La famille d’Emily Hand en pleine incertitude, entre cauchemar et lueur d’espoir
Les preuves de l'enlèvement de la fillette à Beeri sont minces mais les autorités israéliennes ont informé Tom Hand que sa fille était finalement encore en vie
Les proches de la fillette que l’on croyait tuée par les terroristes du Hamas, dans le kibboutz Beeri et dont on pense désormais qu’elle fait partie des centaines d’otages détenus par le groupe terroriste à Gaza, dit que l’incertitude qui plane autour de son sort est à la fois un nouveau cauchemar et une lueur d’espoir.
Ils se confient un mois après l’interview émouvante de son père, qui se disait alors rassuré de savoir que sa fille était morte et non captive des terroristes.
Au départ, Emily Hand, fillette de 8 ans originaire de Beeri, a été signalée morte à l’issue de l’assaut du Hamas, le 7 octobre. Mais le 31 octobre, sa famille a été informée par les autorités israéliennes qu’elle avait probablement été prise en otage et qu’elle était vraisemblablement toujours en vie.
Suite à cette nouvelle, le père d’Emily, Thomas Hand, né en Irlande, a confié lundi, devant les caméras de la Douzième chaine, qu’il lui était « extrêmement difficile d’accepter cette nouvelle ».
« Penser que sa fille est morte, puis qu’elle est vivante, mais à Gaza, est très, très difficile à accepter et à digérer », a-t-il déclaré, décrivant Emily comme une « enfant innocente de 8 ans » qui aime « chanter, danser, faire des acrobaties et jouer du piano ».
« Nous pensions le cauchemar de notre famille terminé, et nous voilà de nouveau dans un autre type de cauchemar, celui de savoir qu’il y a une possibilité, une forte possibilité, qu’elle soit vivante, quelque part à Gaza. Nous espérons qu’elle est en vie et que, d’une manière ou d’une autre, nous la retrouverons, nous pourrons la serrer dans nos bras, l’embrasser, prendre soin d’elle. Elle ne sera plus la même. Il faudra l’aider à s’en remettre. »
En dépit de cette nouvelle, il souligne que le sort exact de sa fille lui reste grandement inconnu.
« C’était le chaos absolu, comme vous pouvez vous en douter. »
« Le seul élément tendant à prouver qu’elle est détenue à Gaza est qu’on ne l’a pas retrouvée morte, ni son amie chez laquelle elle dormait cette nuit-là ou la mère de son amie. Il n’y a aucune preuve qu’elles aient été tuées… Ce qui laisse présumer qu’ils ont pris tout le groupe en otage. »

« On nous a d’abord dit qu’elle avait été assassinée. Nous étions en deuil », a expliqué la demi-sœur d’Emily, Natalie Hand, devant les caméras de la Douzième chaine, dans une interview accordée ce dimanche. Mais la semaine dernière, « ils nous ont dit qu’il était très probable qu’elle ait été enlevée ».
Emily était partie à une soirée pyjama chez une amie du kibboutz lorsque le Hamas a déferlé, confie Natalie Hand. Son amie et la mère de cette dernière auraient elles aussi été enlevées, après avoir également été déclarées mortes dans un premier temps, précise Natalie.
Le 12 octobre, Thomas Hand avait déclaré à CNN qu’il préférait qu’Emily soit morte plutôt que prise en otage. « On nous a simplement dit : ‘Nous avons trouvé Emily, elle est morte’, ce à quoi j’ai répondu : ‘Oui’ et j’ai souri, parce que c’était préférable, de mon point de vue », disait alors Thomas, en larmes. « C’était soit morte, soit à Gaza, et sachant ce qu’ils font à Gaza, c’était pour moi pire que la mort… Sa mort était quelque part un soulagement. »
Installé au kibboutz Beeri en qualité de bénévole il y a de cela 30 ans, Hands avait fini par y fonder une famille. Il a eu Natalie et un fils, Aiden, avec sa première femme, avant de divorcer. Plus tard, il a eu Emily avec sa deuxième femme, Liat, emportée par un cancer il y a cinq ans.
Le kibboutz Beeri a été l’une des communautés les plus endeuillées le 7 octobre dernier, lorsque quelque 3 000 terroristes du Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tuant 1 400 personnes, dont de nombreux civils assassinés chez eux.
On estime à 10 % de la population totale du kibboutz, soit plus de 120 personnes, le nombre de victimes, tuées ou capturées lors de l’assaut. Pour Thomas et les siens, l’avenir demeure incertain, à plus d’un titre.
« Nous ne savons pas où aller », a-t-il déclaré à la Douzième chaîne lundi. « Nous ne savons pas si nous retournerons un jour à Beeri. Nous ne savons pas s’il sera un jour assez sûr de retourner à Beeri, donc pour les quelques années qui viennent, nous serons des réfugiés. »
« C’est un lourd fardeau », a-t-il poursuivi. « Mais nous nous en remettrons et, espérons-le, nous reverrons nos otages. Nous devons les récupérer. D’une manière ou d’une autre… Il n’y a plus rien à faire pour les morts, si ce n’est pleurer mais, Dieu m’en est témoin, il y a des choses à faire pour les otages. »

La famille d’Emily, qui a la nationalité irlandaise, a fait savoir que les autorités irlandaises avaient promis de faire tout ce ce qui étaient en leur pouvoir pour l’aider, tout en précisant que leur marge d’action était limitée.
Dans une interview accordée à l’Irish Times, Thomas a dit que « l’Irlande faisait pression auprès des négociateurs en raison de la présence d’une ressortissante irlandaise, otage à Gaza. »
« Nous savons que le Premier ministre irlandais a dit qu’il serait heureux d’accueillir des réfugiés de Gaza. Eh bien, s’il est heureux de le faire, qu’il commence déjà par faire quelque chose pour sa ressortissante ».
« C’était un vrai petit ange : elle ressemblait d’ailleurs à un ange. Elle était extrêmement sociable et aimait beaucoup la musique », déclarait-il à l’Irish Times le 18 octobre, avant de découvrir qu’Emily était peut-être encore en vie. « À la maison, elle chantait toute la journée et elle adorait danser. Elle regardait des vidéos de Beyoncé ; c’était sa préférée. Elle apprenait les chorégraphies très rapidement. »
S’adressant à sa sœur, Natalie Hand a déclaré depuis les studios de la Douzième chaine : « Sache que nous faisons tout pour te ramener à la maison ». « Nous savons que tu es retenue en otage. Nous t’aimons tellement : tu nous manques. »