Une musulmane tuée par une roquette du Hezbollah : Une ville arabe subit une explosion de racisme
Dans la ville de Shfaram, en Galilée, la famille de Safaa Awad est consternée par les propos racistes de certains Juifs sur les réseaux sociaux après sa mort ; Tag Meïr s'excuse
SHFARAM, Nord d’Israël – Trois représentants de Tag Meïr, une organisation bénévole qui tente de lutter contre le racisme, ont dit à deux sœurs de Safaa Awad, 41 ans, qui a été tuée par une roquette du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah tirée du Liban sur le nord d’Israël lundi, qu’ils étaient désolés pour les commentaires racistes que certains Juifs israéliens ont publiés sur les réseaux sociaux après sa mort.
« Nous avons honte parce que ce ne sont pas des voix juives », a déclaré Yossi Saïdov, qui est venu de Jérusalem avec Avner Reshef et Charlie Alexander pour présenter leurs condoléances à la famille de Safaa et leurs excuses. « Nous sommes venus vous dire que nous comprenons votre perte et que nous sommes avec vous. »
Najlaa Awad a remercié les trois hommes et s’est dite « troublée et choquée » par les commentaires négatifs qu’elle a vus.
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« Ce n’est pas parce que ma sœur se couvrait la tête qu’elle était une terroriste », a déclaré Najlaa.
Safaa, mère de quatre enfants, était enseignante dans une école primaire. Elle se trouvait dans le mamad – pièce sécurisée – de l’appartement familial, situé au dernier étage d’un immeuble de trois étages, lorsque le Hezbollah a tiré cinq projectiles sur la Galilée.
L’hôpital Rambam de Haïfa a indiqué que 56 victimes au total avaient été amenées pour être soignées, principalement pour anxiété aiguë. Quatre femmes sont toujours soignées à l’hôpital dans un état léger à modéré.
L’armée israélienne a déclaré que des missiles d’interception avaient été lancés pour contrer l’attaque et qu’elle enquête sur l’impact.
Najlaa a expliqué aux visiteurs de Tag Meïr que les deux sœurs avaient grandi dans une famille « libérale ». Ils ont écouté Najlaa décrire comment certains de ses neveux servaient dans Tsahal.
Selon le site web de Tag Meïr, l’organisation présente ses condoléances aux victimes du terrorisme, repeint les graffitis racistes et organise des réunions avec des politiciens pour faire baisser la rhétorique incendiaire.
« D’autres servent dans la police des frontières. J’ai été bénévole dans un programme de police pour les jeunes pendant de nombreuses années », poursuit Najlaa. « Ma sœur a été tuée par une roquette, et nous devons encore pâtir des commentaires haineux. »
Après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, lorsque date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle, Najlaa a déclaré : « Cela nous a fait de la peine parce que nous sommes des résidents israéliens. »
Puis elle s’est arrêtée et a ajouté : « Nous en avons assez d’entendre du mal. Chaque bonne parole nous aide. »
Une série de pertes tragiques
Le 31 octobre, des roquettes du Hezbollah ont tué Mina Hasson, 60 ans, et son fils Karmi Hasson, 21 ans, des habitants de Shfaram qui cueillaient des olives dans un verger près de la ville.
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Depuis, le groupe terroriste chiite libanais a étendu ses attaques aux villes du centre et du nord d’Israël, en plus des attaques à la frontière.
Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord, à la frontière du Liban, peu après l’assaut barbare et sadique du Hamas le 7 octobre, de crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire.
Au cours de l’année écoulée, les attaques contre le nord d’Israël ont entraîné la mort de 44 civils israéliens. En outre, 72 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont perdu la vie lors d’affrontements transfrontaliers et de l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
Une ville aux trois religions
Shfaram, une ville tentaculaire située sur sept collines en Galilée, est une communauté mixte de quelque 43 000 habitants. On y trouve des musulmans, des chrétiens et des druzes, un mélange de modernité et de tradition, avec des femmes portant des vêtements occidentaux à la mode, arborant des tatouages et portant des Converse, et d’autres vêtues de hijabs, de gabiyas et de voiles blancs traditionnels druzes. Des magasins, dont les noms sont écrits en arabe, en hébreu et en anglais, pullulent dans les rues.
« Nous sommes une ville de trois religions », a déclaré Raaf Siddiq, directeur du système éducatif de Shfaram.
« Nous sommes un modèle de coexistence. Les gens d’ici travaillent dans la haute technologie à Haïfa, ils travaillent parmi les Juifs. »
Il a toutefois déclaré que « l’idéologie raciste de [Itamar] Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, s’est propagée ».
Il a déclaré que lui et d’autres habitants de la ville avaient l’impression d’avoir vécu deux explosions : d’abord, la roquette, puis « une explosion de racisme ».
« Le racisme au moment où nous souffrons le plus. Il est très difficile de faire face au racisme en plus de la guerre. Nous avons l’impression d’être pris entre deux feux. »
Siddiq a souligné qu’il enseignait à ses enfants que « nous ne devons pas toujours être d’accord, mais nous devons nous respecter les uns les autres ».
Après l’attaque de lundi, il a déclaré qu’aucun ministre du gouvernement n’avait appelé. Mais depuis, la ville a reçu la visite du ministre de l’Éducation Yoav Kisch, du ministre des Affaires de la Diaspora Amichaï Chikli et du membre de la Knesset Benny Gantz. Tous trois ont rencontré les responsables du Shfaram et ont présenté leurs condoléances à la famille.
« Même les jours difficiles, nous devons voir les liens », a déclaré Siddiq.
Shourouk Naffa, directeur adjoint du département des Services urbains de Shfaram, a déclaré que depuis l’explosion de la roquette, la mairie aide les personnes dont les maisons ont été endommagées à trouver un logement temporaire. Jeudi matin, le personnel du bureau de Naffa était occupé à répondre aux appels des personnes qui souhaitaient parler à un assistant social ou à un psychologue.
Naffa a déclaré que la guerre l’avait finalement directement touchée, ainsi que d’autres habitants de la ville.
« Nous n’avions jamais vraiment ressenti la guerre jusqu’à présent », a-t-elle reconnu.
« Je regarde toujours les informations sur la guerre à la télévision, mais je n’avais jamais pensé que je verrais les mêmes images de mes propres yeux. »
Lorsque ses filles lui demandent pourquoi il y a une guerre, Naffa essaie de leur expliquer que « deux pays différents veulent la même terre ».
« J’essaie de ne pas parler de politique avec mes enfants. Nous travaillons avec des Juifs, nous avons des amis juifs. C’est difficile. »
L’école élémentaire Alfoar où Safaa Awad a enseigné pendant 26 ans est fermée en raison de la situation sécuritaire. Depuis l’enterrement de Safaa, ses proches se sont rassemblés dans l’une des salles de classe vides de l’école, où les gens viennent lui rendre hommage.
Les visiteurs ont fait remarquer que Safaa était généreuse et chaleureuse, une femme qui « avait toujours le sourire aux lèvres ».
« Nous devons nous fixer de nouvelles priorités », a déclaré Ola Anabtawi, la directrice de l’école primaire Alfoar.
« Nous devons parler davantage. Établir plus de liens. Nous ne savons pas quand nous perdrons les personnes que nous aimons. »
Les sœurs de Safaa ont parlé tranquillement aux représentants de Tag Meïr venus leur présenter leurs excuses et leurs condoléances.
« Tout le monde est né à l’image de Dieu », a dit Saïdov aux sœurs de Safaa.
« Nous voulions venir ici pour vous dire que vous n’êtes pas seuls. »
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