettre à des lunettes de tir de franchir la douane et d’entrer en Israël.

« Nous n’utilisons pas ce mot-là », a dit un participant. « Nous appelons cela ‘soutien logistique technique’. »

En réalité, de nombreux bénévoles font régulièrement référence à leurs activités en évoquant un trafic. Ils blâment la paperasse à remplir dans les ports israéliens lorsqu’ils prennent le risque parfois de faire entrer les équipements sans les déclarer dans le pays, ou lorsqu’ils déclarent de manière mensongère, dans les formulaires, que les équipements concernés sont destinés à un usage civil quand ils sont en réalité destinés aux soldats.

Jonathan Greenwald, directeur-général d’une société de capital-investissement à Miami, confie à la JTA que lui et son réseau de donateurs ont fait entrer en toute clandestinité des centaines de petits drones en Israël.

« La majorité de ce que nous envoyons transite par un passager, dans ses bagages », déclare Greenwald. « Nous ne pouvons pas envoyer ces équipements par cargo parce qu’ils devraient franchir les douanes traditionnelles et qu’il est probable que tout serait confisqué. Nous ne déclarons pas ce qui passe – c’est ce qui en fait un trafic ».

Greenwald et d’autres qui continuent à faire des dons, qu’ils soient acheminés de manière clandestine ou non – disent qu’ils assurent la sécurité et la sûreté des militaires en contrôlant les demandes qu’ils reçoivent, en réexaminant directement les spécifications techniques avec les agents chargés de la logistique, voire avec des experts et en gardant un œil attentif sur la chaîne de transport des matériels reçus alors qu’ils partent des aéroports américains pour rejoindre les bases militaires israéliennes.

Aujourd’hui, le gouvernement israélien complique le don légal des équipements aux soldats. Même avant la note transmise par Yadai, presque rien n’était autorisé à entrer, selon plusieurs ONG, et les informations portant sur des sacs de dons saisis ont été nombreuses. Même lorsque le matériel parvient à traverser la douane avec les autorisations du ministère de l’Économie et des autres bureaux du gouvernement concernés, les responsables font parfois appliquer une taxe sur la valeur ajoutée de 17% qui est pourtant censée ne pas concerner les dons, selon Adi Vaxman, le chef d’Operation Israel ou Marc Brodner de l’Israel Chesed Center, deux ONGs.

Il n’est pas inhabituel, pour les ONG, d’assumer un rôle plus important s’agissant de soutenir l’armée et les soldats en période de guerre, selon Amir Pasic, professeur d’études philanthropiques à l’université de l’Indiana. Mais Pasic explique qu’à ses yeux, le seul fait que les organisations caritatives doivent fournir les équipements nécessaires au combat pose problème.

« Est-ce que c’est un signe de soutien fort de la part de la Diaspora/de la communauté ou est-ce un signe de la faiblesse des capacités de l’État à répondre aux besoins d’une armée ? », s’interroge-t-il.

Pour Lila Corwin Berman, historienne au sein de la Temple University qui a beaucoup écrit sur la philanthropie juive, la réponse est sans ambiguïté.

« Il semble que la société civile tente de combler un vide qui a été créé par un État en plein désarroi et en proie à un stress profond », dit-elle. « Que ces dons contreviennent à la loi – ou qu’ils soient placés dans l’obligation de l’ignorer – indique de manière plus forte encore que l’État est incroyablement faible, je pense, parce que ceux qui violent les règles prennent pour hypothèse qu’ils savent mieux, au final, ce qui est bon pour l’État ».

Du point de vue du commandement militaire, l’État fait ce qu’il doit faire et le fort soutien qui est apporté par les Juifs de la Diaspora, s’il est apprécié, est mal orienté lorsqu’il consiste à apporter des équipements qui ne sont pas nécessaires.

Illustration : Un réserviste de l’armée israélienne préparant l’équipement avant un exercice, sur une photo diffusée le 24 avril 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Tous les pays dressent des obstacles bureaucratiques à leurs frontières, avec notamment des régulations sur les produits importés qui sont mises en place pour protéger l’économie locale d’une concurrence étrangère ou inéquitable, ou de produits dangereux. De plus, de nombreux pays, y compris Israël, imposent des taxes sur les importations – avec toutefois quelques exceptions en ce qui concerne les activités caritatives.

Alors qu’il est chargé d’organiser le bon acheminement des dons qui sont destinés aux soldats, Greenwald déclare souhaiter que le gouvernement israélien comprenne que la crise entraînée par la guerre exige dorénavant une plus grande marge de manœuvre aux frontières. Il reconnaît la nécessité de protéger l’économie israélienne du marché noir en ce qui concerne les produits commerciaux, mais il souhaiterait que certaines formalités administratives soient levées pour tenir compte de l’effort de guerre.

Il compare ces initiatives à celles qui sont présentées dans le livre « The Pledge » – qui est depuis devenu un film – et qui fait la chronique des efforts clandestins qui avaient été livrés par les Juifs américains pour faire entrer des armes dans la Palestine placée sous mandat britannique alors qu’ils anticipaient le conflit armé qui devait éclater avec la Guerre de l’Indépendance israélienne.

« Je considère que la situation est similaire à 1948 », explique Greenwald, faisant référence à la guerre qui avait eu lieu cette année-là. « Nous essayons seulement de donner ce dont les soldats ont besoin ».

La guerre avait éclaté en date du 7 octobre quand des milliers de terroristes étaient entrés en Israël, tuant près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et kidnappant 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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