Urich, proche de Netanyahu, aurait reçu de l’argent du Qatar après le début de la guerre
La Treizième chaîne a fait savoir que la police détient des documents, des textos et des données bancaires reliant Jonatan Urich à Doha - au moment où Israël examinait les offres qataries de médiation pour la libération des otages

Jonatan Urich, proche conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a reçu de l’argent du Qatar dans la période qui a suivi le début de la guerre opposant Israël au groupe terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, ont signalé vendredi les médias israéliens – le dernier développement en date dans le scandale du « Qatargate ».
Si Urich avait, dans un premier temps, nié toute implication avec les Qataris et s’il avait déclaré que l’enquête à son encontre était motivée par des considérations politiques, il avait par la suite admis avoir aidé le Qatar pour des questions liées à la Coupe du monde de 2022. Des sources ont déclaré à la chaîne d’information N12 que ces dernières révélations ont fait d’Urich le principal suspect dans les investigations lancées sur le dossier du « Qatargate ».
Selon la Treizième chaîne, la police possède des documents, des SMS et des données bancaires qui montrent qu’Urich a reçu de l’argent de la part de Doha après le 7 octobre 2023, alors même qu’Israël se demandait si le pays devait accepter que le Qatar tienne un rôle de médiateur dans le cadre des négociations avec le Hamas. Selon le reportage qui a été diffusé par la Treizième chaîne, les paiements susceptibles d’être rattachés au Qatar ont continué à être versés à ce proche de Netanyahu tout au long de l’année 2024.
Le Qatar a été un médiateur de premier plan – aux côtés de l’Égypte et des États-Unis – dans les pourparlers consacrés à un accord de cessez-le-feu dans la bande, accord qui ouvrait la porte à la remise en liberté des otages qui se trouvent à Gaza. Ces dernières années, Doha avait également envoyé à Gaza de vastes quantités de liquidités – notamment constituées de millions de dollars en espèces – avec le soutien de Netanyahu. Selon les enquêtes qui ont été menées par l’armée israélienne et par le Shin Bet, ces fonds auront largement contribué à financer la machine de guerre du Hamas – avec des capacités qui devaient finalement atteindre leur point d’orgue avec le pogrom commis par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.
La police tenterait de déterminer si Urich a effectivement favorisé les intérêts qataris et s’il a bénéficié de l’aide d’un second suspect – Eli Feldstein, un ancien collaborateur de Netanyahu qui a d’ores et déjà été mis en examen pour avoir laissé fuiter des informations classifiées dans une affaire distincte. La police examine également sur la possibilité que Feldstein ait travaillé avec le Qatar indépendamment d’Urich.

L’affaire du Qatargate porte principalement sur de multiples délits présumés qu’Urich et Feldstein auraient commis dans le cadre du travail qu’ils auraient, semble-t-il, effectué pour un cabinet de lobbying pro-Qatar. Ils sont notamment soupçonnés d’avoir entretenu des contacts avec des agents étrangers et d’avoir commis une série de faits de corruption impliquant des lobbyistes et des hommes d’affaires, tout cela alors même qu’ils travaillaient pour le Premier ministre.
Vendredi, la Cour suprême a rejeté l’appel qui avait été déposé contre la décision du maintien en détention d’Urich. Le juge Yechiel Kasher a déclaré dans son arrêt : « Je suis convaincu qu’il n’y a pas eu d’erreur judiciaire dans la décision qui a été prise par le tribunal de district ».
Lors de la séance, les avocats d’Urich ont semblé admettre que leur client avait travaillé pour le Qatar, déclarant que les charges retenues à son encontre n’étaient pas valables dans la mesure où ce pays n’était pas officiellement désigné comme État ennemi.
Dans leur appel, les avocats d’Urich ont affirmé que le tribunal de district « a commis une erreur dans sa définition des infractions » reprochées à leurs clients, ajoutant que la loi israélienne ne définit pas le Qatar comme pays ennemi. Ils ont soutenu que « de nombreux responsables en Israël, y compris de très hauts responsables de la Défense », travaillaient régulièrement avec cet État du Golfe.
Ils ont également indiqué qu’Urich, en tant que particulier fournissant des services au parti du Likud du Premier ministre plutôt qu’en tant que fonctionnaire employé par l’État, « était autorisé à travailler simultanément dans n’importe quel rôle ».
Urich a été interrogé mercredi après-midi au sujet de nouveaux éléments de preuve qui avaient attisé la curiosité des enquêteurs et il a été arrêté juste après minuit.
La police a cherché à prolonger sa détention de cinq jours et à prolonger de 30 jours l’assignation à résidence de Feldstein – mais un magistrat a toutefois rejeté ces deux requêtes, accordant à la police un délai de 24 heures pour faire appel de sa décision.

Le juge a également soulevé des questions de fond sur l’enquête, soulignant que même si Urich et Feldstein travaillaient au service de Netanyahu, ils n’étaient pas officiellement employés par le bureau du Premier ministre et qu’ils n’avaient donc pas le statut de fonctionnaire.
Seuls les fonctionnaires peuvent être accusés de délits tels que la corruption et les abus de confiance – les délits que la police souhaite imputer aux deux suspects.
L’enquête en cours continue de s’élargir, et le Shin Bet et la police enquêtent dorénavant sur les relations d’affaires tissées par deux anciens responsables de la sécurité israélienne avec le Qatar, ont rapporté jeudi les médias israéliens.
Selon Haaretz, ces deux anciens agents du Mossad ont été récemment interrogés par le Shin Bet, et les enquêteurs ont cherché à interroger d’autres suspects en rapport avec ce dossier.
L’un des anciens responsables de la sécurité faisant l’objet d’investigations est un ancien agent du Mossad, qui n’a été désigné que par l’initiale « Shin ». Il aurait travaillé en coopération avec les services de renseignements qataris pendant son séjour au sein de l’agence d’espionnage et il ferait aujourd’hui des affaires au Qatar, a rapporté la chaîne d’information N12.
Le second suspect s’appellerait David Saig – il s’agit d’un homme d’affaires israélien, ancien responsable au sein du Mossad et ami proche de Shin. Ce dernier était était son patron lorsque les deux hommes travaillaient côte à côte au sein de l’agence.
Saig lui-même a été interrogé après lecture de ses droits dans le cadre de l’enquête sur le « Qatargate ».
Selon N12, Shin est propriétaire d’une société aux côtés du général de Tsahal à la retraite Yoav Mordechai. Cet ancien membre de premier plan de Tsahal avait noué des liens avec les Qataris lorsqu’il était à la tête du COGAT, le bureau du Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, une instance qui dépend du ministère de la Défense.
La police soupçonne Mordechai d’avoir mis en relation deux des principaux suspects dans l’affaire du « Qatargate », Urich et l’ancien directeur de la campagne électorale du Likud, Yisrael Einhorn, avec le gouvernement qatari alors qu’ils effectuaient une campagne de relations publiques pour Doha avant la Coupe du monde de 2022.
Urich et Einhorn sont également soupçonnés d’avoir tissé des relations d’affaires avec Shin et Saig, a déclaré N12.
La chaîne a aussi expliqué que la société de Shin et Mordechai était en relation avec une société allemande appartenant à Gil Birger, un autre homme d’affaires israélien soupçonné d’avoir transféré de l’argent du lobbyiste pro-Qatari Jay Footlik à Feldstein.