Un procès pour l’attentat antisémite de la rue Copernic à Paris ?
Cet attentat, perpétré en plein Paris le 3 octobre 1980, avait été le premier à avoir frappé mortellement la communauté juive en France depuis la fin de la Seconde guerre mondiale
Près de 40 ans après l’attentat de la rue Copernic à Paris, la justice française dira vendredi si elle confirme ou non le non-lieu en faveur du Libano-Canadien Hassan Diab, unique suspect de cette attaque à la bombe qui avait fait quatre morts devant une synagogue.
Cet attentat, perpétré en plein Paris le 3 octobre 1980, avait été le premier à avoir frappé mortellement la communauté juive en France depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Jamais revendiquée, l’attaque, qui avait également fait une quarantaine de blessés, avait été rapidement attribuée par les enquêteurs au Front populaire de libération de la Palestine -Opérations spéciales (FPLP-OS), groupe né d’une scission du FPLP, et les renseignements français avaient fini par identifier Hassan Diab en 1999.
Près de 20 ans plus tard, au terme d’un bras de fer entre le parquet et les juges d’instruction, ces derniers ont rendu le 12 janvier une ordonnance de non-lieu, estimant que les charges n’étaient « pas suffisamment probantes » à l’encontre de ce Libano-Canadien de 64 ans, ancien professeur de sociologie à l’université d’Ottawa.
« Un certain nombre d’éléments (..) permettent d’estimer qu’Hassan Diab se trouvait vraisemblablement au Liban pendant cette période » et ne pouvait donc ni avoir confectionné ni posé l’engin explosif, caché sur une moto, relevaient notamment les magistrats instructeurs.
Le parquet de Paris, qui avait requis son renvoi aux assises, avait immédiatement fait appel, estimant que les « éléments à charge et à décharge » devaient être débattus lors d’un procès.
Mais celui-ci n’étant pas suspensif, Hassan Diab avait été remis en liberté après avoir passé, depuis son extradition du Canada en novembre 2014, plus de trois ans en détention provisoire. Il est depuis reparti dans ce pays, où une enquête indépendante a été ouverte en mai pour examiner les conditions, contestées, de son extradition.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, avait jugé à l’époque que « cette libération sans procès du principal suspect est une injure à la mémoire des victimes et une douleur supplémentaire pour leurs familles ».

« Travestissement insensé »
« Soit la cour d’appel répare une erreur judiciaire, soit la vérité historique de cet attentat ne rencontrera jamais de véritié judiciaire », estime David-Olivier Kaminski, avocat de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme). « Si la cour décide de le renvoyer aux assises, nous espérons qu’il sera présent, lui qui s’est engagé à respecter son contrôle judiciaire », ajoute-t-il.
A l’audience d’appel en avril, l’avocate générale avait notamment mis en avant plusieurs notes des services de renseignement, des expertises graphologiques et la ressemblance du suspect avec des portraits-robots réalisés à l’époque.

Un avocat d’une des victimes, Eric Morain, avait aussi rappelé la découverte en 1981 à Rome d’un passeport au nom de Diab, avec des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, pays d’où serait parti le commando.
Hassan Diab, lui, a toujours assuré qu’il était à Beyrouth au moment des faits pour passer ses examens à la faculté.
« Les documents de l’université libanaise » et « les témoignages de son ex-épouse et de plusieurs étudiants » ont corroboré sa version, avait souligné son avocat William Bourdon. Il avait dénoncé « un travestissement insensé du dossier » par les parties civiles et le ministère public et avait mis en garde contre « tout fanatisme judiciaire ».
La défense de M. Diab a aussi relevé que les notes des services de renseignement accusant le Libano-Canadien « fourmillent d’inexactitudes », ce qu’avait noté les juges d’instruction dans leur ordonnance de non-lieu.
Autre élément à décharge, pour Me Bourdon, « l’absence d’empreintes digitales » d’Hassan Diab parmi toutes celles retrouvées sur plusieurs pièces manipulées par le ou les auteurs de l’attentat.