Rechercher

Un Israélo-américain remporte un Tony Award dans ‘The Band’s Visit’

Ari'el Stachel a remercié son père israélo-yéménite et sa mère américaine ashkénaze dans son discours après avoir reçu le Tony du meilleur second rôle masculin

Ari'el Stachel, dos au public, pendant la 72e cérémonie des Tony Awards, au Radio City Music Hall, à New York, le 10 juin 2017. (Crédit : Dimitrios Kambouris/Getty Images for Tony Awards Productions/AFP)
Ari'el Stachel, dos au public, pendant la 72e cérémonie des Tony Awards, au Radio City Music Hall, à New York, le 10 juin 2017. (Crédit : Dimitrios Kambouris/Getty Images for Tony Awards Productions/AFP)

C’est l’histoire d’une fanfare égyptienne qui atterrit par erreur dans une bourgade perdue du désert israélien. Ils vont être accueillis par les habitants, se confier les uns aux autres malgré leurs différences culturelles et linguistiques, comme si le conflit israélo-arabe n’existait pas.

C’est ce spectacle humaniste et intimiste aux sonorités moyen-orientales, loin des décibels habituels des super-productions new-yorkaises, qui a raflé dimanche 10 « Tony », les Oscars de Broadway, dont celui de meilleure mise en scène, meilleures lumières, meilleure orchestration et meilleur son pour une comédie musicale.

« The Band’s Visit » (La Visite de la fanfare), qui était parmi les favoris après avoir fait l’objet de onze nominations, devrait partir en tournée à travers l’Amérique du Nord en juin 2019.

Il n’y a presque pas d’action dans cette comédie présentée d’abord off-Broadway, et adaptée du film israélien d’Eran Kolirin du même nom, « La Visite de la fanfare » (2007).

L’histoire se résume à des rencontres entre les musiciens et quelques habitants israéliens, dans un café de bord de route tenu par la très dynamique Dina (interprétée par Katrina Lenk, récompensée du Tony de meilleure actrice dans une comédie musicale) ou dans une famille israélienne dont les parents sont en crise conjugale, ou dans une boîte de nuit…

L’amour de la musique, des deux côtés, permet de briser la glace et de se rapprocher.

Quand Dina évoque sa nostalgie des films d’Omar Sharif ou de la voix de l’Egyptienne Oum Khaltoum, son duo avec le chef d’orchestre, le très digne veuf Tewfiq, se transforme presque en histoire d’amour.

Tout est dans l’ambiance : pendant 1h45, on est transporté dans le village fictif de Bet Hatikva, grâce aux conversations en hébreu ou en arabe murmurées derrière les dialogues principaux, dans un anglais délibérément imparfait.

Rythmé par un violoncelle, un oud ou un tambourin, les chansons ont pour la plupart des sonorités proche-orientales.

La musique est signée David Yazbek, né d’une mère juive et d’un père libanais. Et beaucoup des acteurs et actrices ont aussi des origines moyen-orientales, ce qui est rare à Broadway.

Ari’el Stachel, un californien né du mariage d’un yéménite israélien et d’une ashkénaze new-yorkaise, a remporté le Tony du meilleur second rôle masculin., pour sa performance en tant que trompettiste égyptien romantique.

« Je suis fier de notre groupe d’acteurs qui n’avaient jamais cru qu’ils pourraient un jour interpréter des gens de leur race », a ainsi déclaré Ari’el Stachel.

Le spectacle montre « des Arabes et des Israéliens qui s’entendent bien, à un moment où nous en avions plus que jamais besoin », a-t-il ajouté.

« Mes deux parents sont ici ce soir. J’ai évité tellement événements avec eux pendant tellement de temps, parce que j’affirmais ne pas être une personne du Moyen-Orient », a-t-il dit. « Après le 11 septembre, c’est devenu très très difficile pour moi, alors je me suis caché, et j’ai raté tant événements importants avec eux. Et maintenant, ils me regardent, et je n’arrive pas à y croire. »

Ari’el Stachel, à droite, joue les entremetteurs entre deux Isaéliens timides, interprétés par Rachel Prather et Etai Benson, dans « The Band’s Visit ». (Crédit : MattMurphy/JTA)

Oublier la politique

Il y a aussi Tony Shalhoub, d’origine libanaise, sacré meilleur acteur, et Dariush Kashani, d’origine iranienne, qui se sont relayés dans le rôle du chef d’orchestre, Tewfiq.

Kashani avait fait ses premiers pas à Broadway la saison dernière dans la pièce « Oslo », sur les négociations israélo-palestiniennes secrètement menées par des diplomates finlandais.

Avec le Tony de la meilleure pièce de théâtre de l’année en 2017, « Oslo » montrait déjà le goût de la critique new-yorkaise pour ces spectacles célèbrant l’ouverture et l’hospitalité derrière les conflits et les tensions actuelles.

Dans « The Band’s Visit », le conflit n’est même pas mentionné. Mais le public l’a en tête et comprend bien que le rapprochement qui s’opère, l’espace d’une nuit, entre les joueurs de la fanfare et les habitants de Bet Hatikva, montre que la paix est possible.

« Bien que les personnages soient étrangers les uns aux autres, avec de grandes divisions politiques, notre spectacle offre un message d’unité dans un monde qui semble de plus en plus vouloir accentuer nos différences », a souligné dimanche Orin Wolf, le producteur du spectacle. « Mais au bout du compte, nous sommes tous bien plus semblables que différents ».

JTA a contribué à cet article.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : [email protected]
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à [email protected].
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.