USA : les grands absents du débat présidentiel
Des sujets centraux de la politique américaine comme le changement climatique et Israël ont été totalement ignorés par les deux candidats à la présidentielle américaine lors de leur ultime joute verbale mercredi

Israël
Pas un mot n’a été prononcé sur l’alliance entre Israël et les Etats-Unis, aspect crucial de la politique étrangère américaine, thème qui figurait bien au programme de ce troisième débat.
Mais si les échanges étaient orientés par les questions du modérateur Chris Wallace, les candidats ont souvent dévié de cette trame, faisant aussi l’impasse sur plusieurs sujets.
Pour connaître la position des candidats sur Israël, les électeurs devront donc se référer à leurs déclarations durant la campagne, et notamment lorsqu’ils ont chacun rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à New York.
Donald Trump avait à cette occasion promis de reconnaître, s’il est élu, Jérusalem comme « la capitale indivisible de l’Etat d’Israël ».
Hillary Clinton s’est pour sa part dit attachée à une solution à deux Etats et à la tenue de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.

Iran, Cuba, Yémen, Asie
La lutte contre le groupe Etat islamique (EI) a été le principal thème de politique étrangère abordé.
Les candidats n’ont cependant pas évoqué l’accord nucléaire avec l’Iran, alors que Donald Trump n’a eu de cesse de promettre un démantèlement de ce compromis « catastrophique ».
Autres legs de la politique menée par Barack Obama : le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, largement décrié au cours des primaires républicaines, n’a pas été discuté mercredi. Pas plus que la politique de rééquilibrage vers l’Asie dont le président sortant a fait sa priorité en matière de politique étrangère.
Ni le conflit au Yémen, où les Etats-Unis ont récemment riposté à des tirs visant leurs navires de guerre en mer Rouge, ni la menace militaire de la Corée du Nord n’ont non plus été mentionnés.
Le climat
Là encore, M. Trump et Mme Clinton n’ont pas effleuré le sujet quelques semaines après la ratification de l’accord mondial sur le climat par les Etats-Unis, deuxième plus gros pollueur de la planète.
Donald Trump a promis s’il est élu de retirer son pays de cet accord conclu à l’issue de la COP21, une décision qui aurait des conséquences « sévères et durables pour le climat de notre planète et la crédibilité internationale des Etats-Unis », ont mis en garde près de 400 scientifiques, dont 30 prix Nobel, dans une lettre ouverte au candidat.
Durant la campagne, M. Trump a profité du discours de Mme Clinton sur les énergies propres pour capitaliser sur la frustration des électeurs dans les régions minières.
La démocrate avait dit en mars au détour d’une phrase sur les énergies renouvelables, qu’elle allait mettre « beaucoup de mineurs au chômage », une gaffe que les familles de mineurs n’ont pas digérée.

Education, emploi, justice
Avortement, immigration et armes à feu ont été les trois grands sujets de société abordés au débat. Mais Chris Wallace a dû insister pour aborder la question de la dette à la toute fin de l’échange de 90 minutes, pendant lequel les candidats ont décoché leurs flèches habituelles sur les relations entre Donald Trump et les femmes ou les allégations de mensonges contre Mme Clinton.
Résultat, les grands thèmes économiques et sociétaux qui occupent habituellement les échanges dans la course à la Maison Blanche ont été survolés. « J’ai fait de la cause des enfants et des familles l’oeuvre de ma vie », a clamé Hillary Clinton sans avoir détaillé ses propositions sur la petite enfance ou la dette faramineuse des étudiants, grand cheval de bataille de son opposant des primaires démocrates, Bernie Sanders.
Le salaire minimum, actuellement fixé à 7,25 dollars de l’heure, et sur lequel les deux candidats divergent, n’a pas non plus été débattu, pas plus que la stagnation des salaires en général. La réforme de la justice pénale dans un pays pointé du doigt pour sa surpopulation carcérale a aussi été ignorée.