Un film sur une enfant juive cachée par une famille de la Manche
Ce projet de film-documentaire immersif a été commandé par un musée américain, le Illinois Holocaust Museum and Education Centre, et s’intitulera "Letters from Drancy"
Un film sur les enfants juifs cachés à Saint-Hilaire-du-Harcouët, dans la Manche, durant la Seconde Guerre mondiale, est en cours de préparation, a rapporté le journal local La Gazette, selon une information de la municipalité de la ville.
Ce projet de film-documentaire immersif a été commandé par un musée américain, le Illinois Holocaust Museum and Education Centre.
Le film s’intitulera « Letters from Drancy » et portera sur l’histoire de Marion Deichmann, enfant juive cachée durant la Seconde Guerre mondiale par la famille Parigny de Saint-Hilaire-du-Harcouët.
Née en 1932 à Karlsruhe (Allemagne), Marion Deichmann est la fille de Kurt Deichmann, employé dans une firme d’importation de lainages, et d’Alice Aron.
En 1934, alors que les persécutions antisémites ont commencé, Kurt est parti avec sa famille à Remich, au Luxembourg. En octobre 1938, après avoir transité par la Belgique, il s’embarque avec ses parents pour Rio de Janeiro, où se trouve déjà son frère. Alice, ne mesurant pas le danger, a elle refusé de partir et est restée en Europe, avec sa fille, arrivant à Paris.
Le matin du 16 juillet 1942, Alice s’est fait arrêter et a été emmenée à Drancy avant d’être déportée à Auschwitz le 29 juillet 1942, d’où elle n’est jamais revenue.
Protégée par sa grand-mère, Marion Deichmann s’est retrouvée, durant l’hiver 1943, confiée à la famille Parigny à Saint-Hilaire-du-Harcouët. François et Angèle Parigny étaient les propriétaires d’un bar-tabac et avaient trois enfants Michel, Daniel et Claudine.
Traitée comme une enfant de la famille, elle a été baptisée et a fait sa première communion. Alors que beaucoup de soldats nazis se trouvent dans la région, une chambre est réquisitionnée pour l’un d’entre eux.
Quelques mois après des bombardements à Saint-Hilaire-du-Harcouët, l’oncle de Marion la récupère, et ils partent ensemble à Paris. La jeune fille est retournée chez ses sauveurs en vacances plusieurs fois par la suite.
L’oncle et sa nièce sont finalement partis aux États-Unis en 1947, rejoignant le père de la jeune fille. Après ses études, Marion a ensuite rejoint l’Organisation mondiale de la santé à Genève.
À sa retraite, elle s’est installée en France et a écrit un livre sur sa vie, Je voudrais que son nom apparaisse partout.
Elle a alors pu renouer avec Claudine et Daniel Parigny, les deux seuls enfants encore en vie de la famille.
En 2015, Yad Vashem, à Jérusalem, a décerné le titre de Justes parmi les nations à François et Angèle Parigny.
Aucune date de tournage ni de sortie du film n’a encore été annoncée.