Vaccination contre la polio à Gaza, situation du système de santé: le bilan de l’OMS
Selon le représentant de l'Organisation mondiale de la Santé dans les territoires palestiniens, 18 des 36 hôpitaux de Gaza sont en partie opérationnels, ainsi que 59 sur les 144 centres de soins primaires

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est félicitée mardi du succès de la campagne de vaccination contre la poliomyélite dans la bande de Gaza, tout en s’inquiétant des conséquences de la suppression du financement américain, sans oublier les milliers de patients nécessitant une évacuation médicale d’urgence.
S’exprimant depuis Gaza, Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens, a fait un bilan de la dernière campagne de vaccination des enfants contre la poliomyélite et de la situation sanitaire dans la bande de Gaza, ainsi que des problèmes de financement.
Vaccination contre la polio
Depuis que cette maladie hautement contagieuse est réapparue à Gaza pour la première fois depuis plus de 20 ans, entraînant en août 2024 la paralysie d’un enfant de 10 mois, deux campagnes de vaccination ont eu lieu en septembre et en octobre.
Plus de 95 % des enfants ciblés par cette campagne ont reçu les deux doses du vaccin oral indispensables pour les protéger contre la maladie.
Mais des échantillons prélevés en décembre 2024 et janvier 2025 sur deux sites ont montré que le poliovirus était toujours en circulation.
Une nouvelle campagne de vaccination ciblant 591 000 enfants âgés de moins de dix ans a commencé samedi. Près de 548 000 ont été joints, selon l’OMS.
Malgré le froid et la pluie, les parents ont amené leurs enfants dans les centres de vaccination.
« C’est un succès remarquable, et personnellement je ne pensais pas que nous atteindrions » ce résultat, s’est félicité M. Peeperkorn.
Une quatrième session de vaccination est prévue dans quatre semaines.
Evacuations médicales
Entre le 1er et le 24 février, 889 patients, dont 335 enfants, ont été évacués en Egypte par le passage de Rafah.
Le nombre total de patients évacués depuis octobre 2023 s’élève à 6 295, dont 4 640 enfants.
L’OMS estime que 10 000 à 14 000 patients dans un état critique, dont plus de 4 000 enfants, ont besoin d’une évacuation médicale.
M. Peeperkorn a formulé l’espoir que les évacuations vers la Jordanie commenceraient bientôt et il a plaidé pour une augmentation des couloirs médicaux, dont la voie traditionnelle d’avant-guerre d’acheminement des patients vers les hôpitaux de Cisjordanie et de Jérusalem Est.

Le retrait des Etats-Unis et les problèmes de financement
Selon une évaluation initiale des dommages à Gaza et en Cisjordanie faite au début du mois conjointement par les Nations unies, la Banque mondiale et l’Union européenne, sept milliards de dollars seront nécessaires pour restaurer le système de santé du territoire dévasté par la guerre.
Ce montant comprend les coûts de la reconstruction des infrastructures et la prestation de services en matière de santé, dont plus de 4 milliards nécessaires au cours des trois premières années.
Le plan de réponse opérationnel de l’OMS pour 2025 dans les Territoires palestiniens nécessite 648 millions de dollars.
Selon M. Peeperkorn, le retrait des Etats-Unis de l’OMS signifie que l’organisation ne disposera pas de quelque 46 millions de dollars qui étaient prévus pour Gaza, principalement cette année.
Ce qui implique un manque de financement dans des domaine comme l’achat de fournitures, le déploiement d’équipes médicales d’urgence, l’approvisionnement en carburant ou les évacuations sanitaires.

Hôpitaux et soignants
Selon M. Peeperkorn, 18 des 36 hôpitaux de Gaza sont en partie opérationnels, ainsi que 59 sur les 144 centres de soins primaires. Sept hôpitaux de campagne sont également opérationnels.
Gaza comptait plus de 3 500 lits d’hôpitaux avant la guerre, un nombre qui est tombé à 1 110. A présent, « il est probablement revenu à 1 500 » lits, a indiqué le responsable de l’OMS.
L’OMS espère envoyer un hôpital de campagne à Gaza d’ici mars.
« Peut-être n’est-il pas nécessaire de reconstruire tous ces 36 hôpitaux mais de se concentrer sur ceux qui sont absolument nécessaires, et faire en sorte de renforcer les soins de santé primaires et l’aiguillage » des patients, a déclaré M. Peeperkorn.
M. Peeperkorn a souligné que les services et infrastructures de santé à Gaza « ne se sont pas effondrés », fonctionnant de manière partielle ou minimale.
Il a salué à cet égard « la résilience des soignants de Gaza ».
Gaza comptait quelque 25 000 personnels de santé avant la guerre. M. Peeperkorn a relevé que de nombreux médecins spécialistes ont fui et formulé l’espoir que de nombreux professionnels de santé reviendront à la faveur d’un cessez-le-feu durable.
Il a indiqué avoir connaissance d’informations selon lesquelles 40 à 50 % des professionnels de santé actifs avant la guerre étaient toujours à leur poste.