Un militant palestinien accusé d’entrave au travail de Tsahal
Abdallah Abou Rahma, un instituteur d'une quarantaine d'années, risque pour la deuxième fois, quatre mois de prison
Un tribunal militaire israélien a reconnu coupable un militant palestinien « d’entrave au travail » d’un bulldozer de l’armée sur le mur de séparation en Cisjordanie, lui faisant risquer quatre mois de prison, a annoncé mardi son avocate.
Abdallah Abou Rahma, déjà emprisonné 15 mois pour avoir organisé les manifestations hebdomadaires dans le village de Bilin contre la construction du mur israélien, a comparu lundi devant le tribunal d’Ofer, près de Ramallah en Cisjordanie.
Cet instituteur d’une quarantaine d’années et militant des droits de l’Homme avait été libéré en mars 2011 mais était toujours sous le coup d’une peine de quatre mois avec sursis. En Cisjordanie, le sursis ne tombe qu’après cinq années.
Il pourrait donc retourner quatre mois en prison après avoir été « déclaré coupable d’avoir entravé le travail d’un soldat » lorsqu’il s’était placé en travers de la route d’un tracteur qui travaillait à l’édification du mur à Beitunia, près de Bilin, en mai 2012, a expliqué à l’AFP son avocate Gaby Laskey.
Il sera fixé sur son sort de façon définitive le 1er décembre, a-t-elle précisé.
« Abdallah Abou Rahma est un défenseur des droits de l’Homme, il a le droit de manifester contre l’occupation et son arrestation n’a aucun fondement légal », a-t-elle ajouté. « Juger un Palestinien pour un acte symbolique et non-violent contre l’occupation signifie plus en termes politiques que légaux ».
M. Abou Rahma est devenu célèbre en organisant inlassablement les manifestations non-violentes contre la construction du mur à Bilin.
Son arrestation en 2009 puis sa condamnation avait déclenché un tollé parmi les défenseurs des droits de l’Homme à l’étranger et la chef de la diplomatie de l’Union européenne Catherine Ashton s’était émue de son sort.
La barrière de sécurité, érigée par Israël à partir de juin 2002, traverse en grande partie la Cisjordanie et devrait s’étendre à terme sur 712 km, selon l’ONU.
Achevée à plus de 60 % et composée de barbelés, de fossés, de clôtures électroniques et de murs de béton dont certains atteignent neuf mètres de haut, elle est devenue un symbole pour les Palestiniens qui la baptisent « mur de l’apartheid ».