Une maman apprend aux petites Israéliennes à surmonter les obstacles de la vie
Tami Jeffay met à disposition d'une émission de télévision populaire ses compétences d'athlète et ses expériences de la vie quotidienne
Tami Jeffay a fait des sauts périlleux à l’intérieur de piscines vides, a effectué la célèbre épreuve gymnastique du L-sit sur les dents d’un râteau de tracteur et a l’habitude de côtoyer les rampes des skateparks locaux.
C’est toute une journée de travail intensif pour l’entraîneuse d’Acro Ninja, âgée de 39 ans, professeure d’anglais au lycée, mariée et mère de quatre enfants qui est également l’expérimentatrice officielle de l’émission de télé-réalité « Ninja Israël » (son mari Nathan Jeffay est le correspondant Santé et Science du Times of Israël).
L’émission, qui a achevé sa troisième saison avec un dernier épisode samedi soir, consiste à tester les participants sur une série d’exploits de force et d’agilité au sein d’un parcours d’obstacles considéré comme infranchissable tant il est difficile, suspendus au-dessus d’une piscine dans laquelle presque tous les concurrents finissent par tomber.
Avant que les concurrents se lancent sur le parcours, celui-ci est soumis à un intense contrôle de la part de professionnels, au nombre de 46 sportifs, dont Tami qui est l’une des rares femmes du groupe. Leur rôle est de donner des indications quant à la réalisation de ces obstacles. Par exemple, ils doivent dire si un obstacle doit être franchi avec une main plutôt que deux et vice et versa ; à quelle distance un saut doit être réalisé afin de permettre un certain pourcentage de réussite, etc.
La version israélienne de l’émission très populaire, produite par Keshet et se tenant dans le port de Haïfa, est issue du succès américain « American Ninja Warrior », basée elle aussi sur l’émission japonaise « Sasuke ».

Les épreuves Ninja initient un pan entier d’adultes et d’enfants au monde japonais du « sport ninja » qui consiste à franchir un parcours d’obstacles à l’aide de technique de gymnastique et d’acrobatie.
En Israël, ce sport a donné naissance à sa propre version « nationale » : l’Acro Ninja. Celui-ci a été développé par Aviv Reichman, dirigeant de plusieurs centres Acro Ninja dans le nord du pays et qui a formé au parcours d’obstacles de nombreux concurrents de l’émission.
L’Acro Ninja, qu’il ne faut pas confondre avec l’Acro Yoga (créé et développé par un ancien compétiteur américain de l’émission), combine le Ninja et le Parkour, un sport français, consistant à franchir une batterie d’obstacles urbains à l’aide d’acrobaties réalisées à grande vitesse. Ce dernier sport est considéré comme le précurseur de la « discipline » Ninja.
« C’est un peu comme un dérivé du Ninja classique », déclare Jeffay, qui pratique l’Acro Ninja et est entraînée par Reichman. « En fait, c’est la fusion entre le Parkour et l’Acrobatie. »
Participer à l’émission très populaire n’est pas le dessein de Jeffay. Mais elle affirme être très heureuse de faire partie de l’équipe des testeurs sportifs pour l’émission. Cela lui permet de travailler sa propre force ainsi que sa propre agilité.

Cependant, Jeffay a un projet qui lui tient à cœur. Il s’agit du Mighty Pack, un camp d’été qu’elle a créé il y a deux ans. Il accueille des petites filles et se fixe comme objectif de leur enseigner l’autonomisation via des modèles féminins d’une part ou en les familiarisant d’autre part à des tâches dites manuelles à l’instar de la mécanique automobile.
« Je n’ai pas besoin de me justifier quand je fais des tours de passe-passe, mais lorsque cela donne du pouvoir à d’autres personnes, on a l’impression d’aider et de soutenir les autres dans ce qu’ils veulent réaliser », confie Jeffay. « Surtout pour les petites filles qui selon moi ont besoin d’un coup de pouce. »
C’est quelque chose que Jeffay distingue bien : l’objectif de ses camps d’été n’est pas de faire de ces petites filles des Ninjas, mais l’objectif est de leur donner confiance en elles.
Ce sont des objectifs qui conviennent à Jeffay, femme énergique s’étant maquillée pour sa séance d’entraînement tenue dans l’après-midi.
Jeffay s’est catapultée au-dessus de murs, s’est suspendue à des barreaux avant de sauter par-dessus et a travaillé sur des flips à plusieurs reprises, célébrant le moment où elle parvint à le maîtriser.
Lorsque le staff de l’émission a demandé à Jeffay d’y participer, c’est sa fille de 10 ans, gymnaste de compétition, qui lui a donné le meilleur conseil en lui disant que ce ne sont pas les prix qui valent la peine mais le fait de participer au parcours, le sentiment d’avoir fait son maximum.
« Les gens veulent me payer pour que je sois un athlète Ninja ? », se demande Jeffay. « Allons-y ! »
Le corps souple et musclé de Jeffay s’est surtout adapté aux exigences de son sport. Lorsqu’elle s’est luxée le poignet récemment et qu’on lui a prescrit six mois sans entraînement, elle s’est plongée dans des programmes de physiothérapie à la maison et était de retour sur les barres cinq semaines plus tard.
Elle aime avoir les abdominaux musclés du fait de son entraînement sportif intensif. Mais elle ne le fait pas pour l’esthétique, plutôt pour la discipline et l’effort que cela nécessite. Une bonne philosophie de vie, selon elle.
« Je ne pense pas que tout le monde devrait être un athlète ninja, mais plutôt que tout le monde devrait être un ninja dans sa vie », affirme-t-elle. « Ayez la tête haute et dites-vous : ‘Oui je peux le faire, je peux ouvrir ces portes’, soyez au rendez-vous. »

Jeffay a croisé le chemin du parkour et de l’Acro Ninja après douze années de traitement de fertilité et de FIV épuisants ainsi que de fausses couches. Elle et son mari ont trois enfants biologiques ainsi qu’une fille aujourd’hui âgée de quatre ans, qui fait partie de leur famille depuis qu’elle a trois semaines.
Jeffay a décidé de s’occuper de son corps et de retrouver celui qu’elle avait auparavant il y a cinq ans. Toujours athlète, elle s’est rapidement lancée dans la course à pieds et la remise en forme.
Cherchant de nouvelles disciplines sportives, de nouvelles sensations, elle a découvert l’Acro Ninja lors d’une séance dans un gymnase. En pratiquant un peu au départ, elle s’est vite aperçue que son petit corps musclé était parfait pour les sauts, les acrobaties qui composent une large partie des parcours d’obstacles de l’Acro Ninja.
« Plus je faisais de sauts dans mes parcours, plus je ressentais mon corps et ma féminité », dit-elle. « Vous vous sentez faire des choses. Et quand vous vous sentez faire des choses, c’est qu’il y a de la féminité là-dedans. »
En postant ses exploits sur les réseaux sociaux, elle s’est vite aperçue que cela motivait ses amis. Que comme elle, ils s’impliquaient et se dépensaient davantage dans leur projet. Que cela soit dans la préparation de gâteau ou dans la réussite de projets familiaux ou professionnels.
Grâce aux réseaux sociaux, les gens ont commencé de plus en plus à demander à Jeffay ce qu’elle pouvait faire pour que leurs petites filles se dépensent ou pratiquent l’Acro Ninja. C’est dans cette perspective, celle d’aider les petites filles à s’autonomiser, que Jeffay a monté le Mighty Pack, pour qu’elles puissent prendre conscience de leur capacité et qu’elles aient davantage confiance en elles.

Organiser ces camps fut un moyen pour Jeffay de combiner ses différents mondes.
Elle a mis en place un camp d’été en journée pour les petites filles âgées de 4 à 7 ans. À l’avenir, elle aimerait pouvoir proposer des camps à des filles plus âgées.
Try to spot the Mighty Girls in your child’s kindergarten or classroom. They are mini superheroes, who stand out because they are fearless, resourceful and kind. They have learnt to fight and stand up for what they believe in. I can only hope your child is lucky enough to have one for a friend. Every girl can be mighty… come and join the revolution next summer #themightypack
Posted by Tami Jeffay on Monday, August 31, 2020
Quant à sa pratique personnelle de l’Acro Ninja, elle essaie de combiner ses obligations professionnelles, son rôle de mère de famille et sa passion sportive. Avec la pandémie et le confinement, elle doit s’occuper davantage de ses enfants avec son mari, ce qui lui prend un peu de temps sur ses entraînements. En tout cas, quand elle s’exerce, elle apprécie particulièrement cette heure d’entraînement où elle n’est responsable que d’elle-même.
« L’Acro Ninja m’offre le sentiment d’être invincible », confie-t-elle. « Dans la vie, tout ne fonctionne pas forcément et systématiquement comme il faut. Mais il faut tout faire pour. »
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