Un groupe de Columbia rejette les excuses d’un membre qui avait dit que « les sionistes méritent de mourir »
Au lendemain de l'anniversaire du 7 octobre, le groupe Columbia University Apartheid Divest a apporté un soutien explicite à la violence alors que Khymani James a affirmé qu'il n'a "jamais écrit d'excuses néolibérales" en avril
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
New York Jewish News via JTA — Un important groupe pro-palestinien et anti-Israël de l’université de Columbia est revenu sur les excuses qu’il avait présentées au nom d’un étudiant qui avait estimé que « les sionistes ne méritent pas de vivre ».
La déclaration qui a été faite mardi par l’organisation Columbia University Apartheid Divest a également inclus un appel explicite à la violence. Elle a été émise alors que les groupes pro-palestiniens et anti-Israël, à Columbia et dans d’autres universités, ont clairement établi avoir bien l’intention de continuer leur militantisme – et de le renforcer dans de nombreux cas – au cours de l’année à venir.
« Nous soutiendrons la libération par tous les moyens nécessaires, y compris par la résistance armée », a indiqué le groupe CUAD dans sa déclaration. « Face aux violences commises par l’oppresseur qui est équipé des forces militaires les plus meurtrières de toute la planète, la violence est le seul et ultime recours lorsque vous avez par ailleurs épuisé tous les autres moyens pacifiques de lutte ».
L’étudiant, Khymani James, avait tenu ses propos sur les sionistes dans une vidéo qui avait été postée au mois de janvier. Il avait également déclaré : « Vous pouvez m’être reconnaissant : je ne vais pas simplement sortir pour aller tuer les sionistes ». Columbia avait interdit à James de se présenter à nouveau sur le campus au mois d’avril après une réapparition de ces images qui avaient suscité l’indignation et qui avaient été très critiquées. A ce moment-là, James était un activiste de premier plan au sein du mouvement et il devait être l’un des responsables du campement pro-palestinien et anti-Israël qui avait été dressé, au printemps dernier, au sein de l’université.
Quelques jours plus tard, le CUAD avait présenté des excuses pour le compte de James. « Quand j’ai réalisé cette vidéo, je me sentais inhabituellement perturbé parce qu’un groupe de harceleurs, sur internet, m’avaient pris pour cible parce que je suis visiblement membre de la communauté queer et afro-américain », avait-il tenté d’expliquer dans ses excuses.
« Le CUAD et le Gaza Solidarity Encampment ont clairement indiqué que les propos que j’ai tenus en janvier, avant que je sois impliqué dans le CUAD, ne sont pas conformes aux règles de la communauté du CUAD. Je suis d’accord avec eux », avait-il continué, selon le Columbia Spectator. « Ces propos ne sont pas représentatifs du CUAD. Ils ne me représentent pas non plus ».
Une déclaration qui avait été publiée sur le compte Instagram du CUAD – mais qui a depuis été supprimée. Les excuses que James avait postées sur Twitter ont également été retirées.
À la fin du mois dernier, James a déposé une plainte contre Columbia devant un tribunal de l’État de New York, affirmant que l’université avait violé ses droits en utilisant abusivement le code de conduite des étudiants à des fins de discrimination et de harcèlement à son encontre. Et moins de deux semaines plus tard, le CUAD a publié une déclaration dans laquelle il est revenu sur les excuses qui avaient été présentées au nom du jeune homme.
Une rétractation qui a été rendue publique au lendemain du premier anniversaire du pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. La déclaration a fait savoir que le communiqué initial qui avait été transmis par le groupe, au mois d’avril, avait été rédigé par les responsables de ce dernier et non par James lui-même. Elle a estimé que ce tout premier communiqué avait « trahi » les principes de l’organisation, présentant des excuses à James et affirmant qu’il a été victime de discrimination.
Ces excuses « ne sont pas représentatives des valeurs ou des lignes politiques de Khymani ou du CUAD », a précisé le communiqué. « Les responsables du CUAD en ont été complices en ne respectant pas ce qui est pourtant notre ligne politique ».
James a remercié le groupe pour cette déclaration, écrivant sur Twitter : « Je n’ai jamais écrit les excuses néolibérales qui avaient été publiées fin avril et je suis heureux que nous ayons éclairci les choses. »
Le CUAD est une alliance d’organisations étudiantes qui est dirigée par les branches, à Columbia, de Students for Justice in Palestine et de l’organisation antisioniste Jewish Voice for Peace. Les deux organisations avaient été suspendues du campus, l’année dernière, pour avoir violé les politiques entourant les manifestations au sein de l’université – mais elles avaient continué à mener des opérations à travers le CUAD.
Jewish Voice for Peace a également publié la déclaration de mardi sur sa page Instagram.
Le CUAD a désormais intégré le clan des nombreux groupes étudiants de la ville qui n’ont pas hésité à recourir à un langage violent pour s’opposer à la la guerre que mène Israël contre le Hamas à Gaza. Au mois d’août, quelques semaines avant le début de l’année universitaire, le CUAD avait fait l’éloge du pogrom du 7 octobre, écrivant sur internet que « nous sommes des Occidentaux qui luttons en faveur de l’éradication totale de la civilisation occidentale ».
Columbia a désavoué le message émis mardi dans une déclaration faite auprès du New York Jewish Week.
« Les déclarations prônant la violence sont contraires aux principes fondamentaux sur lesquels cette institution a été fondée. Les appels à la violence n’ont pas leur place à Columbia ou dans n’importe quelle université », a fait savoir Columbia.
Les règles communautaires de l’université stipulent que « les menaces de violence ou les incitations à la violence » ne relèvent pas des règles qui assurent la protection de la liberté d’expression. James avait tenu ce genre de paroles lors d’une réunion avec le personnel de l’université au sujet d’un précédent message dans lequel il avait déclaré « je me bats pour tuer ».
Une déclaration qui a été publiée vingt-quatre heures après que des étudiants pro-palestiniens et anti-Israël, sous l’égide de la CUAD, ont organisé une grève de courte durée à l’occasion du premier anniversaire du 7 octobre, en signe de protestation contre la guerre. Une pancarte au moins arborait des triangles rouges – un symbole utilisé par le Hamas dans ses vidéos de l’attaque du 7 octobre pour identifier les cibles israéliennes. La branche du SJP à Columbia, pour sa part, a fait l’éloge de l’attaque du Hamas, selon le Columbia Spectator.
Les étudiants juifs ont organisé un événement de commémoration, lundi, sur le campus – en installant des briques de lait géantes avec les noms et les visages des otages détenus par le Hamas à Gaza. À l’extérieur du campus, le groupe pro-israélien End Jew Hatred a organisé une manifestation à laquelle ont participé principalement des New-Yorkais non-inscrits à l’université qui estiment que Columbia n’a clairement pas fait assez pour lutter contre l’antisémitisme sur le campus. Vingt-quatre heures auparavant, Sheryl Sandberg, ancienne haute-responsable au sein de Facebook, avait organisé sur le campus une projection de « Screams Before Silence », son documentaire sur les violences sexuelles qui avaient été commises à l’encontre d’Israéliennes lors de l’attaque du Hamas.
L’année dernière, Columbia avait été secouée par d’importantes manifestations anti-israéliennes. Au paroxysme de ce mouvement de protestation, les étudiants avaient installé un camp de tentes à la fin du semestre de printemps – donnant le coup d’envoi à la mise en place d’autres camps qui s’étaient répandus comme une traînée de poudre sur les campus de tous les États-Unis et en Europe.
L’université avait finalement fait appel à la police, sur le campus, lorsque les manifestants avaient pris possession d’un bâtiment administratif par la force. Il y avait eu des dizaines d’arrestations – la majorité des protestataires ont depuis échappé à des mises en examen pour leurs actes – et cette prise d’assaut avait suscité une vaste controverse.
Des agitations qui se sont poursuivies depuis lors. La présidente de Columbia a quitté ses fonctions au mois d’août après la démission de trois doyens qui avaient été critiqués pour avoir envoyé des SMS antisémites lors d’une table ronde qui était consacrée… à l’antisémitisme. Des vandales pro-palestiniens et anti-Israël ont également dégradé le bâtiment abritant le domicile d’un administrateur de l’université, et cette dernière a restreint l’accès au campus en raison de « perturbations potentielles ».
Le groupe de travail sur l’antisémitisme de l’université a signalé, au mois d’août, que les étudiants juifs étaient victimes d’une discrimination « écrasante » qui « affectait l’ensemble de la communauté universitaire ». Une commission du Congrès de la Chambre des représentants enquête actuellement sur la problématique posée par cette vague d’antisémitisme qui s’est abattue sur les universités.