Un lycée belge ‘fier’ de l’enseignant honoré par le concours de caricatures iranien sur l’Holocauste
Luc Descheemaeker a tracé les mots ‘Arbeit marcht frei’ sur un mur avec des miradors, comparant a priori la Cisjordanie à Auschwitz

JTA – La direction d’un lycée catholique de Belgique a déclaré qu’elle était fière d’un enseignant qui a remporté un prix et gagné de l’argent au controversé concours de caricature iranien sur l’Holocauste.
Luc Descheemaeker, qui a pris cet été sa retraite du lycée Sint-Jozefs de Torhout, une ville située à 95 kilomètres à l’ouest d’Anvers, a accepté un « prix spécial » du deuxième concours de caricature internationale sur l’Holocauste de Téhéran en mai pour avoir tracé les mots « Arbeit macht frei » au-dessus d’un mur avec des garde-postes, comparant probablement la barrière de sécurité d’Israël le long de la Cisjordanie aux portes d’Auschwitz.
La phrase allemande, qui signifie que « le travail libère », était sculptée sur la porte d’entrée du camp d’extermination nazi en Pologne. Descheemaeker, qui s’est exprimé pendant la compétition par visioconférence depuis la Belgique, a gagné 1 000 dollars pour son dessin, ont annoncé les organisateurs. Le premier prix a été remporté par le dessin d’une caisse enregistreuse ayant la forme d’Auschwitz.
L’UNESCO, l’organisation pédagogique des Nations unies, a condamné le concours de caricature, le deuxième organisé en Iran depuis 2006, qui vise à « se moquer du génocide du peuple juif, une page tragique de l’histoire de l’humanité. »
En mai, en employé de la publication juive belge Regards avait envoyé à l’école un email avec l’adresse d’une page internet annonçant les vainqueurs du concours, accompagné du texte : « cela doit être une grande fierté pour l’institut Sint-Jozefs d’être associé aux valeurs que défend Luc Descheemaeker. »
Martine De Zutter, une responsable de l’école, avait répondu que « nous sommes effectivement très fiers que Luc soit associé à notre école. Son talent est d’une grande valeur pour l’éducation artistique de nos élèves ! »

Interrogé par JTA pour savoir si l’école était particulièrement fière de la récompense de Descheemaeker, le directeur de l’école Paul Vanthournout a déclaré mercredi que l’école n’avait pas de position sur la récompense, et que De Zutter ne faisait pas référence à la compétition en particulier dans son email adressé à Regards.
Il a cependant confirmé que l’école était fière du travail de Descheemaeker au sein de l’institution, où il enseignait les arts plastiques et les sciences culturelles. Il a monté des pièces pédagogiques sur l’Holocauste à l’école, a déclaré Vanthournout. En 2002, Descheemaeker avait reçu une distinction royale de la reine Paola de Belgique pour l’adaptation du roman graphique Maus d’Art Spiegelman.
« Je comprends que vous trouviez la critique des actions d’Israël en Cisjordanie et à Gaza déplaisante, a-t-il écrit à JTA, mais que vous considériez cela comme antisémite est exagéré. »
Selon l’Alliance internationale pour le souvenir de l’Holocauste, une organisation intergouvernementale qui compte 31 états membres, dont la Belgique, « tracer des comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis » est un exemple d’antisémitisme moderne.
Vanthournout a déclaré que la position de l’école était que l’Holocauste, dont il a déclaré qu’il « présentait des atrocités aux proportions jusque là jamais vues », ne pouvait pas être comparé au traitement des Palestiniens par Israël. Mais l’Holocauste « ne peut pas servir d’alibi pour résoudre les conflits avec violence », a-t-il ajouté.
Selon la lettre d’information de l’école belge, qui a publié un entretien avec Descheemaeker en juin avant sa retraite, il a accepté une offre de voyage à Téhéran pour faire partie du jury de la prochaine édition du concours.
Vanthournout a déclaré que cela n’avait jamais interféré avec la carrière de Descheemaeker comme caricaturiste.
Un porte-parole du département d’Etat avait prévenu que concours peut « être utilisé comme une plate-forme pour la négation de l’Holocauste et le révisionnisme et des discours simplement antisémites, comme il l’a été dans le passé. »
En mai, le musée mémorial de l’Holocauste des Nations unies a noté que les organisations qui organisaient le concours « sont soutenues ou financées par des entités gouvernementales, comme le corps des gardiens de la révolution islamique, et le ministère des orientations islamiques. »