Vincent Dedienne citant Adolf Hitler, l’autre scandale des César
L'acteur entendait dénoncer les soutiens à Roman Polanski qui, l’an dernier, suggéraient de séparer l’homme (accusé de viols) de l’artiste (récompensé aux César)

La cérémonie des César 2021 n’en finit plus de faire parler d’elle. Jugée tour à tour comme « sidérante », « ridicule », « sans humour » ou comme un « naufrage », l’évènement de la soirée, outre le sacre du réalisateur Albert Dupontel (qui n’a pas assisté à la cérémonie) pour son dernier film « Adieu les Cons », a été l’intervention de la comédienne Corinne Masiero, alias capitaine Marleau à la télévision, qui est arrivée sur scène en tenue de Peau d’âne sanguinolent, avant de se mettre complètement nue, « No culture, no futur » écrit sur le ventre, « Rends-nous l’art, Jean [Castex] » sur le dos et des tampons accrochées aux oreilles. Elle entendait par son acte défendre les intermittents du spectacle.
Une autre intervention, qui symbolise également le « naufrage » de la cérémonie, a fait polémique sur les réseaux sociaux : celle du comédien Vincent Dedienne, venu annoncer les lauréats de la catégorie « Meilleur film étranger ».
Ce dernier a commencé son bref discours en citant Hitler, par provocation : « Les guerres passent. Seules les œuvres de la culture ne passent pas. D’où mon amour de l’art. La musique, l’architecture ne sont-elles pas les forces qui montrent le chemin à l’humanité montante ? – Adolf Hitler. »
Alors que Marina Foïs, actrice juive et maîtresse de cérémonie des César 2021, a fait mine d’être embarrassée et que quelques rires se sont fait entendre dans la salle, Vincent Dedienne a répondu : « Monsieur Hitler. Tu veux que je dise quoi, madame Hitler ? […] Oui citer Hitler… C’est quoi ? C’est la cancel culture ? C’est quoi la prochaine étape on va déboulonner les statues d’Hitler ? Il faut savoir séparer l’homme de l’homme
politique. »
Vincent Dedienne : "Tu crois que je me suis dit chic je vais aller citer Hitler aux #César2021 ?" pic.twitter.com/n7UISmyx2I
— CANAL+ (@canalplus) March 12, 2021
Par son discours, il entendait dénoncer les soutiens à Roman Polanski qui, l’an dernier, suggéraient de séparer l’homme (accusé de viols) de l’artiste (récompensé aux César), qui est Juif et rescapé du ghetto de Varsovie.
Plusieurs responsables communautaires juifs ont vivement critiqué le « sketch », notamment Francis Kalifat, président du CRIF, Philippe Meyer, président du B’nai B’rith de France, et Arié Bensemhoun, directeur exécutif d’Elnet France.
La culture et le cinéma français méritent mieux qu’une citation obscène et mal venue d’Adolf hitler par Vincent Dedienne #cesars2021 Cette banalisation de la haine est insultante et affligeante. N’est pas Desproges qui veut! @R_Bachelot
— Francis Kalifat (@FrancisKalifat) March 14, 2021
Quel gros connard ce #Dedienne ! Et c’est sensé être drôle ? Où est l’esprit de l’art et de la culture ? Jusqu’où sommes nous capable de descendre pour dire qu’on a touché le fond ? Après les #victoiresdelamusique, les #Cesars pour nous rappeler que notre société est à l’agonie.
— Arié Bensemhoun (@ariebens) March 14, 2021
Le silence de @canalplus après le sketch sur Hitler lors des #Cesar2021 est sidérant. @maxsaada qu’ont pensé selon vous les derniers rescapés de la #Shoah en entendant, entre deux rires, à propos du boucher de la solution finale qu’« il faut séparer l’homme du politique » ?
— Philippe Meyer (@philippemeyer92) March 15, 2021
Un coup de com pour lui Un coup de poignard pour d’autres #memoire #shoah Réactions ? Non, Encéphalogramme plat ! Comme si c’était normal !Citer qq’un c’est le faire vivre Des excuses ? ????Vincent Dedienne cite Hitler lors de la 46ème cérémonie des Césars https://t.co/yAjHX5gzbh
— Karen Taieb (@karen_taieb) March 15, 2021
La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a estimé mardi que cette cérémonie des César, marquée par plusieurs déclarations et gestes des participants pour crier le désespoir du monde de la culture, « n’a pas été utile au cinéma français ».
« Ce qui m’a frappée, c’est que finalement, le côté ‘meeting politique’ de cette affaire a nui à l’image du cinéma français, alors qu’il est massivement aidé », a déclaré la ministre sur RTL, avançant le chiffre de 1,2 milliard d’euros d’aides au cinéma en 2020.
« La deuxième chose qui m’a frappée, c’est la rupture avec le public, sur les réseaux sociaux, dans les commentaires, alors que les gens aiment leur cinéma… », a-t-elle ajouté. « Il s’est secrété une antipathie absolument incroyable », selon elle.
« Le cinéma, c’est une industrie, culturelle et créative. Les César sont une vitrine pour vendre notre cinéma à l’international. Est-ce que vous voyez l’image que cela a donné ? C’est navrant de voir des artistes piétiner leur outil de travail », a-t-elle encore dit.
L’AFP a contribué à cet article.