Israël en guerre - Jour 372

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Un ex-otage demande un accord, alors que des rassemblements marquent les 9 mois de guerre

Almog Meïr Jan dit qu'il veut que les mères puissent serrer leurs enfants dans leurs bras "comme je peux le faire maintenant", alors que les familles critiquent le gouvernement

Des activistes pro-palestiniens et anti-israéliens brandissent des pancartes dénonçant le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer,  la vice-Première ministre et ministre du Logement Angela Rayner ainsi que le secrétaire d'État aux Affaires étrangères David Lammy lors de "la marche nationale pour Gaza" qui appelle " mettre fin au génocide" et à cesser de livrer des armes à Israël, le 6 juillet 2024. (Crédit : Justin Tallis/AFP)
Des activistes pro-palestiniens et anti-israéliens brandissent des pancartes dénonçant le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer, la vice-Première ministre et ministre du Logement Angela Rayner ainsi que le secrétaire d'État aux Affaires étrangères David Lammy lors de "la marche nationale pour Gaza" qui appelle " mettre fin au génocide" et à cesser de livrer des armes à Israël, le 6 juillet 2024. (Crédit : Justin Tallis/AFP)

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays samedi soir pour demander la libération des otages détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas, avec le soutien d’Almog Meïr Jan, qui a appelé les dirigeants à permettre à d’autres captifs de connaître la même joie que celle qu’il a éprouvée lorsqu’il a retrouvé ses proches.

L’appel en direction du gouvernement par les familles des otages de Gaza pour qu’il accepte la dernière proposition d’accord de cessez-le-feu a été lancé alors que le Hamas a déclaré qu’il avait renoncé à une exigence clé, à savoir qu’Israël s’engage d’emblée à mettre fin à la guerre à Gaza, tout en indiquant qu’il cherchait à obtenir des garanties à cet effet de la part des médiateurs.

Face à la pression accrue exercée sur le gouvernement pour qu’il parvienne à un accord sur les otages, les manifestants anti-gouvernement ont déclaré, avant la manifestation hebdomadaire de samedi, qu’ils passeraient à la vitesse supérieure en organisant une série de protestations et d’événements au cours de la semaine prochaine, à commencer par des dizaines de rassemblements dans tout Israël dimanche pour marquer les neuf mois de guerre à Gaza.

Einav Zangauker, dont le fils Matan a été enlevé au kibboutz Nir Oz le 7 octobre, a déclaré lors d’un discours hebdomadaire à Tel Aviv, après l’annonce du Hamas, qu’elle ressentait pour la première fois depuis des mois l’espoir de pouvoir bientôt « serrer mon Matan dans ses bras ».

S’adressant au Premier ministre Benjamin Netanyahu, elle a déclaré : « Nous avons vu comment vous avez torpillé les accords encore et encore au moment de la vérité. Ne vous avisez pas de nous briser à nouveau le cœur. » Elle a réaffirmé que le Premier ministre avait le devoir de ramener les otages qu’il avait, selon elle, abandonnés le 7 octobre.

Appelant le public à soutenir la possibilité de ramener les 116 otages restants de Gaza, Einav a déclaré : « Seule la pression publique permettra d’aboutir à un accord. Descendez dans la rue avec nous. »

Des familles d’Israéliens pris en otage par les terroristes du Hamas lors d’une conférence de presse à Tel Aviv, le 6 juillet 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Faisant écho à Einav et citant des sondages répétés, Danny Elgarat, dont le frère Itzik est retenu en captivité, a déclaré que la population était avec les familles des otages et en faveur de la conclusion d’un accord avec le Hamas.

« Les gens pensent que le pays ne se relèvera pas sans le retour de tous les otages. Un groupe d’extrémistes au sein du gouvernement, coupé du peuple, veut les condamner à mort. On attend des dirigeants qu’ils agissent selon la volonté du peuple et qu’ils entendent le cri de la population », a-t-il déclaré.

Ayala Metzger, dont il a été confirmé que le beau-père Yoram était mort en captivité, le mois dernier, a appelé les proches de Netanyahu à l’empêcher de bloquer un accord.

« Il est de votre devoir de veiller à ce que cet accord soit conclu. Vous ne pouvez pas louper cette occasion. Si Netanyahu soulève des difficultés ou met des bâtons dans les roues des pourparlers, dites la vérité au grand jour », a-t-elle déclaré.

Le président du parti HaMahane HaMamlahti et ancien ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz, aux cotés des manifestants qui réclament un accord pour les otages à la jonction de Shaar HaNegev, à proximité de la frontière de la bande de Gaza, le 6 juillet 2024. (Crédit : Bureau de Benny Gantz)

Dans une tentative visant à devancer les pressions inévitables auxquelles Netanyahu devra faire face de la part de ses partenaires populistes de la coalition, le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a déclaré au Premier ministre vendredi que son parti « soutiendrait pleinement tout accord responsable ». Le leader de Yesh Atid, Yaïr Lapid, a pris le même engagement.

Samedi soir, Gantz a réitéré son soutien à un accord pour les otages en se joignant à une manifestation organisée au carrefour Shaar HaNegev, non loin de la frontière avec Gaza.

« Le retour de nos otages, même à un prix douloureux et difficile, est la bonne décision stratégique à prendre et c’est la chose juive à faire », a déclaré Gantz dans un communiqué publié sur son canal WhatsApp. Ce n’était pas la première fois que le législateur participait à une manifestation, puisqu’il avait manifesté au même endroit que son collègue député Alon Schuster (HaMahane HaMamlahti) moins d’une semaine après avoir démissionné du gouvernement, le mois dernier.

Le rassemblement de Tel Aviv met en lumière les mères

Alors que le soleil commençait à se coucher samedi soir, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la Place des Otages, à Tel Aviv pour marquer les neuf mois qui se sont écoulés depuis le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre en mettant l’accent sur les mères – tant celles qui sont retenues en captivité que celles qui ont des conjoints ou des enfants en captivité.

Parmi elles, Danielle Aloni, qui a été libérée des geôles du Hamas après 49 jours avec sa fille Emilia, âgée de 6 ans, et Simona Steinbrecher, mère de Doron Steinbrecher, que les terroristes du Hamas ont enlevé le 7 octobre et emmené de force dans la bande de Gaza.

Aloni a profité de l’occasion pour souligner la situation critique de la famille Bibas – les parents Shira et Yarden, et leurs deux enfants, Ariel, 4 ans, et Kfir, 1 an, qui sont toujours otages à Gaza.

« Il y a une mère qui ne peut pas crier pour alerter des pleurs de ses enfants qui pourrissent dans les geôles du Hamas », a déclaré Aloni à la foule. « Shiri Bibas ne peut pas crier, elle n’a pas le droit de parler. »

Danielle Aloni lors d’un rassemblement appelant à la libération des Israéliens retenus en otage par les terroristes du Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 6 juillet 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Je sais ce qu’elle vit – j’ai dû mentir à Emilia et inventer une histoire pour expliquer comment nous sommes arrivés dans cet enfer », a-t-elle ajouté. Mais dans le cas de la famille Bibas, a-t-elle poursuivi, « le mensonge n’est plus possible – Kfir et Ariel ne se souviendront peut-être plus d’aucune autre réalité ».

Elle a terminé son discours en appelant Netanyahu et le cabinet à « ne pas manquer » l’occasion de conclure un accord pour la libération des otages.

Une vidéo enregistrée par l’otage secouru Almog Meïr Jan, qui y abordait le thème du rassemblement, a également été diffusée au début de la manifestation.

Meïr Jan, qui a été secouru par les forces de sécurité israéliennes dans le centre de Gaza le mois dernier, a déclaré qu’un accord pour libérer les derniers otages était crucial pour que les mères puissent à nouveau serrer leurs enfants dans leurs bras, « comme je peux le faire avec ma mère maintenant ».

« Revenir, c’était comme avoir un anniversaire, comme naître à nouveau, et j’espère vraiment que tous les otages de Gaza connaîtront la même renaissance que moi », a-t-il déclaré dans l’enregistrement.

« À Gaza, j’ai pensé que si je revenais vivant – pas si, mais quand je reviendrais vivant – la signification de mon tatouage ‘vivant’ prendrait un sens complètement différent de celui que j’avais voulu lui donner au départ », a-t-il ajouté en montrant le tatouage sur son avant-bras.

Il a présenté ses condoléances à la famille d’Arnon Zmora, qui a été tué lors de l’opération visant à le libérer de sa captivité, et a fait l’éloge des soldats qui ont été blessés au cours des combats.

Ella Chaimi, dont le mari Tal Chaimi a été tué alors qu’il défendait le kibboutz Nir Yitzhak et dont le corps a été transporté à Gaza, a évoqué son expérience de la grossesse de son quatrième fils, conçu peu avant le 7 octobre, sans que son époux soit à ses côtés.

Des manifestants appellent à la libération des otages lors d’une manifestation à Tel Aviv marquant les neuf mois écoulés depuis le 7 octobre, le 6 juillet 2024. (Crédit : Lior Segev/Mouvement de protestation pour la démocratie en Israël)

« À chaque visite médicale, je pensais que tu serais déjà là pour la suivante », a-t-elle déclaré en s’adressant à son défunt mari. « Je ne suis pas sûre qu’il reviendra un jour [pour l’enterrement]. » Elle a accouché d’un petit garçon en mai.

Dans la rue Kaplan voisine, des dizaines de milliers de manifestants anti-gouvernement ont également marqué ces neuf mois de guerre, tout comme l’ont fait les participants à des dizaines de manifestations plus restreintes à travers le pays, de la jonction d’Amiad en Galilée à Mitzpe Ramon dans le Néguev. Des regroupements plus importants ont également eu lieu à Jérusalem et à Haïfa, ainsi qu’à Césarée, en face de la résidence privée de Netanyahu.

Des milliers de personnes ont participé à la manifestation à Jérusalem, où Libi Goldberg-Polin, la jeune sœur de l’otage du Hamas Hersh Goldberg-Polin, s’est adressée à la foule le jour de son anniversaire.

« En ce moment, tout ce dont j’ai besoin, plus que d’une grande direction ou d’une grande décision, c’est de mon grand frère », a-t-elle déclaré à la foule.

Un certain nombre de militants anti-gouvernement ont prononcé des discours axés sur les congés de trois mois de la Knesset prévus pour la fin du mois de juillet.

« Cette coalition ne se préoccupe pas des élections ou d’un accord », a déclaré Moran Michelle, militante anti-gouvernement, depuis la scène. « Cette coalition ne se préoccupe que d’elle-même et a donc voté cette semaine pour une pause estivale de trois mois. Nous n’avons pas le privilège de nous reposer ou de désespérer. »

Après la fin du rassemblement principal, un groupe d’une centaine de manifestants a tenté de bloquer le carrefour, où des policiers ont confisqué les tambours des manifestants tout en repoussant les gens sur les trottoirs. La police a arrêté des manifestants en route vers la résidence du Premier ministre, rue Azza, où des centaines de personnes ont défilé pour réclamer des élections législatives anticipées.

Au début du rassemblement à Haïfa, un groupe de manifestants a défilé avec des pancartes commémorant le 7 octobre et une banderole demandant « des élections maintenant ».

La police affrontant des manifestants lors d’une manifestation contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et pour la libération des otages kidnappés par le Hamas le 7 octobre, à Jérusalem, 6 juillet 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« Le gouvernement d’Israël contre le peuple d’Israël », pouvait-on lire.

À Rehovot, les manifestants ont brandi des pancartes similaires demandant à la Knesset de « rendre le mandat à la nation et d’aller aux élections ».

La police arrête les manifestants qui bloquent l’autoroute Ayalon

De retour à Tel Aviv, les manifestants anti-gouvernement qui se sont répandus sur l’autoroute Ayalon pour bloquer la circulation à la fin de la manifestation organisée ont été accueillis par un déploiement de police prêt à les faire reculer.

La police a arrêté plusieurs personnes qui bloquaient les voies de circulation en direction du nord, dont Noy Erez, porte-parole de Yaïr Golan, président du parti « Les Démocrates », qui est une fusion nouvellement créée du parti Avoda sous Golan et de Meretz.

Dans une vidéo de la manifestation, on peut voir Noy Erez allongée sur la route, portant une pancarte sur laquelle on peut lire « Ramenez-les à la maison et rentrez chez vous », alors qu’un policier lui ordonne de se lever. Des photos de la manifestation montrent Erez emportée par des policiers.

L’équipage d’au moins un camion-canon à eau de la police a mis en marche l’appareil, aspergeant les manifestants d’eau et les repoussant tandis que d’autres scandaient des slogans.

Un autre policier a tenté de diriger la circulation autour de la perturbation routière, bien qu’une fusée lancée par un manifestant ait interrompu tout le trafic.

La scène n’était pas inhabituelle pour les manifestations de la rue Kaplan et de l’autoroute Ayalon, où plusieurs rassemblements hebdomadaires se sont terminés par une fermeture temporaire de la circulation et des affrontements violents entre les manifestants et la police montée, ainsi que les équipes de canons à eau de la police.

Des manifestants anti-gouvernement bloquant l’autoroute Ayalon à Tel Aviv alors que la police utilise des canons à eau contre eux le 6 juillet 2024. (Crédit : Lior Segev/Mouvement de protestation pour la démocratie en Israël)

Signe de vie

Alors que le rassemblement des otages se considère comme une alternative non partisane au rassemblement anti-gouvernement, Anat Angrest, la mère du soldat captif Matan Angrest, a prononcé un discours inhabituellement enflammé à l’encontre des ministres d’extrême droite qu’elle a qualifiés de « diaboliques » et avides de « vengeance ».

« Le fait qu’il y ait un accord sur la table est uniquement dû à la bravoure de Tsahal », a déclaré Anat, car « tout ce que le Hamas demande, c’est que vous arrêtiez [de combattre] et alors nous pourrons tous les ramener ».

Elle a révélé qu’elle avait reçu un signe indiquant que son fils avait été kidnappé vivant après que les troupes ont trouvé une vidéo de lui, filmée à Gaza après sa capture.

« Blessé, il faisait face à la caméra et s’adressait à vous, Monsieur le Premier ministre, en disant : ‘[Le Premier ministre Benjamin] Netanyahu, je ne sais pas comment c’est arrivé, mais je compte sur vous pour me sortir d’ici' », a-t-elle rapporté. La vidéo est inconnue du grand public et n’a pas été diffusée publiquement, bien qu’Anat ait déclaré à la Douzième chaîne la semaine dernière que la famille avait récemment vu des images brutes trouvées par des soldats opérant dans la bande de Gaza vers le mois de novembre et montrant son fils.

Anat Angrest, mère de l’otage Matan Angrest, lors du rassemblement hebdomadaire rue Kaplan, à Tel Aviv, le 6 juillet 2024. (Crédit : Paulina Patimer/Forum des familles d’otages et de disparus)

S’adressant aux soldats de Tsahal, elle a déclaré que si Netanyahu pouvait accepter un accord pour la libération de son fils, et qu’il le souhaitait peut-être même, « il y a aussi des forces maléfiques autour de lui qui savent que votre frère Matan est blessé, qu’il saigne et que sa vie est en danger, mais elles ne veulent pas le sauver, elles veulent que vous continuiez à vous battre, à être blessé, à mourir, à ouvrir d’autres fronts uniquement pour assouvir leur désir de vengeance ».

Bien qu’elle n’ait nommé aucun ministre, son discours semblait viser le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, et leurs menaces de renverser le gouvernement si Netanyahu acceptait un accord de cessez-le-feu avec le Hamas.

« Jusqu’à quand une minorité bruyante qui place le caractère sacré de la vengeance au-dessus du caractère sacré de l’homme sera-t-elle la voix qui décidera du sort de Matan ? », a demandé Anat.

Les otages ont été enlevés le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont fait irruption en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, tuant près de 1 200 personnes et s’emparant de 251 otages, pour la plupart des civils, souvent au prix d’actes de brutalité et d’agressions sexuelles.

Manifestation anti-gouvernement appelant à des élections anticipées et à la libération des otages détenus à Gaza par le Hamas, à Jérusalem, le 6 juillet 2024. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

116 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre sont toujours à Gaza, mais tous ne sont pas en vie. Une trêve d’une semaine, fin novembre, a permis la libération de 105 civils détenus par le Hamas, et quatre otages ont été libérés avant cela.

Au total, sept otages ont été sauvés vivants par Tsahal, et les corps de 19 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée.

L’armée a confirmé la mort de 42 des otages encore détenus par le Hamas, citant de nouveaux renseignements et de nouvelles découvertes obtenus par les troupes opérant dans la bande de Gaza.

Une personne est encore portée-disparue depuis le 7 octobre. Son sort reste indéterminé.

Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015 respectivement.

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