Une ville du Maine enlève l’étoile de David de sa crèche de Noël
Une organisation arabe locale a demandé à ce que le symbole juif soit enlevé ; le maire affirme que la décision a été prise pour éviter de privilégier une religion en particulier
JTA – Une banlieue de Portland, dans le Maine (États-Unis), a retiré l’étoile de David de sa crèche annuelle de Noël suite aux plaintes d’une organisation arabo-américaine locale, qui a jugé l’étoile « offensante » dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Toutefois, le maire de Westbrook a déclaré à la Jewish Telegraphic Agency que la raison du retrait de l’étoile était davantage liée aux efforts déployés par la ville pour faire respecter la clause d’établissement de la Constitution américaine, qui est censée interdire les manifestations ouvertement religieuses sur les propriétés publiques. Il a ajouté que les groupes juifs locaux avaient convenu que l’étoile devait être retirée et que Hanoukka serait représentée pour la première fois dans cet évènement de la ville par des dreidels.
« Je pense que cette décision a été prise dans un but positif, pour essayer d’être plus inclusif », a souligné le maire Michael Foley, ajoutant que, depuis que l’affaire a été révélée par les médias locaux, il avait reçu des appels de citoyens l’accusant d’antisémitisme. « Il n’y avait aucune mauvaise intention. C’était une erreur humaine. Nous n’avons jamais mis ce symbole dans nos installations. »
Foley a expliqué que l’étoile avait été commandée par un employé de la ville à son insu. Il a ajouté : « Je ne saisis toujours pas » pourquoi le groupe arabe local, l’Organisation arabo-américaine de Nouvelle-Angleterre, s’est plaint de l’étoile.
L’étoile de David est un symbole utilisé par les communautés juives depuis le XVIIe siècle ; elle a également été utilisée par leurs opposants, notamment les nazis, pour identifier les Juifs. L’étoile de David est également le symbole central du drapeau israélien, adopté en octobre 1948, quelques mois après la création de l’État d’Israël.
« Ils y voient une prise de position de la ville dans la guerre, un soutien à un pays plutôt qu’à un autre », a déclaré Foley à propos du groupe qui s’est opposé au symbole. L’organisation n’a pas répondu aux demandes de commentaires de la JTA.
Le débat autour d’Israël et de Gaza est toujours aussi houleux depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, qui a fait près de 1 200 morts, pour la plupart des civils, et au cours de laquelle 240 otages ont été emmenés à Gaza, suite à quoi Israël a déclaré la guerre au groupe terroriste dans la bande de Gaza. Ce débat semble, à présent, s’être étendu aux installations publiques.
En début de semaine, l’université du Texas à Dallas a retiré les « spirit rocks » (des rochers là pour être peints) qui trônaient sur le campus depuis des années parce que, selon les administrateurs, les étudiants les utilisaient pour peindre des messages de plus en plus agressifs sur Israël, Gaza et les Palestiniens.
Mais la présence (ou l’absence) de symboles juifs dans les installations municipales est une question beaucoup plus ancienne, qui a fait l’objet d’un litige devant la Cour suprême des États-Unis. Dans une affaire de 1989, la Cour a jugé que l’installation d’une crèche dans le palais de justice de Pittsburgh n’était pas autorisée parce qu’elle pouvait être interprétée comme favorisant une religion par rapport à une autre, mais que l’installation d’une menorah Habad-Lubavitch était autorisée parce que la ville faisait preuve de pluralisme en l’associant à un arbre de Noël.
Foley avait espéré que la ville de Westbrook ferait également preuve d’un esprit de pluralisme. Ces dernières années, la ville a choisi d’inclure Hanoukka et d’autres fêtes dans son installation, tout en évitant les symboles explicitement religieux, sur les conseils de son conseiller juridique. « Nous avons essayé de nous en tenir aux couleurs, aux flocons de neige, aux bonshommes de neige et aux animaux », a-t-il déclaré.
Le personnel municipal a opté pour les dreidels, a-t-il dit, parce que cette solution « semblait être un compromis raisonnable avec les membres de la communauté ». Ce sera la première année que les dreidels feront partie de l’installation (Westbrook, qui compte environ 20 000 habitants, n’a pas de synagogue).
Foley a déclaré qu’il n’était pas au courant qu’un membre de l’équipe d’installation de la crèche avait commandé l’étoile de David et qu’il ne savait pas qu’elle était considérée comme un symbole religieux important pour les Juifs au-delà de Hanoukka.
« En ce qui me concerne, le dreidel est un symbole très approprié pour les fêtes d’hiver dans le cadre de cette installation lumineuse », a déclaré Molly Curren Rowles, directrice de l’Alliance de la communauté juive du sud du Maine, à la JTA.
Rowles a déclaré que son groupe, basé à Portland, a été impliqué tardivement dans le conflit, mais qu’elle espérait maintenant en faire une occasion d’enseignement interconfessionnel. Elle a contacté le groupe arabo-américain pour mieux comprendre leur objection, mais n’a pas encore eu de retour de leur part.
« Nous serions bien évidemment concernés si l’étoile de David était perçue comme un symbole offensant », a-t-elle déclaré. Bien que l’alliance « respecte la clause d’établissement », a-t-elle ajouté, « nous sommes heureux d’avoir des étoiles de David partout où les gens veulent les mettre ».
Des pourparlers sont en cours pour ajouter une menorah à l’installation municipale d’arbre de Noël, et une église locale a proposé d’installer l’étoile de David sur sa propriété, ce qui, selon Foley, est un geste de solidarité envers la communauté juive. Mais il a ajouté qu’il suivrait les conseils de la communauté juive locale pour déterminer si cela est approprié.