Volker Turk accuse Israël de tueries « gratuites » en Cisjordanie depuis le 7 octobre
Le chef du HCDH juge "inconcevable" l'estimation de plus de 500 morts ; Israël affirme que la grande majorité des Cisjordaniens ont été tués lors de heurts et de raids d’arrestations
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme (HCDH) Volker Türk a jugé mardi « inconcevable » que plus de 500 Palestiniens aient été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre.
Sur la même période, 24 Israéliens, dont huit membres des forces de sécurité israéliennes, ont été tués en Cisjordanie et en Israël lors d’affrontements ou d’attaques présumées de la part de Palestiniens de Cisjordanie, a également indiqué le HCDH dans un communiqué.
« Comme si les événements tragiques survenus en Israël puis à Gaza au cours des huit derniers mois ne suffisaient pas, la population de la Cisjordanie est également soumise, jour après jour, à une effusion de sang sans précédent. Il est inconcevable que tant de vies aient été fauchées de manière aussi gratuite », a souligné Volker Türk.
La Cisjordanie, sous contrôle israélien depuis 1967, connaît une recrudescence des violences depuis le début de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre à Gaza.
Réagissant aux déclarations du Haut-Commissaire, la mission permanente d’Israël auprès de l’ONU à Genève a souligné que « l’activité terroriste a considérablement augmenté en Cisjordanie ».
Selon les responsables palestiniens, au moins 523 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des résidents d’implantations israéliens depuis le début de cette guerre.
Récemment, le 1er juin, des soldats israéliens ont tué près du camps de réfugiés de Aqabat Jabr, proche de la ville de Jéricho, un mineur palestinien et blessé grièvement un autre, décédé le jour suivant, selon l’ONU.
« Leur mort, ainsi que celle de quatre autres Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes lundi, porte à 505 le nombre de Palestiniens tués depuis le 7 octobre, selon les informations évaluées par le HCDH », indique le Haut-Commissariat, qui demande que les responsabilités soient établies.
Il a affirmé que les images de vidéosurveillance indiquaient que les mineurs avaient été abattus à une distance de 70 mètres alors qu’ils s’enfuyaient après avoir jeté des pierres et/ou des cocktails Molotov en direction d’un poste militaire.
L’armée n’a pas confirmé les décès à ce moment-là, mais a déclaré que deux suspects avaient lancé des cocktails Molotov en direction de l’implantation voisine de Vered Yeriho, mettant en danger des civils et des biens.
Selon les estimations de Tsahal, la grande majorité des personnes tuées ont été abattues lors d’affrontements violents au cours de raids d’arrestations.
Mardi matin encore, Tsahal a déclaré que les troupes avaient tué deux terroristes présumés près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie, alors qu’ils s’apprêtaient à ouvrir le feu sur des villes israéliennes de l’autre côté de la barrière de sécurité, à la suite de plusieurs attaques récentes par balles.
Plus tôt, lundi, la police israélienne a déclaré que des agents infiltrés de la police des frontières avaient tué un Palestinien recherché dans la ville de Naplouse en Cisjordanie.
#הליכודהיומי
והפעם: בת חפר pic.twitter.com/hd0YeYYIrU— Ben Caspit בן כספית (@BenCaspit) May 29, 2024
Turk a déclaré que Tsahal avait souvent utilisé la force meurtrière « en premier recours contre des manifestants palestiniens […] dans des cas où les personnes abattues ne représentaient manifestement pas une menace imminente pour la vie ».
Il a cité une « prévalence de Palestiniens décédés après avoir reçu une balle dans la partie supérieure du corps, ainsi qu’un schéma de refus d’assistance médicale aux blessés ».
Ce schéma « suggère une intention de tuer en violation du droit à la vie, plutôt qu’une application graduée de la force et une tentative de désescalade des situations tendues », ajoute la déclaration.
« Les meurtres, les destructions et les violations généralisées des droits de l’Homme sont inacceptables et doivent cesser immédiatement », a déclaré Turk dans son communiqué.
« Israël doit non seulement adopter, mais aussi appliquer des règles d’engagement qui soient pleinement conformes aux normes et standards applicables en matière de droits de l’Homme », a-t-il ajouté, demandant que des comptes soient rendus pour tous les meurtres illégaux présumés.
« Les meurtres, les destructions et les violations généralisées des droits humains sont inacceptables et doivent cesser immédiatement », a demandé Türk, appelant Israël à « adopter mais aussi appliquer des règles d’engagement » qui soient pleinement conformes aux normes en matière de droits humains.
Selon le Haut-Commissariat, les forces de sécurité israéliennes ont souvent eu recours « à la force létale comme première option contre les manifestants palestiniens […] dans des cas où les personnes abattues ne représentaient clairement pas une menace imminente pour la vie ».
30 פלסטינים (שב"חים) חצו הבוקר את חומת ההפרדה מהכפר שוויכה (גזרת טול כרם) לעבר הישובים בת חפר ובחן בעמק חפר pic.twitter.com/IzhtQAZMfe
— yishai porat – ישי פורת (@yishaiporat) May 27, 2024
Selon la représentation israélienne à Genève, « plus de 500 attaques terroristes ont été perpétrées par des Palestiniens contre des Israéliens » depuis le 7 octobre.
« Depuis des années, les factions terroristes palestiniennes intensifient leurs activités, utilisant des armes de guerre, avec la complicité et le manque de leadership de l’Autorité palestinienne. C’est cette réalité que le Haut-Commissaire choisit d’ignorer et de rejeter », a indiqué la mission israélienne, affirmant « qu’Israël ne permettra pas que la Cisjordanie devienne un autre bastion terroriste ».
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 251 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Sur les 251 personnes emmenées comme otages ce jour-là, 120 sont toujours détenues à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée israélienne.
En réponse à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire menée contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
Plus de 36 500 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël dit avoir tué 15 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.