Une exposition toute en gaité revisite l’œuvre de l’artiste Maurice Sendak
Le Columbus Museum of Art ouvre les portes d’une exposition riche de plus de 150 œuvres de l’artiste
COLUMBUS, Ohio – La plupart des gens connaissent l’artiste Maurice Sendak pour ses livres pour enfants Where the Wild Things Are et In the Night Kitchen.
Une nouvelle exposition explore son travail ainsi qu’une facette moins connue peut-être de son immense créativité : son travail pour l’opéra, le théâtre, le cinéma et la télévision.
« Nous voudrions que le public se rende compte que Maurice est un artiste complet », explique Lynn Caponera, directrice exécutive de la Fondation Maurice Sendak à Ridgefield, dans le Connecticut.
La plupart connaissent déjà son oeuvre d’illustrateur et d’auteur de livres illustrés, ignorant qu’il a fait « beaucoup plus que cela », ajoute-t-elle.
« Wild Things are Happening » a ouvert ses portes ce mois-ci au Columbus Museum of Art, et ce jusqu’au 5 mars 2023.
C’est la première grande rétrospective de l’œuvre de Sendak depuis sa mort en 2012, la plus grande et la plus complète à ce jour.
Le titre de l’exposition vient d’une campagne publicitaire des années 1990 que Sendak a faite pour Bell Atlantic, avec des personnages de Where the Wild Things Are, pour promouvoir une « connexion internet rapide et fiable ».
L’exposition offre plus de 150 croquis, storyboards et peintures de Sendak, utilisés dans ses propres livres, dont Higglety Pigglety Pop!, qui raconte l’histoire de la maladie incurable de Jennie, son chien Sealyham terrier bien-aimé.
L’exposition présente également les illustrations les plus célèbres créées par Sendak pour d’autres auteurs, comme pour les livres Little Bear d’Else Holmelund Minarik.
Pour célébrer la passion de Sendak pour Mickey Mouse – apparu pour la première fois en 1928, l’année-même de naissance de Sendak, au sein d’un foyer d’immigrants juifs polonais – l’exposition donne à voir une illustration que TV Guide avait commandée en 1978, pour le 50e anniversaire de Mickey.
still thinking about her *
* Maurice Sendak's 1978 self-portrait-as-Mickey Mouse pic.twitter.com/IUpvUtsb0v
— $M (℠) (????????) (@dimension__tide) July 6, 2022
On y voit Sendak, également quinquagénaire, debout devant un miroir, qui fait signe à Mickey, de l’autre côté du miroir.
À la fin des années 1970, Sendak se lance dans une seconde carrière de costumier et scénographe.
Il travaille sur « Brundibar » de Krása, « La Flûte enchantée » et « L’Oie du Caire » de Mozart, et « L’amour pour trois oranges » de Prokofiev.
Une boucle vidéo présente le travail de Sendak pour une production de Casse-Noisette de Tchaïkovski, commandée en 1981 par le Pacific Northwest Ballet.
Sendak a également conçu des décors et des costumes, et écrit le livret de la comédie musicale « Really Rosie », basée sur son livre éponyme, sur une musique de Carole King.
Dans cette exposition, on trouve évidemment l’univers de Where the Wild Things Are, les aventures nocturnes fantastiques d’un garçon nommé Max sur une île peuplée de monstres.
Depuis sa publication en 1963, le livre s’est vendu à plus de 50 millions d’exemplaires et a été traduit en 40 langues.
On découvrira des croquis rarement vus de Where the Wild Things Are ainsi que des peintures, qui retracent l’histoire du livre depuis les dessins du début, en 1953, jusqu’à la publication.
On verra également les costumes du film de Spike Jonze « Where the Wild Things Are », sorti en 2009, tiré du livre.
Les adultes troublés par les rêves effrayants de Max « oublient que mon héros vit les meilleurs moments de sa vie, et qu’il contrôle la situation avec un incroyable mélange d’aplomb et de légèreté », expliquait Sendak en 1964, lors de son discours de réception de la médaille Caldecott pour son ouvrage.
Sendak admirait de nombreux artistes et illustrateurs, dont William Blake, Walt Disney et Beatrix Potter, admiration que l’exposition tente de traduire, explique Jonathan Weinberg, artiste et conservateur de la Fondation Maurice Sendak, abritée dans la maison où Sendak a travaillé et vécu de 1972 jusqu’à sa mort, avec son partenaire, le psychiatre Eugene Glynn.
« Maurice avait un talent sans limites », s’enthousiasme Weinberg.
« S’il ne savait pas faire quelque chose, s’il ne maîtrisait pas un style dont il avait besoin, à un moment donné, il faisait en sorte de l’apprendre. »
S’agissant de son travail pour les enfants, Sendak n’a jamais prêché ou tenté d’inculquer une quelconque morale, souligne Caponera.
Il avait compris que, comme cela arrive dans la vraie vie, les enfants peuvent être plus courageux encore que les adultes, plus maîtres d’eux-mêmes et finalement triompher des obstacles.
« Maurice disait qu’un bon livre pour enfants, c’est comme une guérilla », se rappelle Caponera.
« Vous y mettez des choses que les enfants voient, qu’ils comprennent fort bien et qu’ils doivent ensuite expliquer à leurs parents [en leur disant] ‘Oh, non, cela n’a rien d’effrayant’. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.