Un panel de la Knesset supervisera les enquêtes menées par Tsahal sur l’échec du 7 octobre
La nouvelle sous-commission supervisera les enquêtes internes de l'armée mais ne pourra pas se substituer à une commission d'enquête de l'État, assure son président, Yuli Edelstein

Le gouvernement n’ayant pas créé de commission d’enquête officielle sur les événements du 7 octobre, la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset a annoncé jeudi qu’elle mettait en place un groupe spécial chargé de superviser les enquêtes internes de l’armée sur ses propres échecs qui ont permis au Hamas de mettre à exécution ses projets de massacre le 7 octobre.
La « sous-commission spéciale chargée d’examiner les enquêtes sur les événements du 7 octobre et la guerre Epées de fer » sera dirigée par Yuli Edelstein, membre du Likud, et sera composée de législateurs de la coalition et de l’opposition.
Les membres sont Ram Ben Barak (Yesh Atid) ; Meir Cohen (Yesh Atid) ; Merav Michaeli (Les Démocrates) ; Zeev Elkin (Tikva Hadasha) ; Tzvi Sukkot (HaTzionout HaDatit) ; Gadi Eisenkot (HaMahane HaMamlahti) ; Yinon Azulai (Shas) ; Sharon Nir (Yisrael Beytenu) ; Moshe Roth (Yahadout HaTorah) ; Limor Son Har-Melech (Otzma Yehudit) ; et Boaz Bismuth (Lik ud).
« Depuis de nombreux mois, je demande la création d’une commission d’enquête d’État, qui est la seule autorisée par la loi à accéder aux documents classifiés du plus haut niveau », a annoncé Edelstein, qui préside également la commission des Affaires étrangères et de la Défense.
« Il est dans la nature d’un vide d’être comblé, et en l’absence d’une commission d’État, l’armée a commencé à enquêter de son propre chef. La sous-commission a été créée pour superviser les enquêtes de Tsahal et s’assurer qu’elles sont menées de manière aussi professionnelle, complète et objective que le permet la loi », a-t-il déclaré, ajoutant que « les enquêtes de Tsahal et autres ne sont pas et ne seront pas un substitut à une commission d’enquête d’État, dont la création aurait été préférable si elle avait été faite beaucoup plus tôt ».
« En l’absence d’une commission d’enquête d’État, le panel sera un outil de supervision et de contrôle de toutes les enquêtes de Tsahal et convoquera toutes les parties « concernées », « militaires, gouvernementales et civiles », pour qu’elles témoignent devant la Knesset, a déclaré la commission dans un communiqué.

L’armée israélienne a progressé dans ses enquêtes internes sur les échecs de l’armée dans la période qui a précédé le massacre du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste du Hamas, et a récemment rendu publique son enquête sur la bataille du kibboutz Beeri.
Les enquêtes visent à tirer des conclusions opérationnelles pour l’armée et n’examinent pas les politiques des dirigeants politiques, afin d’éviter un conflit avec les dirigeants gouvernementaux opposés à une telle ligne de conduite.
La guerre à Gaza a éclaté après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre, au cours duquel quelque 3 000 terroristes ont fait irruption en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, tuant quelque 1 200 personnes et prenant 251 otages, et commettant des actes d’une brutalité inouïe et des agressions sexuelles.
Malgré les demandes de plus en plus nombreuses, y compris de la part de son propre ministre de la Défense, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a jusqu’à présent été réfractaire à l’idée de créer une commission d’enquête d’État sur les défaillances politiques ayant conduit au 7 octobre ou sur la gestion de la guerre par le gouvernement.

Il maintient que les enquêtes devaient attendre la fin des combats et a évité à plusieurs reprises de s’engager à former une commission d’État, qui est l’organe d’enquête jouissant des pouvoirs les plus étendus en vertu de la loi israélienne. Alors que la guerre est entrée dans son dixième mois, les pressions se font de plus en plus fortes pour que des enquêtes soient menées sur les événements.
72 % des Israéliens pensent que le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit démissionner à la suite des échecs du 7 octobre, selon un sondage de la Douzième chaîne publié au début du mois.
La création de cette sous-commission spéciale semble être une nouvelle affirmation de l’indépendance d’Edelstein par rapport à Netanyahu. Ce législateur chevronné du Likud a récemment refusé de faire passer par sa commission des mesures soutenues par le gouvernement visant à prolonger la durée de service des réservistes et à réglementer l’enrôlement des ultra-orthodoxes, sans obtenir ce qu’il appelle un « large consensus ».
Si les enquêtes en cours sont « essentielles pour tirer des leçons et les appliquer », même en temps de guerre, elles « ne peuvent pas remplacer le travail de la commission d’enquête de l’État, qui doit être établie », a déclaré Elkin, qui a dirigé une enquête similaire au sein de la commission des Affaires étrangères et de la Défense lors de l’opération « Bordure protectrice » en 2014.
« Je félicite le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Yuli Edelstein, pour cette initiative et j’ai l’intention d’y jouer un rôle très actif », a-t-il déclaré.
La création de la sous-commission d’Edelstein a également été saluée par Roth de Yahadout HaTorah, qui l’a qualifiée « d’utile », et par Michaeli des Démocrates, qui a tweeté que la tendance des Israéliens à affirmer que les choses « iront bien » est « en partie ce qui nous a conduits au terrible désastre du 7 octobre ».
« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir et j’enquêterai de manière approfondie sur chaque oubli et je serai sur mes gardes pour faire tout ce qui est en mon pouvoir afin que les oublis ne se reproduisent plus. Nous apprendrons, nous enquêterons et nous insisterons sur l’amélioration pour la sécurité de tous », a-t-elle posté.
L’annonce d’Edelstein intervient une semaine jour pour jour après que plusieurs groupes représentant les survivants des massacres du Hamas et les familles des victimes ont annoncé la formation d’une « commission d’enquête civile » visant à « découvrir la vérité et à empêcher la prochaine catastrophe ».
Emanuel Fabian a contribué à cet article.