Un bourbon israélien à base de maïs du Kansas, écrasé dans l’Ohio et vieilli à Haïfa
La distillerie Thinkers de Jérusalem lance son premier bourbon, Dew of BeDolah, qui doit son nom à l'équilibre kabbalistique entre sa couleur et sa saveur
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Un nouveau bourbon israélien a fait son apparition sur la scène des spiritueux, même s’il n’est pas tout à fait exact de le qualifier d’israélien, le bourbon ayant toujours été une boisson américaine.
Dew of BeDolah [rosée de cristal], comme s’appelle le bourbon créé par la distillerie Thinkers, est en réalité essentiellement fabriqué aux États-Unis, mais infusé aux airs du port de Haïfa.
La distillerie basée à Jérusalem loue des locaux à Columbus, dans l’Ohio, fabrique son moût à partir de maïs casher du Kansas et le stocke pendant quatre mois dans 140 fûts de chêne américain neufs.
Thinkers « balance » ensuite les fûts sur le bateau pendant six mois, explique le distillateur Bennett Kaplan, en faisant référence à la longue tradition qui consiste à laisser les fûts se balancer d’avant en arrière sur un bateau.
Autrefois, pour acheminer l’alcool du Kentucky vers d’autres destinations, on plaçait les fûts de bourbon sur des bateaux plats le long de la rivière Ohio. Les distillateurs trouvaient que la couleur et le goût fumé de l’élixir doré s’amélioraient au gré du tangage sur l’eau.
Le bourbon passe ensuite trois ans et demi supplémentaires dans le port de Haïfa, où il est exposé à l’air marin saumâtre.
« Sur la base d’une étude météorologique, nous avons constaté que Haïfa était la destination la plus logique », a déclaré Kaplan. « Le bourbon, c’est la recherche de l’équilibre. »
Le nom du bourbon, Dew of BeDolah, vient de la Kabbale, indique Kaplan, et décrit l’équilibre harmonieux entre de nombreux facteurs. Le mot hébreu bedolah signifie cristal.
Ce bourbon à 47,3 % (94,6 degrés) est doux au palais et pas trop fumé. Il est facile à boire avec ou sans glaçons, et il serait un excellent complément à un bon vieux John Collins ou un boulevardier.
Mais en quoi est-il israélien ?
Par les cerveaux qui l’ont créé, a répondu Kaplan, en expliquant que le but de la distillerie est d’utiliser un produit que tout le monde connaît et, dans le jargon de l’entreprise, l’approfondir. (La distillerie appelle ses spiritueux “Furthered” [Approfondis].)
« Nous nous tenons sur des épaules de géants, c’est pourquoi nous nous appelons « Furthered » », ajoute Bennett. « Israël n’a pas inventé les tomates ou les réseaux sociaux, mais nous avons trouvé comment nous singulariser avec », faisant référence à l’application de trafic Waze et aux tomates cerises génétiquement modifiées d’Israël.
Thinkers a ouvert en 2021 avec deux vodkas et deux sortes de gin – un gin sec londonien classique et l’autre distillé avec des pétales de rose et des fraises. Et aujourd’hui, il y a aussi du bourbon. Le rhum et la tequila sont en préparation.
La distillerie a opté pour le bourbon plutôt que le whisky parce que « c’est le plus classe de tous », a déclaré Bennett.
La première série de bourbon de Thinkers comprend 35 000 bouteilles de 750 millilitres vendues au prix de 350 shekels par les distributeurs de HaKerem.