Un effondrement de l’UNRWA condamnerait une génération d’enfants palestiniens, dit son chef
Le 5 mars, Israël a déposé un dossier étayé auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) dans lequel le pays détaille les liens présumés entre des employés de l’instance et le Hamas

Le chef de l’Agence controversée de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a prévenu jeudi que si l’agence des Nations unies, en proie à d’importantes difficultés financières, devait disparaître, une génération d’enfants serait privée d’éducation, « semant les graines d’un plus grand extrémisme ».
Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a assuré que l’organisation faisait face à une situation financière extrêmement tendue, soulignant qu’il existait un « risque réel d’effondrement et d’implosion de l’agence ».
Si cela devait se produire, a-t-il déclaré à l’AFP, « nous sacrifierions définitivement une génération d’enfants, qui seraient privés d’une éducation correcte ».
« Si vous privez 100 000 filles et garçons de Gaza, par exemple, d’éducation, et s’ils n’ont aucun avenir », a-t-il mis en garde, et « s’ils n’ont comme seule école que leur désespoir et une vie dans les décombres, je dirais que nous ne faisons que semer les graines d’un plus grand extrémisme ».
« C’est la recette d’un désastre », a-t-il ajouté.
Créée en 1949, l’UNRWA opère dans les territoires palestiniens en fournissant des services aux réfugiés, notamment dans les domaines de l’éducation, la santé et l’assainissement.
M. Lazzarini a qualifié l’agence de « bouée de sauvetage » pour près de six millions de réfugiés palestiniens à qui elle vient en aide à Gaza, en Cisjordanie occupée, au Liban, en Jordanie et en Syrie.
Mais les autorités israéliennes affirment que des employés de l’UNRWA ont été impliqués dans le pogrom du 7-Octobre. Le 5 mars, le pays a d’ailleurs déposé un dossier étayé auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) dans lequel il détaille les liens présumés entre des employés de l’instance et le Hamas. Le dossier en question inclut notamment le témoignage d’une ex-otage israélienne qui aurait été détenue par l’organisation terroriste dans une installation de l’UNRWA au sein de la bande de Gaza.
Des accusations qui ont poussé d’importants donateurs à suspendre leur financement de l’agence.
Israël a mis fin, fin janvier, aux activités de l’UNRWA sur son territoire, conséquence d’une loi votée en octobre qui n’interdit en revanche pas son activité en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.
M. Lazzarini avait estimé en début de semaine que l’UNRWA ne pourrait être remplacée, si elle venait à disparaître, que par des institutions palestiniennes. Il avait à cette occasion admis que d’autres organisations pourraient se substituer à l’UNRWA pour acheminer des camions d’aide humanitaire à Gaza.
Mais il a souligné que le champ d’action de l’UNRWA était beaucoup plus vaste. « Nous fournissons avant tout des services de type gouvernemental », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Je ne vois donc pas d’ONG ou d’agences de l’ONU se lancer soudainement dans la fourniture de services de type public ».