Un rabbin « plagie » l’IA dans un discours, prouvant que l’humain n’est pas obsolète
Joshua Franklin a prononcé un discours généré par ChatGPT, qui relie l'histoire du Joseph biblique à la vulnérabilité et il a cherché à souligner le manque d'âme de la technologie
Un rabbin américain a récemment prononcé un discours rédigé par le moteur d’intelligence artificielle ChatGPT dans le but de souligner que cette technologie en rapide évolution n’a pas encore développé d’émotions – et qu’elle est donc incapable de remplacer la sensibilité propre à l’être humain.
Le rabbin Joshua Franklin, du Jewish Center of the Hamptons, a demandé à ses fidèles de deviner d’où il avait plagié l’oraison reliant l’idée de vulnérabilité et d’intimité à la section Vayigash de la Torah – dans laquelle le personnage biblique Joseph se révèle à ses frères et retrouve son père, Jacob.
« Malgré les épreuves qu’il a endurées, Joseph est capable de trouver dans son cœur la capacité de pardonner à ses frères pour leurs méfaits passés », a déclaré Franklin dans le discours copié qui a été mis en ligne le 1er janvier. « En les abordant avec ouverture et vulnérabilité, il est capable de guérir de vieilles blessures et de créer des liens plus profonds et plus significatifs avec ses frères et sœurs. »
Dans ce sermon, Franklin a souligné l’importance de l’intimité dans la construction des relations, et il a décrit la vulnérabilité comme étant « la volonté de se montrer et d’être vu lorsque nous n’avons aucun contrôle sur le résultat » – une citation de la professeur Brene Brown, connue pour ses recherches sur le sujet.
« Puissions-nous être bénis avec le courage et la force de nous montrer ouverts et vulnérables », a conclu le rabbin dans son sermon, avant de demander à la foule de deviner qui en était l’auteur.
Après quelques réponses incorrectes, Franklin a révélé que « l’auteur » était ChatGPT, un programme de chatbot avancé capable d’imiter la conversation humaine et qui est récemment devenu extrêmement populaire.
Disponible gratuitement en ligne, le programme fait partie d’une nouvelle génération de systèmes d’IA capables de converser, de générer du texte lisible à la demande et même de produire des images et des vidéos inédites à partir d’une vaste base de données de livres numériques, d’écrits en ligne et d’autres médias.
Comme d’autres systèmes similaires, ChatGPT peut générer une prose convaincante, mais cela ne signifie pas que les textes produits seront factuels ou logiques. De nombreux districts scolaires s’efforcent encore de déterminer comment établir des règles sur la possibilité et la manière de l’utiliser.
« Je lui ai donné une consigne : je lui ai dit d’écrire le sermon, avec la voix d’un rabbin, d’environ 1 000 mots, en reliant la portion de la Torah de cette semaine, Vayigash, à l’idée d’intimité et de vulnérabilité, et je lui ai demandé de citer Brene Brown », a expliqué Franklin, au grand étonnement des fidèles.
« Maintenant, vous applaudissez et je suis mort de peur », a déclaré Franklin, avant d’ajouter qu’il pensait « que les camionneurs disparaîtront bien avant les rabbins, suite à la perte de nos postes au profit de l’intelligence artificielle et des véhicules à conduite autonome. »
« ChatGPT peut réussir à avoir l’air intelligent, mais la question est de savoir s’il peut être empathique ? » a-t-il poursuivi, affirmant que le système était incapable d’empathie et notant qu’il pouvait créer du contenu antisémite en raison des sources illimitées auxquelles il a accès sur Internet.
Franklin s’est ensuite interrogé sur le rôle des rabbins et de la spiritualité dans un monde « dirigé par les données et l’information », concluant que leur travail n’était peut-être pas si facile à usurper.
« L’IA est peut-être intelligente, mais elle n’a pas d’âme », a déclaré Franklin. « Elle n’a pas encore développé la compassion, l’amour et l’empathie, et elle est incapable de construire une communauté et des relations. »
« Ce sont les choses qui nous rassemblent », a conclu Franklin, qui a juré que ce serait la dernière fois qu’il « plagiait » un discours.