Israël en guerre - Jour 346

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Une professeure quitte Sciences Po Nancy, dénonçant « l’antisémitisme rampant »

En réponse, la direction de l’établissement la menace de poursuites pour diffamation ; plusieurs IEP ont été touchés par des actes présumés antisémites ces derniers mois

Le campus de Sciences Po Nancy, en 2018. (Crédit : Antony-22 / CC-BY-SA-4.0)
Le campus de Sciences Po Nancy, en 2018. (Crédit : Antony-22 / CC-BY-SA-4.0)

Sophie Vu-Ngoc Saada, 49 ans, professeure d’allemand à Sciences Po Nancy depuis 2012, a annoncé sur LinkedIn sa décision de quitter l’établissement en raison de l’antisémitisme ambiant.

« Je refuse, par ma présence, de cautionner l’antisémitisme rampant infiltré dans l’institution », a-t-elle expliqué.

En réponse, la direction de l’établissement la menace de poursuites pour diffamation, a rapporté le journal local L’Est républicain.

L’attaque barbare sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre et la réponse israélienne à Gaza ont provoqué d’importantes tensions et des manifestations d’antisémitisme sur les campus universitaires à travers le monde.

Sciences Po Paris a ainsi été touché par d’importantes mobilisations et blocages anti-Israël, visant à ce que la direction de l’université condamne les actions de l’armée israélienne dans le cadre de la guerre à Gaza et suspende ses liens avec des universités israéliennes. Une étudiante juive a aussi été refoulée d’une conférence pro-Palestine le 12 mars, incident qui a plongé le campus dans la tourmente.

Le campus de Sciences Po Menton – qui propose une formation axée sur les dynamiques politiques, économiques et sociales de la région Méditerranéenne et du Moyen-Orient – a lui aussi été touché par de nombreux actes présumés antisémites. Plusieurs étudiants ont ainsi témoigné d’un climat insupportable depuis le 7 octobre, sur ce campus qui regroupe chaque jour près de 400 étudiants, dont plus de la moitié vient de l’étranger, regroupant ainsi 61 nationalités.

« Il y a des jours normaux où tout se passe relativement bien et puis d’autres plus difficiles… ça commence par une blague antisémite, entendue par tous, jetée sur les bancs de l’amphithéâtre ou lancée à l’extérieur », a témoigné un étudiant de Sciences Po Menton auprès de Nice-Matin. « Je dirais que c’est faire preuve de méchanceté et d’immaturité, mais aussi d’ignorance, quoiqu’elle soit quand même un peu volontaire… Moi, j’évite la politique de la confrontation et j’essaie même de discuter avec certains, ou je fais le gars qui n’entend pas ou qui trouve ça drôle pour éviter le scandale… Car au fond, ça ne sert à rien, mais la vérité c’est que je vis chaque jour une hostilité franche à Israël et un antisionisme, dont je suis persuadé qu’il est à 99 % antisémite… Des étudiants juifs et d’autres ont bien mis en place en partenariat avec Amnesty Menton une conférence sur l’antisémitisme pour essayer d’éveiller les consciences… mais le chemin sera long. »

« Dans ce climat invivable, je ne recommande à aucun étudiant de venir sur ce campus, je dirai même qu’il faut le fuir ! », a ajouté une étudiante juive auprès du même journal. « Et le pseudo-combat qu’on essaie de mener ne portera pas ses fruits. L’antisémitisme déjà présent avant le 7 octobre est aujourd’hui vicieux, les étudiants juifs sont mis de côté, isolés, on ne leur parle plus, il y a même des refus de collaborer avec eux en cours, moi c’est simple, j’ai arrêté d’aller en cours… Ce n’est vraiment pas la peine de gâcher ses deux premières années d’enseignement supérieur… D’autant qu’il n’y a pas de fermeté, ni de sanction face à cette situation. »

Dans un autre témoignage publié par Le Figaro, une étudiante dit : « Nous, les étudiants juifs, n’étions pas vraiment à l’aise avant cet attentat. Mais depuis, il faut admettre que notre vie est devenue impossible. C’est simple : en cours plus personne ne se met à côté de moi, il y a des rangées vides. Nous ne sommes plus invités aux soirées, personne ne veut faire des travaux de groupe avec nous. J’aimerais que l’administration comprenne que ce campus est devenu un vrai enfer pour les étudiants juifs. J’en suis à plusieurs semaines d’arrêt maladie et je ne suis pas la seule à en souffrir. »

« L’antisémitisme dans ce campus est une préoccupation depuis des années. Lorsque nous y avons ouvert une section de l’association il y a quelques années, nous avions organisé une conférence en ligne avec une rescapée de la Shoah. On avait signalé plusieurs commentaires antisémites ou propos scandaleux », a expliqué Samuel Lejoyeux, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). « Il y avait donc une musique de fond et le 7 octobre a vraiment libéré la parole des étudiants qui en veulent aux Juifs. »

Pour ces raisons, Christian Estrosi, maire Les Républicains de Nice et président délégué de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a annoncé le 3 avril dernier envisager de supprimer les subventions régionales versées à cet IEP de Menton.

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