Un étudiant américain sur 3 aurait vu ou vécu un incident antisémite – étude
Parmi les personnes non-juives interrogées, seulement 11 % ont entendu parler du BDS mais 21 % connaissent l'IHRA, l'organisation ayant donné une définition de la haine anti-juive
JTA – Près d’un étudiant juif américain sur trois a été témoin d’une forme d’antisémitisme sur les campus – ou en a fait directement l’expérience, selon une nouvelle enquête.
Le sondage a été rendu public vendredi par Jewish on Campus, un groupe de veille de l’antisémitisme financé par les étudiants.
Il a été réalisé par l’institut Ipsos et il a interrogé plus de 1 000 étudiants s’identifiant comme Juifs dans les universités, ainsi qu’environ 2 000 personnes reflétant la population générale des étudiants qui, pour un grand nombre, n’étaient pas juives.
L’enquête a été menée entre le mois de mars et le mois de mai avec une marge d’erreur de 3,1 %.
Parmi les étudiants juifs, 14 % ont indiqué avoir vécu directement l’antisémitisme sur les campus. 16 % ont dit avoir été les témoins d’un acte anti-juif.
Les conclusions de l’étude – en ce qui concerne les expériences personnelles d’antisémitisme – montrent un taux très inférieur à celui qui avait été enregistré dans un sondage similaire commandité par Hillel International et par l’Anti-Defamation League (ADL) en 2021, qui avait établi que presque un tiers des Juifs interrogés avait personnellement fait l’expérience d’une forme ou d’une autre d’antisémitisme sur les campus, l’année précédente. Dans cette enquête, à peu-près le même pourcentage avait indiqué avoir été témoin d’un incident anti-juif sans en être directement la victime.
Cela fait longtemps que les organisations juives font part de leur inquiétude face à l’antisémitisme qui sévit sur les campus. Un antisémitisme en lien avec les conflits sur la question d’Israël mais également avec les fanatismes qui s’expriment dans l’ensemble du spectre politique.
En 2019, le président des États-Unis de l’époque, Donald Trump, avait signé un décret sur l’antisémitisme qui avait déclenché une série de plaintes fédérales relatives aux droits civils émanant de groupes juifs et pro-israéliens, dont faisait partie Jewish on Campus, qui prétendaient que les universités publiques n’avaient pas suffisamment agi pour répondre à la haine anti-juive qui se répandait sur les campus.
La protection des Juifs dans les universités est un point déterminant du plan national de lutte contre l’antisémitisme de l’administration Biden, dont le contenu a été dévoilé au printemps.
Les plaintes fédérales et les enquêtes qui avaient suivi – qui, pour certaines, avaient été déposées avant l’administration Trump et qui ont continué pendant le mandat de Biden – ont amené certaines universités à changer de politique. Au cours de la dernière année scolaire, des mois après avoir minimisé la problématique de la haine anti-juive sur son campus, le président de l’université du Vermont a présenté des excuses officielles aux étudiants juifs et il a promis d’améliorer les techniques de lutte contre l’antisémitisme au sein de son établissement.
L’enquête de Jewish on Campus a aussi révélé que 84 % des étudiants juifs interrogés pensent que l’antisémitisme est une menace pour le pays, et que plus d’un tiers d’entre eux a entendu parler du mouvement BDS (Boycott, Divestment, Sanctions) anti-israélien dont la présence est importante sur les campus américains.
Les mots « Israël » ou « Sionisme » n’apparaissent pas dans les résultats du sondage.
Résultat notable, 11 % seulement des personnes non-juives interrogées connaissaient le mouvement BDS.
En revanche, 21 % d’entre elles ont dit avoir entendu parler de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance), un groupe connu pour sa définition controversée de l’antisémitisme. Des groupes juifs variés ont poussé les universités à adopter cette définition – une démarche qui a rencontré un succès certain.
La directrice-générale de Jewish on Campus, Julia Jassey, a indiqué dans une déclaration que l’enquête devait amener les étudiants comme les administrateurs des universités « à se montrer à la hauteur en prenant au sérieux l’antisémitisme ».
Le sondage « souligne l’urgence de notre mission, qui est de faire entendre les voix et les expériences d’antisémitisme des étudiants juifs », a-t-elle ajouté. « Alors que la nouvelle année scolaire débute, ces conclusions apportent une preuve déterminante de la portée et de la profondeur de l’antisémitisme que les étudiants doivent affronter ».
Tandis que le groupe Jewish on Campus avait enquêté sur l’antisémitisme dans les universités américaines dans le passé, il s’était appuyé, à ces occasions, sur les données de terrain recueillies par ses soins.
C’est ainsi la première fois que le groupe fait appel à un institut de sondage réputé – et l’enquête a été financée par le Congrès juif mondial. Elle rejoint toute une série d’études réalisées par l’ADL, l’American Jewish Committee (AJC) et d’autres qui visaient à mesurer la haine anti-juive en faisant le bilan des incidents signalés ou en interrogeant le public – donnant lieu à un certain nombre de résultats et entraînant un débat sur les déclarations et les actions, en particulier en ce qui concerne Israël, qui relèvent réellement de l’antisémitisme.