Un survivant de la Shoah rembourse une dette en sauvant des Chrétiens de Syrie
Sir George Weidenfeld est le fer de lance d'efforts pour transporter des familles vers l'Europe venant de zones contrôlées par que l'État détient islamique
LONDRES – A la veille de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie en 1938, George Weidenfeld alors âgé de 19 ans, a fui de Vienne pour le Royaume-Uni. Il a commencé à travailler à la BBC et dix ans plus tard a co-fondé la maison d’édition Weidenfeld & Nicholson.
L’ancien réscapé, aujourd’hui Lord Weidenfeld, a longtemps été associé à des organismes de bienfaisance juifs et israéliens. Toutefois, puisqu’il avait été aidé par une organisation chrétienne, the Plymouth Brethren, quand il arriva en Grande-Bretagne, il a estimé qu’il était temps de rembourser cette dette.
Un paiement partiel est venu la semaine dernière sous la forme d’une opération de sauvetage poignante de 42 familles chrétiennes syriennes, qui vivent désormais en sécurité à Varsovie.
« Nous avons été profondément émus par le sort des Chrétiens dans les pays du Moyen-Orient déchiré par les conflits, et nous aidons des familles chrétiennes à se rendre vers des refuges où ils peuvent mener une vie normale », a confié mardi Weidenfeld au Times of Israel.
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L’opération de sauvetage a été menée en partenariat avec la représentation britannique du Fonds National Juif (KKL), qui a pris la décision d’aider Weidenfeld lors d’une réunion du conseil d’administration juste avant Pessah de cette année.
Selon Michael Sinclair, vice-président du KKL en Grande-Bretagne, la demande faite par des philanthropes juifs Weidenfeld and Martin Green au KKL était inhabituelle mais finalement convaincante. Martin Green dirige la Fondation Euripide, qui travaille pour l’amélioration des relations entre Juifs et Chrétiens.
« Nous avons compris que c’est la bonne chose à faire, offrir de l’aide », a dit Sinclair. « Nous étions conscients de ces occasions rares mais spéciales, où des Chrétiens ont tendu la main à des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Les gens ont réalisé qu’il s’agissait d’une cause vraiment louable ».
Le remboursement honorable d’une dette de la Shoah était un facteur de motivation pour Weidenfeld.
« Dans les années 1930, des milliers de Juifs, surtout des femmes et des enfants, ont été aidés par des Chrétiens qui ont pris d’énormes risques personnels pour les sauver d’une mort certaine. Nous avons une dette de gratitude », a dit Weidenfeld.
Sinclair a cependant reconnu qu’il y avait eu une discussion interne quant à savoir si le sauvetage humanitaire était la bonne sorte de projet pour le KKL, une organisation qui est connue pour son travail dans le reboisement et le développement de la terre d’Israël, ainsi que pour l’éducation et la cause sionistes.
« Nous avons pensé à ce que nous aurions ressenti si nous avions appris qu’un groupe chrétien avait eu l’occasion de sauver des vies juives pendant la Shoah – et que nous avions décliné cette opportunité »
« Mais nous avons estimé que nos donateurs seraient d’accord – et nous avons également eu l’impression qu’une fois que nous avions été approchés, nous ne pouvions pas dire non », se souvient Sinclair.
« Nous avons pensé à ce que nous aurions ressenti si nous avions appris qu’un groupe chrétien avait eu l’occasion de sauver des vies juives pendant la Shoah – et que nous avions décliné cette opportunité. Ce fut vraiment la raison la plus convaincante pour s’engager ».
L’opération consistant à sortir les Chrétiens de leurs maisons dans un territoire contrôlé par l’Etat islamique – non spécifié pour des raisons de sécurité – a été coordonnée avec la Fondation Barnabas, une agence internationale de secours qui œuvre avec ce qu’elle appelle « l’église persécutée. »
Dans des conditions de grand secret, les 42 familles – 149 personnes au total – ont été transportées de Beyrouth à Varsovie, où beaucoup d’entre elles ont demandé à ne pas être identifiées par crainte de représailles contre des proches vivant encore en Syrie. Le gouvernement polonais a fourni des visas d’entrée, et un logement temporaire en Pologne a été offert par un organisme de bienfaisance basé à Varsovie, la Fondation Esther.
Des sources proches de l’opération ont révélé qu’il avait été question que les réfugiés passent d’abord par Israël, un plan qui a été rejeté pour des raisonsde sécurité.
Le sort des Chrétiens d’Orient, pris dans la guerre intestine entre factions musulmanes, a été largement ignoré par la communauté internationale. La Fondation Barnabas a lancé un plan de sauvetage appelé Operation Safe Havens – et la Fondation Weidenfeld Safe Havens distincte a couvert le coût de cette première mission d’un montant de 250 000 livres sterling. Le patron de la Fondation Barnabas, le marquis de Reading, Simon Isaacs, s’est félicité de l’argent versé par des associations caritatives juives et des particuliers au Royaume-Uni.
Le Fer de lance du projet a été le Lord Weidenfeld âgé aujourd’hui de 95 ans. 200 autres familles devraient arriver en Pologne dans les prochains mois.
Cependant, Sinclair dit que ce ne serait pas un « projet phare » pour le KKL. « Mais nous allons continuer à approcher des amis et contacts en Amérique du Nord et en Israël pour aider à financer les évacuations futures », a-t-il precisé.
Pour intensifier les efforts, la Fondation Barnabas est déjà en contact avec un certain nombre d’autres gouvernements d’Europe centrale et orientale pour discuter des projets de sauvetage similaires.
«Ils n’ont nulle part où aller, sauf si nous leur ouvrons nos portes quand ils en ont besoin »
Sir Charles Hoare, qui a conseillé la Fondation Barnabas sur l’évacuation, a appelé d’autres gouvernements européens à fournir un soutien.
« La communauté chrétienne au Moyen-Orient est confronté à sa plus grande crise. Les maisons de Chrétiens sont démolies par ce terrible conflit. Ils n’ont nulle part où aller, sauf si nous leur ouvrons nos portes quand ils en ont besoin », a déclaré Hoare.
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