Un présentateur argentin licencié pour antisémitisme à l’antenne
Le radiodiffuseur a viré l'animateur Santiago Cúneo pour "journalisme dévoyé" en diffusant des théories du complot dans le cadre d'une émission d'information sur le câble

BUENOS AIRES, Argentine – Un présentateur argentin a été licencié après avoir fait l’objet de critiques pour des remarques anti-juives.
Santiago Cúneo, l’animateur de l’émission quotidienne « 1+1=3 » diffusée par la chaîne câblée Crónica TV, a fait un certain nombre de remarques jugées antisémites dans ses émissions de la semaine dernière.
Parmi celles-ci, Cúneo a fait référence au Plan Andinia, une conspiration alléguant un complot juif visant à créer un État juif dans certaines parties de l’Argentine et du Chili, et il a remis en question la loyauté des dirigeants juifs argentins.
Cuneo a également critiqué le président Mauricio Macri pour une visite prévue en Israël, décrivant le gouvernement argentin comme un « associé politique du sionisme international » et alléguant que Macri « cèdera la Patagonie » aux Israéliens.
Vers la fin de la semaine dernière, la Délégation des associations juives argentines (DAIA), a accusé Cúneo d’antisémitisme et a annoncé qu’il prévoyait d’intenter une action en justice contre lui.
La DAIA a déclaré que Cúneo « met en évidence la plus exécrable et classique des formes d’antisémitisme des théories du complot international, des associations des Juifs avec l’argent et les intentions impérialistes, le rétablissement du plan Andinia, la diabolisation de l’État d’Israël, l’accusation de double allégeance et l’atteinte à la dignité de toute une communauté ».
Vendredi, le Centre Simon Wiesenthal a demandé à Crónica TV de licencier Cúneo. Le soir même, le radiodiffuseur a annoncé qu’il s’agissait de sa dernière émission.
La chaîne a publié un communiqué disant que « suite à la série d’insultes inutiles de Santiago Cúneo aux journalistes, politiciens, communautés et institutions, il a été décidé qu’il n’apparaîtra plus sur Crónica. Est-ce de la censure ? Non. Ce qu’il a fait, c’est déformer l’information, dévoyer le journalisme, ne pas prendre soin de vérifier ses sources et ne pas respecter le point de vue éditorial de la chaîne ».
Cúneo a répondu à la déclaration du DAIA en disant : « Israël envoie des soldats ici après l’armée pour fouiller la Patagonie et s’échapper par le Chili. Quand Israël cessera d’envoyer des soldats ici après l’armée, nous pourrons parler. Ok ? Et je dénonce le plan Andinia ? Oui, et alors ? DAIA, qui êtes-vous, Juifs argentins ou israélites ? Parce que si je parle à un Argentin de religion juive, musulman ou catholique comme moi, je parle à un Argentin. Mais si je parle avec un citoyen israélien, c’est un autre sujet ! ».
« Quand vous signez un document, expliquez ce que vous êtes. Un Argentin qui pratique une religion. Ou un citoyen israélien qui défend les intérêts d’une autre nation mais pas de l’Argentine », a-t-il ajouté.
Mardi, un procureur fédéral a déposé une plainte contre M. Cúneo pour demander au pouvoir judiciaire d’enquêter pour savoir s’il a violé la loi anti-discrimination du pays, qui est en vigueur depuis 1998.
« La semaine dernière, l’Argentine News Channel Crónica a accordé des heures de grande écoute à Santiago Cúneo, un ‘journaliste’ qui a consacré son émission à diffamer la communauté juive et ses dirigeants, l’État d’Israël, les femmes et le gouvernement actuel », a déclaré Shimon Samuels, directeur des relations internationales du Centre Wiesenthal, dans un communiqué. Samuels a félicité la chaîne câblée pour l’avoir renvoyé.