Une Israélienne nouvelle directrice des programmes de Human Rights Watch
La nomination de Sari Bashi, activiste de longue date de l'ONG, mariée à un Palestinien, survient alors que le groupe cherche un successeur à son directeur Kenneth Roth

Quelques jours après l’annonce par Kenneth Roth de sa démission du poste de directeur exécutif de Human Rights Watch, l’organisation a fait savoir que Sari Bashi, une activiste juive israélienne mariée à un Palestinien, deviendra sa nouvelle directrice des programmes.
« Je suis enthousiasmée, honorée, touchée et reconnaissante de pouvoir annoncer que le mois prochain, je commencerai mon travail en tant que nouvelle directrice des programmes de HRW, un poste où je superviserai nos recherches et nos enquêtes alors que nous nous réorientons de manière à renforcer davantage l’écosystème des droits de l’Homme au sens large et où nous cherchons à relever les défis d’aujourd’hui », a écrit Bashi sur Twitter, vendredi.
Elle a ajouté qu’elle prendra la tête « d’une équipe de 271 chercheurs, conseillers, spécialistes et administrateurs qui tentent tous, avec humilité, de renforcer le pouvoir des défenseurs des droits de l’Homme locaux et nationaux et de soutenir leur travail ».
Bashi, avocate de carrière, avait cofondé, dans le passé, Gisha, une organisation prônant la liberté de déplacement pour les Palestiniens à Gaza, et elle avait dirigé le groupe. De 2015 à 2018, elle a été la directrice du bureau Israël-Palestine de HRW, et elle a réintégré l’organisation l’année dernière en tant que conseillère spéciale.
Cette organisation de défense des droits de l’Homme, dont le siège est à New York, a été fondée en 1978 et travaille dans le monde entier. Elle compte plus de 550 employés dans plus de cent pays et dispose d’un budget de 550 millions de dollars pour sa lutte contre les violations faites aux droits de l’Homme. L’organisation critique constamment et durement Israël et elle a provoqué l’ire des responsables et des diplomates israéliens au fil des années.
Il y a un an, HRW avait émis un rapport de 213 pages accusant Israël d’apartheid. Israël avait rejeté ce rapport avec force, affirmant que les accusations étaient « de fausses affirmations… à la fois ridicules et mensongères », et avait déclaré que HRW avait « un agenda anti-israélien depuis très longtemps ».

Suite à la guerre d’onze jours qui avait opposé Israël et le Hamas, au mois de mai dernier, le groupe avait accusé l’État juif et les Palestiniens de Gaza de crimes de guerre.
Le directeur de HRW pour les affaires israéliennes et palestiniennes, Omar Shakir, avait été expulsé d’Israël en 2019, accusé de soutenir le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), qui cherche à isoler Israël sur la scène internationale en raison de son traitement présumé des Palestiniens.
Ces dernières années, Bashi, née aux États-Unis, a ouvertement parlé de sa relation avec un Palestinien originaire de Gaza et du combat mené par le couple pour pouvoir vivre au même endroit. Ils se sont ainsi installés pendant quelques années aux États-Unis ainsi qu’en Afrique du Sud avant de vivre à Ramallah parce que, avait-elle expliqué, il leur avait été impossible de s’établir en Israël.
Par ailleurs, Kenneth Roth, directeur exécutif de l’organisation pendant près de trois décennies, a annoncé, la semaine dernière, qu’il démissionnerait de son poste cet été. Dans le communiqué émis pour annoncer ce départ, HRW a remarqué que Roth s’était fait des ennemis au fil des années en raison de ses activités.
« Bien qu’étant Juif et ayant un père qui a fui l’Allemagne nazie à l’âge de 12 ans, il a été attaqué pour les critiques émises par Human Rights Watch a l’égard des abus commis par le gouvernement israélien », a dit HRW dans un communiqué émis mardi.
Après le départ, fin août, de Roth, ce sera le directeur-adjoint du groupe Tirana Hassan qui deviendra son chef jusqu’à la nomination définitive de son successeur.