Washington et Paris condamnent l’attaque iranienne sur Erbil
Les Gardiens de la Révolution disent avoir visé un "centre stratégique" d'Israël, mais les autorités kurdes ont nié l'existence de tels sites de l'Etat hébreu sur leur territoire

Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran a tiré des missiles dimanche contre une cible au Kurdistan d’Irak présentée comme un « centre stratégique » d’Israël, mais les autorités locales kurdes ont nié l’existence de tels sites de l’Etat hébreu sur leur territoire.
Les autorités du Kurdistan ont dénoncé « une justification visant uniquement à dissimuler le crime ».
« Il s’agit d’allégations sans fondement », a affirmé le gouverneur d’Erbil, Oumid Khouchnaw. « Il n’y a pas de sites israéliens dans la région, il n’y a que le nouveau bâtiment du consulat américain » dans la zone visée.
Si des hommes politiques kurdes ont plaidé pour une normalisation avec Israël, la ligne officielle du Kurdistan reste prudente dans un pays où ce sujet demeure largement tabou.

A Washington, le département d’Etat a condamné les tirs dans un communiqué, ajoutant: « aucune installation américaine n’a été endommagée, aucun membre du personnel blessé ».
Un porte-parole du département d’Etat a ensuite indiqué que « les Etats-Unis n’étaient pas la cible » de l’attaque. « La plupart, sinon la totalité des missiles étaient dirigés vers un complexe résidentiel privé appartenant à un citoyen kurde irakien », a-t-il dit.
« L’Iran doit immédiatement cesser ses attaques, respecter la souveraineté irakienne et mettre fin à son ingérence dans les affaires intérieures de l’Irak. Les États-Unis se tiennent aux côtés de nos partenaires irakiens, y compris dans la région du Kurdistan, et aideront nos partenaires dans la région à se défendre », a ajouté le département d’Etat.
Les frappes contre Erbil ont eu lieu une semaine après la mort en Syrie de deux hauts gradés des Gardiens de la Révolution, tués dans une attaque imputée à Israël. « Le régime sioniste paiera pour ce crime », avaient averti les Gardiens.
A Bagdad, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Iran Iraj Masjidi et lui a fait part des protestations du gouvernement fédéral au sujet des frappes qualifiées de « violation flagrante de la souveraineté » de l’Irak, selon un communiqué.
Paris a condamné l’attaque iranienne qui « menace la stabilité de l’Irak et de la région ». L’Union européenne a jugé qu’il n’y avait « pas de justification pour un tel acte de violence contre le territoire d’un Etat souverain ».
« Les responsables (de cette attaque) doivent répondre de leurs actes », a estimé l’Allemagne.
L’Arabie saoudite, grand rival régional de l’Iran, a exprimé sa « solidarité » avec l’Irak.
Les tirs iraniens sont intervenus par ailleurs au moment où les négociations pour relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien ont été suspendues.