UE : les accusations israéliennes de « colonialisme » sont fausses et choquantes
L’Union riposte à l'attaque d’un représentant du ministère des Affaires étrangères, et déclare que l’absence d’accord de paix a des répercussions mondiales
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’Union européenne a rejeté mercredi les critiques véhémentes d’un responsable israélien – qui, entre autres, l’avait accusée de « colonialisme » – l’UE a dénoncé une attaque « choquante, inexacte et inappropriée ».
Mardi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, a déclaré au Times of Israel que les politiques de l’UE vis-à-vis du conflit israélo-palestinien ressemblaient aux « fantômes d’un passé colonial européen qui ressuscitent ».
Le diplomate israélien a en outre accusé les dirigeants européens d’exploiter cyniquement le conflit pour détourner les critiques et distraire l’attention du public de leur incapacité à résoudre les problèmes réels pressants du continent.
Les commentaires de Nahshon « étaient choquants, inexacts et inappropriés aux relations étroites et profondes qu’Israël entretient avec l’Union européenne », a affirmé un fonctionnaire de la délégation de l’union en Israël le lendemain.
« Le règlement global du conflit israélo-palestinien est depuis longtemps une priorité pour l’UE »
« En tant que partenaire et en tant que voisin, le règlement global du conflit israélo-palestinien est depuis longtemps une priorité pour l’Union européenne comme ça l’est pour Israël », a expliqué le fonctionnaire au Times of Israel, insistant pour rester anonyme car il n’a pas reçu l’autorisation de répondre à ce sujet dans la presse.
« Contrairement aux remarques de Nahshon, l’UE gère les défis auxquels elle est confrontée dans le monde, dans la région et chez elle », a déclaré le fonctionnaire. « L’absence de progrès dans le processus de paix au Moyen-Orient, qui a de lourdes conséquences sur Israël et les Palestiniens, et continue à se répercuter au niveau régional et au niveau mondial, est l’un d’entre eux ».
Les commentaires de Nahshon au Times of Israel ont été prononcés à la suite de la réunion de lundi des 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles, après quoi ils ont approuvé à l’unanimité le plan français visant à accueillir un processus de paix international plus tard cette année.
Israël a rejeté à plusieurs reprises l’initiative française, faisant valoir qu’elle renforce les positions de négociation des Palestiniens et éloigne ainsi la paix.
« Quand je regarde la séquence de l’UE mettant en œuvre l’étiquetage [des produits des implantations] et désormais l’approbation d’une conférence internationale, je pense que ce sont les fantômes d’un passé colonial européen qui ressuscitent », s’était emporté Nahshon.
Les dirigeants européens « n’ont aucune crédibilité s’ils traitent ce conflit sans traiter les grandes questions qui sont beaucoup plus importantes pour l’Europe et le monde, en commençant par la guerre civile en Syrie, et les défis auxquels l’Europe elle-même est confrontée, comme le Brexit, l’immigration et la terreur islamique », a-t-il dit.
Jérusalem se demande « si Israël ne serait pas instrumentalisé, si nous ne sommes pas utilisés de manière cynique et délibérée comme une sorte de feuille de vigne, une panacée universelle, pour un continent qui est évidemment réticent à ou incapable de faire face à ses vrais problèmes », a fulminé le diplomate.
« Malheureusement, la conclusion est que c’est probablement le cas », a-t-il affirmé. « Chaque fois que vous êtes en difficulté, chaque fois que vous êtes un leader européen impopulaire chez vous, et chaque fois que vous faites face à des défis insurmontables, alors il n’y a rien de tel que l’organisation d’une conférence sur Israël pour créer un faux programme qui va attirer l’attention ailleurs ».
Si l’UE était réellement préoccupée par le processus de paix au point mort, elle concentrerait tous ses efforts pour faire accepter aux Palestiniens d’entamer des négociations bilatérales directes avec Israël, a déclaré le diplomate.