Une visite de Pâques sur le mont du Précipice et à Nazareth, où avait grandi Jésus
Malgré la baisse du tourisme entraînée par la guerre, les églises, la basilique, la Mosquée blanche et une Vieille Ville charmante, remplie d'épiceries et de restaurants goûteux, restent toujours aussi envoûtants
- Le sommet du mont du Précipice, aux abords de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- L'extérieur de la basilique de l'Annonciation à Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- L'ancienne cour au niveau de la grotte de la basilique de l'annonciation qui aurait été la maison de Marie à Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- L'une des nombreuses allées venteuses de la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Une école de couture de la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Une école de couture de la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Des ustensiles de cuisine au marché de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Le sommet du mont du Précipice aux abords de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am).
- L'une des nombreuses allées venteuses de la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Une Maison d'hôtes dans la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Un magasin pittoresque de la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Une boutique vendant un dessert moyen-oriental appelé knafe à Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
A l’approche de l’an 2000, le pape Jean-Paul II avait annoncé qu’il se rendrait à Nazareth. La tradition chrétienne accorde une importance considérable à la montagne qui est située aux abords de la ville antique et, supposant que le pape s’aventurerait jusqu’à son sommet, le Fonds national juif (KKL-JNF) israélien s’était lancé dans une course contre la montre pour préparer le site en vue de la visite du souverain pontife. Une route excellente menant en haut de la montagne avait été aménagée, une aire de stationnement avait été pavée, un chemin arpentant un panorama superbe avait été tracé jusqu’au sommet et un poste d’observation spectaculaire, surplombant Nazareth et la Basse-Galilée, avait été installé. Toutefois, avant même que le JNF soit en mesure de terminer la construction de gigantesques cartographies en pierre qui devaient entourer un olivier, le pape avait annoncé qu’il renonçait à cette sortie particulière.
Vingt-cinq années plus tard, le site est toujours aussi bien préservé et attractif que lors de sa création, et les traditions entourant la montagne restent toujours aussi fortes. Selon les Évangiles, cela avait été depuis ce pic, situé à 397 mètres au-dessus du niveau de la mer, que des villageois enragés avaient poussé Jésus de Nazareth dans l’abysse, au-dessous.
Le nom latin de la montagne est Saltus Domini – le saut du seigneur. Son nom en hébreu, Har HaKefitza, se traduit littéralement par « le mont du saut », et le lieu est aussi connu sous le nom de mont du Précipice. La tradition affirme que Jésus était à Har HaKefitza et même si les évangiles notent « qu’il a marché tout droit à travers la foule et qu’il a continué son chemin », un grand nombre pensent pourtant qu’il avait sauté dans la vallée, depuis les hauteurs.
Le mont du Précipice est l’un des nombreux sites relevant de la tradition chrétienne à Nazareth, et sa basilique catholique de l’Annonciation serait, semble-t-il, la plus grande église de tout le Moyen-Orient. La ville, qui accueille une population arabe, formée de musulmans et de chrétiens, se caractérise aussi par son immense marché, par une Vieille Ville très diversifiée et dont certains lieux sont fascinants – et dont les restaurants, pour certains, proposent des plats qui frôlent l’excellence.
En temps normal, les pèlerins arpentent les rues de Nazareth toute l’année – Pâques et Noël restent néanmoins les fêtes les plus populaires de la ville. Actuellement, toutefois, même si la localité et ses alentours ont été totalement épargnés par les tirs de roquette et que déambuler dans la ville se fait dans des conditions de sécurité optimales, il n’y a aucun touriste à Nazareth. En fait, le jour où nous nous y sommes rendus, le week-end dernier, nous n’avons remarqué que quelques visiteurs en provenance de Corée, en plus d’une famille venue d’Afula, à proximité.
Nous avons réservé une chambre au Legacy Hotel, une adresse qui nous avait été chaudement recommandée par des amis. Nous n’avons donc par été surpris par la présence de la belle exposition archéologique présentée dans l’entrée, par notre chambre spacieuse et le parking gratuit – ce qui est un must à Nazareth, une ville généralement prise d’assaut. Et la localisation de l’hôtel est fantastique : il ne se trouve qu’à quelques minutes de toutes les attractions majeures.

S’étendant sur les versants montagneux de la Basse-Galilée, Nazareth est l’un des sites les plus importants du christianisme. Sa Vieille Ville est située presque au bas de la montagne et c’est là que, selon la tradition chrétienne, l’ange Gabriel aurait annoncé à Marie qu’elle porterait un fils qu’elle appellerait Jésus ; c’est là aussi que Joseph, son promis, exerçait son travail de charpentier dans son atelier. Et c’est là, bien sûr, que Jésus devait vivre pendant la plus grande partie de son enfance et de sa jeunesse.
Construite à l’endroit même où se serait trouvée la maison qui était celle de Marie – l’endroit, d’ailleurs, où l’ange Gabriel lui serait peut-être apparu, selon certains chrétiens – la Basilique de l’Annonciation est la structure la plus imposante de la ville. Elle a été édifiée dans les années 1960, sur les ruines d’églises dont la construction remontait jusqu’à la période byzantine, à l’époque des Croisades ou pendant la gouvernance ottomane de la Palestine. Le pape Jean-Paul II avait célébré une messe dans cette basilique monumentale pendant son séjour en Israël.

Avec une façade en tuile plutôt inhabituelle et trois portes qui s’inspirent des entrées permettant d’accéder à la basilique Saint-Pierre de Rome, l’église est construite sur deux étages : le rez-de-chaussée où ont lieu les messes contemporaines, dont les murs sont recouverts de mosaïques colorées, et un niveau inférieur, une grotte qui aurait été, dans le passé, la maison de Marie.
Les portes sont conçues à partir de panneaux en cuivre qui dépeignent des scènes de la vie de Jésus. Et dans la cour, des mosaïques et des icônes en tuile montrent Marie, telle qu’elle est décrite dans des dizaines de pays allant de la Thaïlande à l’Ukraine, de l’Irak au Maroc et de la Chine à la Bolivie.

Une fontaine, le Puits de Marie, laisse échapper son eau à environ un kilomètre de la Basilique, avec derrière elle l’église grecque-orthodoxe de Saint Gabriel. A l’intérieur, à son niveau le plus bas, il y a une source. De nombreux chrétiens croient que Gabriel était apparu à Marie alors qu’elle prenait de l’eau à cette source – l’une des raisons expliquant la raison pour laquelle la basilique porte le nom de l’Annonciation.
L’église Saint Gabriel est beaucoup plus ancienne que la basilique catholique : Elle avait été construite pour la première fois par les Croisés (voire même à l’époque byzantine) et sa forme actuelle remonte au 18e siècle. Comme d’autres églises orthodoxes orientales, son iconostase cache l’autel. S’il fait plutôt sombre à l’intérieur, les murs et les plafonds sont recouverts de fresques vives et colorées.

Le nouveau testament raconte « qu’il se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture. Et on lui remit le livre du prophète Ésaïe [Évangile de Luc 4:16-17]. Certains spécialistes pensent que Jésus avait entraîné la colère de la population en faisant allusion aux paroles prophétiques d’Ésaïe au sujet du messie : « L’esprit du seigneur souverain reposera sur lui » – en lien avec lui-même. D’autres prétendent que Jésus avait refusé de faire des miracles sur commande, causant la fureur des fidèles. Dans une expression qui fait dorénavant partie intégrante de l’hébreu en tant que langue, Jésus avait déclaré que « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie » [Évangile de Matthieu, 13:57].
Pas très loin de la basilique, il y a une église datant de l’époque des Croisades qui est confiée aux soins de la communauté grecque catholique melchite et qui comprend, selon une tradition du 6e siècle, la synagogue où Jésus aurait fait ses études, où il aurait prié et prêché. Et cela pourrait donc alors qu’il se tenait là, pensent certains, que la population lui avait fait quitter la ville.
Un panneau, à l’extérieur, signale la « synagogue » en anglais et en arabe et un autre raconte l’histoire traditionnelle du site. A l’intérieur, les plafonds de pierre ont la forme d’arches et au sol, des carrelages antiques mènent à l’autel.

Il est impossible de manquer l’église Saint Joseph, un peu plus au sud de la basilique de l’Annonciation, une église au dôme brillant de couleur orange. De style médiéval, terminée en 1914, elle a été construite sur les ruines d’une église datant des Croisés. Les deux édifices ont été bâtis au dessus de grottes taillées dans la pierre, où le visiteur peut se rendre après avoir descendu un escalier. Certains pensent que c’est là que Joseph, le père de Jésus, un charpentier, avait son atelier. D’autres affirment que c’est le lieu où vivaient Jésus, Marie et Joseph.
Après notre visite des sites chrétiens, nous avons commencé à nous promener dans la Vieille Ville. Là-bas, nous avons découvert un atelier de couture aux couleurs vives et grouillant d’animation ; un magasin familial ouvert en 1890 qui vend des herbes, des épices et de (très) anciens moulins à épices, la porte pittoresque d’une petite chambre d’hôtes et des boutiques à la décoration unique.

Jérusalem s’enorgueillit d’un complexe russe, construit dans les années 1960, qui offrait une aide aux pèlerins russes. Il s’avère que la Vieille Ville de Nazareth, à notre grande surprise, a elle aussi son propre complexe russe; qui consiste en une série de bâtiments en pierre qui ont été construits autour d’une cour, en 1904, pour très exactement la même raison. S’il semble détonner par rapport aux autres architectures privilégiées dans la ville, il ressemble beaucoup au complexe de Jérusalem. Appelé par les locaux « Moskubiyeh » – qui vient du mot Moscou – il peut accueillir environ un millier de personnes ; il héberge aussi un hôpital, un réfectoire et une école.

Autre visite qui vaut vraiment le détour, celle de la mosquée Blanche dont la construction a été terminée au tout début du 19e siècle. Plus ancienne mosquée de Nazareth, elle est située à proximité d’une petite ruelle du marché – et elle peut être facilement manquée. Avec ses arches élevées, ses beaux chandeliers et ses murs blancs, elle est très impressionnante. Sur le mur extérieur, un panneau explique qu’elle a été nommée mosquée Blanche parce qu’elle avait pour vocation d’être un symbole de pureté et d’optimisme – et parce que son message est un message de paix et de fraternité parmi toutes les communautés de la Terre sainte.
Aviva Bar-Am est l’auteure de sept guides en langue anglaise sur Israël. Shmuel Bar-Am est un guide touristique agréé qui propose des visites privées et personnalisées en Israël pour les particuliers, les familles et les petits groupes.
Shmuel Bar-Am est guide touristique agréé et il organise des visites privées et personnalisées, qu’elles soient individuelles, familiales ou réunissant de petits groupes.
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