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Un deuxième rescapé de la Shoah relayeur de la flamme olympique à Paris

Léon Lewkowicz, 94 ans, rescapé d’Auschwitz, a porté le feu sacré au jardin des enfants du Vél' d’Hiv' sous les acclamations de la foule

Léon Lewkowicz, rescapé d’Auschwitz, porte la flamme olympique, à Paris, le 15 juillet 2024. (Crédit : Ambassade d’Israël en France)
Léon Lewkowicz, rescapé d’Auschwitz, porte la flamme olympique, à Paris, le 15 juillet 2024. (Crédit : Ambassade d’Israël en France)

À 94 ans, flamme olympique à la main, à douze jours du début des Jeux olympiques, Léon Lewkowicz traverse, sous les acclamations du public, le jardin commémoratif des enfants du Vél’ d’Hiv’ dans le XVe arrondissement de Paris. Date symbolique, puisque le relais a lieu la veille des commémorations de la rafle du 16 juillet 1942, la plus grande arrestation de Juifs opérée en France, quand la police française a arrêté plus de 13 000 personnes, hommes, femmes, enfants, avant de les remettre à l’occupant nazi.

Il avait 12 ans quand il a été interné au camp de concentration de Gross-Rosen, en Allemagne, avant de passer par Auschwitz-Birkenau en Pologne et Buchenwald en Allemagne – des transferts effectués à pied et non en train, sur plus de 900 kilomètres.

Il affirme que ses parents ont été sélectionnés par le médecin nazi Josef Mengele, surnommé l’ange de la mort, pour être gazés et incinérés.

« Moi aussi, j’ai été sélectionné. C’était la dernière sélection et les Allemands se sont amusés à bâtir un portique. Il fallait courir et toucher avec la tête le sommet du portique. J’étais trop petit, je n’ai pas réussi, donc bien sûr, j’ai été sélectionné tout de suite », avait-il expliqué en mai sur CNews.

Le jeune Léon Lewkowicz a alors eu un échange avec Mengele. « Il m’a demandé mon âge, je lui dis ‘Ich bin sechzehn’ (‘j’ai 16 ans’) et il m’a dit ‘Du wirst klein bleiben’, tu resteras toujours petit. Et on nous a conduits à la chambre à gaz. »

Dans la pièce, il s’est souvenu : « J’avais entendu par les Sonderkommando que pour ne pas trop souffrir dans la chambre à gaz, il fallait être tout près de là où le Zyklon B tomberait pour prendre une bonne bouffée et être évanoui sur le champ. » Mais le gazage n’a pas eu lieu en ce 7 octobre 1944, jour où les Sonderkommando, les Juifs forcés de disposer des corps, se sont révoltés. « Ils étaient liquidés tous les six mois parce qu’ils en savaient trop », a rappelé l’homme.

« On attendait, on attendait, la lumière était toujours allumée, on entendait des cris et des coups de feu à l’extérieur […] Les portes se sont ouvertes, la première fournée a été mitraillée et moi, j’avais la chance d’être dans la deuxième et on nous a ramené dans le bloc, parce qu’il y avait trop de morts. À partir de cette date-là, il n’y avait plus de gazage », a-t-il indiqué.

Il a retrouvé Paris en 1945, où il a été recueilli par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE). Ne pesant que 33 kilos à son retour en France, il est devenu champion de France d’haltérophilie en 1955.

Cité par I24, l’octogénaire a confié lundi son émotion : « C’était très émouvant avec tout ce qui s’est passé dans ce lieu de sport, qui est devenu un lieu de départ vers la mort. »

Il a ensuite passé le flambeau à Élise Goldfarb, petite-fille d’enfant caché et militante contre l’antisémitisme et l’homophobie, réalisant ainsi un pont intergénérationnel.

Dans son communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a déclaré : « Voir Léon Lewkowicz, rescapé de la Shoah, porter la flamme olympique est un symbole puissant de résilience et d’espoir. Son parcours extraordinaire, de la survie dans les camps à champion de France, incarne les valeurs de paix et de dépassement de soi que représentent les Jeux olympiques. C’est un message fort contre l’antisémitisme et toutes formes de haine. »

Dimanche, Léon Placek, un premier survivant de la Shoah, rescapé des camps de Drancy et Bergen-Belsen, avait déjà porté la flamme olympique.

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