Des milliers d’Israéliens sont dans l’obscurité
Tandis que les pannes persistent après la tempête, la société d'électricité est allée au tribunal pour forcer les techniciens à travailler plus vite

Des dizaines de milliers d’Israéliens étaient encore sans électricité lundi matin, après les orages intenses qui se sont abattus sur le pays un jour plus tôt et au milieu d’allégations que les ouvriers de la compagnie d’électricité (Israel Electric Corporation – IEC) ralentissaient la cadence en raison d’un conflit de travail qui a lieu actuellement.
La plupart des pannes de courant ont eu lieu dans la région du Sharon au nord de Tel Aviv, avec quelques 200 000 clients sans électricité, a rapporté le site Walla.
IEC a publié des excuses officielles lundi matin et a déclaré que ses équipes « sont en place et ont travaillé pendant la nuit avec la capacité d’urgence dans le but de minimiser les dommages sur des centaines de lignes touchées durant la tempête ».
Le communiqué a indiqué que les pannes allaient se poursuivre jusqu’à lundi après-midi, plus d’un jour après une puissante tempête qui est passée dans la région, renversant les arbres, les lignes électriques et tuant un homme.
עדכון מחברת החשמלחברת החשמל מתנצלת בפני התושבים אשר נותרו עדיין ללא חשמל מאתמול. עובדי החברה עבדו במהלך כל הלילה כדי…
Posted by חברת החשמל לישראל Israel Electric Corporation on Monday, October 26, 2015
La compagnie d’électricité, le seul service public d’électricité du pays, est embourbée dans un conflit de travail depuis des mois et les critiques accusent la compagnie de ne pas etre pas être préparée pour les conséquences de conditions météorologiques sévères.
Le président du syndicat des travailleurs de l’IEC, David Serfaty, mène une bataille contre la privatisation de l’entreprise qui dure depuis plus d’un an.
A Raanana, où la plupart des résidents ont été bloqués sans électricité pendant plus de 12 heures, la municipalité a affirmé que sa demande envoyée à l’IEC pour obtenir des équipes plus grandes pour réparer les lignes coupées est restée sans réponse.

« La Mairie considère avec beaucoup de sérieux le fait que des milliers de ses employés sont devenus des otages qui paient le prix d’un différend entre les travailleurs de la compagnie d’électricité et la direction de l’entreprise », a déclaré la municipalité dans un communiqué.
Le maire de Herzliya, Moshe Fadlon, a qualifié la conduite de l’entreprise de « honte d’une proportion nationale ».
Fadlon a dit qu’il a passé le dimanche à aider les familles coincées sans électricité, y compris des malades qui ont besoin de ballons d’oxygène, des personnes âgées et des familles avec de petits enfants.
« Lors de ma visite de la ville, je suis arrivé à l’épicentre sur la rue Beeri, où les lignes électriques se sont effondrées. Deux travailleurs de l’IEC sont arrivés, ont regardé autour et sont repartis aussi vite qu’ils sont venus… Ce que nous avons vu hier n’est pas la façon dont je pense qu’une entreprise avec des responsabilités nationales doit se comporter ».
Un homme dans le nord d’Israël a dit qu’il a vu les équipes se tenir debout mais qu’elles ne travaillaient pas.
« Au début, je ne comprenais pas pourquoi ils ne travaillaient pas jusqu’à ce que les informations du soir ait commencé à évoquer une grève de l’IEC…. Aux alentours de 20h30, ils ont commencé à travailler ; à 22h30 l’électricité était de retour », a-t-il précisé au site d’informations Ynet.

La direction a demandé dimanche au tribunal national du travail, d’ordonner aux employés à travailler en mode d’urgence après que certains directeurs aient affirmé que les techniciens ont délibérément travaillé comme d’habitude malgré la tempête, apparemment suivant les consignes de leur syndicat.
Le tribunal du travail a décidé dimanche que pendant 72 heures, ou aussi longtemps que les conditions météorologiques rendent nécessaire le travail en mode d’urgence, les employés et la direction de la société devraient mettre de côté leurs différends au détriment de la population israélienne.
La pluie devrait se poursuivre tout au long de a journée de lundi et pendant toute la semaine. Dimanche, une personne a été tuée et 20 autres ont été blessées pendant que des vents violents et de fortes pluies s’abattaient sur le pays, renversant des arbres et une grue au centre d’Israël et inondant les routes dans le sud.
Les responsable ont également déclaré que le passage Rabin entre la frontière avec la Jordanie qui se situe près de la ville d’Eilat serait fermé pendant plusieurs jours en raison de dommages liés aux conditions météorologiques.
Les pannes rappellent les suites d’une importante tempête hivernale qui a balayé le pays il y a deux ans et des centaines de milliers de personnes sont restées sans électricité, dans certains cas, jusqu’à une semaine.

Il y a deux mois, le contrôleur d’Etat Yossef Shapira a publié un rapport dans lequel il a averti qu’Israël était mal préparé aux situations d’urgence, y compris aux urgences météorologiques. Une grande partie de son rapport a été consacrée à la critique du traitement de la compagnie d’électricité lors de la tempête de 2013.
La députée Karin Elharar (Yesh Atid), qui préside la commission du contrôle d’Etat, a déclaré lundi que la commission se réunirait mardi pour une discussion urgente sur l’état de préparation de la Défense passive en cas d’urgence, se concentrant sur le réseau électrique national et la « conduite [de l’IEC] pendant la tempête du 25 octobre ».
« L’hiver ne fait que commencer et nous voyons déjà les luttes de pouvoir internes dans la société d’électricité, les luttes qui nuisent aux citoyens … La commission souhaite discuter de ces problèmes quand ils se déroulent et non rétrospectivement » a-t-elle affirmé dans la déclaration.
Plus tôt ce mois-ci, Serfaty avait avertit une commission de la Knesset que les travailleurs de l’IEC n’aideraient pas les Israéliens quand la météo causera des pannes.
« Si quelqu’un pense que pendant la prochaine pénurie d’électricité d’hiver, il y aura quelqu’un pour vous sauver, vous avez tort. Vous allez être perdus », a-t-il asséné.

La réforme que son syndicat contre laquelle se bat comprend plusieurs étapes destinées à extraire l’IEC, une entreprise appartenant à l’État, de ses difficultés économiques. Cela inclut mettre jusqu’à 20 % de la société en bourse, la vente de deux grandes usines électriques, et une ouverture partielle du reseau – la partie qui relie les maisons privées et les bureaux aux réseaux nationaux et municipaux – à la concurrence.
Le plan vise à créer une nouvelle société de gestion appartenant à l’Etat pour remplacer la direction actuelle de l’IEC.
La nouvelle société, qui est déjà détaillée dans le budget de l’Etat et doit être mise en œuvre par le bureau du ministre de l’Énergie, Yuval Steinitz, achetera de l’électricité à l’IEC ainsi que de centrales privées.