Un tribunal innocente un homme du viol d’une survivante de la Shoah, âgée de 82 ans
Indignation générale lorsque les juges déclarent ne pas être certains qu'elle s'y soit opposée, notant l'absence de résistance à l'égard d'un homme de 43 ans déjà condamné pour viol
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le tribunal de Nazareth a acquitté lundi un homme accusé d’avoir violé une survivante de la Shoah âgée de 82 ans, après que les juges ont déclaré que les procureurs n’avaient pas démontré de manière convaincante que l’acte présumé n’était pas consensuel.
Les défenseurs des droits de la femme ont critiqué cette décision et ont exhorté les procureurs à faire appel devant la Cour suprême, tandis que les avocats de la victime ont déclaré qu’ils ne savaient pas comment lui annoncer la nouvelle.
Selon les procureurs, Adel Hayeb, 43 ans, a violé la femme et lui a causé des blessures qui ont nécessité une intervention chirurgicale d’urgence. Au moment des faits, Hayeb était sous la surveillance des autorités après avoir été libéré de 14 ans de prison pour avoir violé une femme de 70 ans.
Les juges Asher Kula, Danny Sarfati et Renana Galpas-Mokady ont estimé « qu’il n’a pas été prouvé que l’accusé a violé la plaignante sans son consentement » ou qu’elle a dit « non » à plusieurs reprises.
Ils ont ajouté qu’il n’était pas non plus prouvé que la femme « ait montré une résistance passive d’une manière ou d’une autre – ce qui aurait permis à l’accusé d’apprendre que la plaignante refusait d’avoir une relation compatible entre eux ».
Le président Kula a noté que la femme « n’a pas témoigné de manière cohérente et consistante, et a évité de répondre à certaines questions, à la fois lors de l’audience devant nous et lors des enquêtes de police ».
Il a souligné que Hayeb n’est pas totalement innocent et qu’il a « certainement » violé les dispositions de l’ordonnance de surveillance qui lui avait été imposée.
« C’est lui qui a fait des suggestions sexuelles flagrantes à la plaignante », a déclaré Kula. « Cependant, de là à être accusé de viol brutal, le chemin est long, voire très long. »
L’avocat commis d’office de Hayeb, Me Fathi Fukra, s’est félicité de la décision et a déclaré que son client avait fait l’objet d’un « assassinat de caractère ».
« Dès le début, il a nié toute infraction et affirmé que la relation était consensuelle », a déclaré Me Fukra.
Hayeb devrait être libéré dans les prochains jours.
« Sa vie a été ruinée par l’enquête, les accusations et les publications dans tous les médias », a déclaré Me Fukra.
Les procureurs ont déclaré qu’ils croyaient toujours à la version de la femme et qu’ils étudieraient la décision.
L’avocate Me Dorit Ben Avraham, qui représentait la femme, a déclaré en réaction au verdict « être choquée par la décision » et a parlé d’un « jour noir » pour les futures victimes de viol.
« Même si la relation a commencé de manière consensuelle – ce qui n’était pas vraiment le cas – l’accusé aurait dû s’arrêter à la seconde où le consentement a été mis en doute. »
Me Ben Avraham a déclaré que sa cliente n’avait pas encore été tenue informée du verdict « et nous nous demandons comment le lui annoncer ». « Nous craignons que cela ne lui cause des dommages graves et immédiats. Elle vit avec une grande anxiété depuis l’incident. »
Les deux se sont rencontrés en juillet 2022, un an et demi après la sortie de prison de Hayeb. Il a vu la femme dans la rue et l’a complimentée, selon les procureurs. Une relation s’est développée et Hayeb s’est présenté comme un shipoutznik – ou bricoleur.
Selon l’acte d’accusation, l’octogénaire l’a invité chez elle pour effectuer des petits travaux, mais lorsque Hayeb est arrivé, il l’a poussée dans la chambre à coucher, l’a agressée et l’a violée.
Elle a ensuite été transportée à l’hôpital Ziv de Safed avec des ecchymoses et des saignements qui ont nécessité une intervention chirurgicale d’urgence. Au cours du procès, la Cour a appris que la victime de viol âgée de 70 ans avait également subi des blessures physiques lors de son agression.
La députée Merav Ben Ari (Yesh Atid), a déclaré sur Twitter que le verdict du tribunal était « un scandale et une honte ».
Elle a conseillé à l’accusation de faire appel de cette « terrible décision ».
« Nous sommes choqués par la décision du tribunal d’acquitter un homme qui a violemment violé une survivante de la Shoah âgée de 82 ans », a déclaré Hadas Daniely Yelin, PDG du groupe de pression non gouvernemental Israel Women’s Network, dans un communiqué.
« Il s’agit d’un échec de nombreux systèmes qui ont besoin de se justifier », a-t-elle ajouté, qualifiant la décision de « délirante ».
Yelin a également exhorté les procureurs à faire appel de la décision devant la Cour suprême.