Un couple de rescapés du 7 octobre retourne vivre à Kfar Aza
Trois mois plus tard, les souvenirs éprouvants du 7 octobre ne suffisent pas à dissuader Ayelet Khon et Shar Shnurman, qui ont survécu au massacre dans leur mamad, de rentrer chez eux
Un autocollant apposé sur la porte d’entrée indique que la maison ne contient ni cadavres ni parties de dépouilles. Sur les murs, des bombes de peinture datant de plusieurs mois confirment l’absence de terroristes ou d’explosifs.
Trois mois plus tard, les signes de l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre sont encore omniprésents dans le kibboutz Kfar Aza, mais les marques inscrites sur leur maison et les souvenirs pénibles qu’elles rappellent n’ont pas dissuadé Ayelet Khon et Shar Shnurman de rentrer chez eux.
Ayelet et Shar sont parmi les premiers à regagner leur maison dans cette communauté traumatisée, située à quelques kilomètres de la bande de Gaza. Elle a été l’une des plus durement touchées par les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre, au cours desquels quelque 3 000 terroristes ont fait irruption à la frontière de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, tuant 1 200 personnes et prenant en otage plus de 240 personnes de tous âges, sous le couvert d’un déluge de milliers de roquettes tirées sur les villes et villages israéliens.
La grande majorité des personnes tuées lorsque les terroristes se sont emparés des localités frontalières étaient des civils, dont beaucoup ont été victimes d’actes de brutalité horribles.
Des dizaines de milliers d’Israéliens ont été contraints de quitter leur domicile lorsque les combats ont éclaté à Gaza, Israël ayant juré de détruire le Hamas. Après avoir vécu pendant des semaines dans le centre d’Israël, le couple a insisté pour revenir.
« Pour nous, c’était pire d’être un réfugié que d’être chez nous », a déclaré Ayelet, 55 ans.
Pour presque tous les autres, c’est encore trop dangereux. Les combats de l’autre côté de la frontière sont audibles et lorsque les sirènes de roquettes retentissent, il ne reste qu’une dizaine de secondes pour se mettre à l’abri.
Le gouvernement paie pour que les résidents déplacés puissent loger dans des hôtels et des maisons d’hôtes par ailleurs inoccupés.
Se tenant par la main, le couple, qui n’a pas d’enfant, a marché le long d’un sentier, passant devant des maisons détruites et des mémoriaux improvisés où des voisins ont été tués dans le massacre.
« Les enfants ne devraient pas être ici en ce moment », a déclaré Ayelet.
Une fois l’eau et l’électricité rétablies, le couple a rompu les rangs et est retourné à Kfar Aza. Aujourd’hui, ils s’affairent à ranger leur maison, à plier le linge et à s’asseoir ensemble sous le porche malgré les fréquentes explosions en arrière-plan.
Ils ont survécu au déchaînement du Hamas en se cachant pendant des heures dans leur mamad – la pièce sécurisée -, le bruit des tirs ininterrompus, des grenades et des lance-roquettes se trouvant juste à l’extérieur de leur porte.
« Je me rappelle que nos voisins de cette maison, de cette maison, de cette maison, ont été tués », a déploré Shar, 62 ans, en faisant référence à une rangée de maisons où les habitants ont été assassinés.
Il a le sentiment que s’ils ne retournent pas à Kfar Aza, Israël abandonnera bientôt ses efforts pour rétablir une vie normale dans les grandes villes situées plus au nord.
Ayelet a déclaré que son retour lui permettait de tourner la page.
« Je suis toujours là, les gens qui sont morts ici étaient des gens qui aimaient cet endroit », explique-t-elle. « Notre voisine, surtout, qui ne comprenait pas pourquoi les gens ne voulaient pas vivre à Kfar Aza. Elle aimait beaucoup ce kibboutz. »
« Revenir vivre ici, c’est faire quelque chose, selon moi, c’est faire quelque chose pour elle. Sans oublier qu’elle a été tuée ici. »