Christian Estrosi menace de retirer ses financements à Sciences Po Menton
Le président-délégué de la Région Sud explique avoir été informé d’actes d’antisémitisme au sein du campus et envisage des sanctions exemplaires
Mercredi 3 avril, Christian Estrosi, maire de Nice et président-délégué de la Région Sud, a expliqué avoir été informé par un « rapport détaillé » d’actes présumés antisémites au sein du campus de Sciences Po Menton. Ce grand soutien d’Israël a ainsi menacé l’institution universitaire – qui propose une formation axée sur les dynamiques politiques, économiques et sociales de la région Méditerranéenne et du Moyen-Orient – de sanctions exemplaires.
« Il apparaît que depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, une hausse des incidents antisémites est observée par les étudiants et a été reportée à la direction », a-t-il déclaré. « L’exclusion d’étudiants juifs et israéliens en raison de leur identité, le déni de l’identité, culture et histoire juives et des menaces et actes de violence sont notamment dénoncés, entraînant le départ d’étudiants », a-t-il poursuivi.
Il explique avoir reçu Samuel Lejoyeux, président de l’Union des étudiants juifs de France, et a évoqué des sanctions : « En tant que financeur de Sciences Po Menton à la Région, j’ai été informé des attitudes antisémites à l’égard des étudiants de confession juive. J’ai demandé à son directeur de prendre toutes les mesures disciplinaires nécessaires et des mesures de protection pour les élèves victimes aujourd’hui de ces agissements. À défaut, nous nous réservons la possibilité de suspendre les financements de la Région. J’apporte mon total soutien à ces étudiants. »
Ses propos surviennent après un reportage du Point, fin mars, qui rapporte « qu’une partie des étudiants juifs du campus déplore leur ostracisme depuis le 7 octobre », notamment de la part de l’association Sciences Palestine et de militants du mouvement BDS, tandis que « les professeurs et la direction tempèrent ».
« Nous faisons tout pour faire vivre le dialogue entre les étudiants de différentes nationalités et de différentes confessions, bien évidemment profondément traversés par le conflit au Proche-Orient », avait réagi la direction, évoquant plusieurs convocations et affirmant que « les faits sont parfois difficilement caractérisables ».
L’attaque barbare sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre et la réponse israélienne à Gaza ont provoqué une très forte hausse de l’antisémitisme partout dans le monde, en Europe, en Amérique et ailleurs, et notamment sur les campus universitaires, où le conflit y est un sujet qui peut susciter de très vives tensions.
Dès le 9 octobre, la ministre Sylvie Retailleau avait envoyé un courrier aux présidents d’établissements scientifiques les exhortant à sanctionner les « actions et propos » relevant de « l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine ou à la violence » sur les campus.
Le 17 mars, elle a réagi à la polémique qui agitait Sciences Po Paris, alors que des soupçons d’antisémitisme pèsent sur l’école après qu’une étudiante, membre de l’Union des étudiants juifs de France, s’est vue refuser l’accès à une conférence pro-palestinienne.
Fin janvier, trois étudiants juifs ont été agressés à l’Université de Strasbourg alors qu’ils collaient des affiches pour la libération des otages du Hamas et contre l’antisémitisme.