Witkoff : « Sans vouloir manquer de respect » à Netanyahu, Trump pourrait le remplacer tout en étant président
Lors d'un gala organisé par United Hatzalah, l'envoyé spécial a également souligné qu'il fallait, "à tout prix", empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire

L’envoyé spécial américain Steve Witkoff a affirmé mercredi soir que Donald Trump pourrait assumer à la fois les fonctions de président des États-Unis et de Premier ministre israélien, tout en vantant le soutien de son patron à l’État hébreu.
Witkoff, qui mène actuellement des négociations nucléaires à haut risque avec l’Iran et s’efforce de négocier un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza, a également déclaré que les États-Unis et Israël devaient travailler ensemble pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire « à tout prix ».
Lors d’un gala de collecte de fonds organisé à New York pour l’organisation juive d’aide d’urgence United Hatzalah, Witkoff a indiqué qu’il s’était entretenu avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu plus tôt dans la journée.
« C’est un homme si spécial, un ami incroyable du peuple juif », a déclaré Witkoff à propos de Trump.
« Sans vouloir manquer de respect au Premier ministre Netanyahu, à qui j’ai d’ailleurs parlé aujourd’hui, je pense que le président Trump pourrait être le premier président en exercice à occuper simultanément le poste de Premier ministre d’Israël. »
Cette boutade a suscité des rires et quelques applaudissements de la part du public favorable à Trump, qui avait déjà ovationné Witkoff lorsqu’il avait mentionné le président américain.
Breaking: Special Presidential Envoy @SteveWitkoff remarks on Iran as he is honored at @UnitedHatzalah gala pic.twitter.com/M05KA7645g
— Ellie Cohanim (@EllieCohanim) June 12, 2025
Selon lui, le leadership de Trump a été « inébranlable dans la défense du droit d’Israël à exister et à prospérer ».
Mercredi, un sondage Pew a révélé que 69 % des Israéliens avaient confiance dans la politique étrangère de Trump, soit le deuxième score le plus élevé parmi les 24 pays interrogés. Le sondage a également montré que l’opinion des Israéliens à l’égard des États-Unis avait progressé de six points par rapport à l’an dernier, ce qui fait de ce pays l’un des rares à avoir enregistré une hausse.
En 2022, Trump avait écrit sur sa plateforme Truth Social qu’il « pourrait facilement être Premier ministre » d’Israël, soulignant son taux de popularité élevé dans l’État hébreu, tout en critiquant les Juifs américains pour ne pas lui avoir témoigné le même soutien.
Il avait déjà fait une déclaration similaire en 2019, alors qu’il était président, affirmant à tort que son taux de popularité en Israël était de 98 %. (Il était en réalité de 69 % à l’époque, selon la JTA).
???????????????? – During the Orthodox Jewish fundraiser event, president Trump said he is very aware of what is going on between Israel and Gaza. “It’s crazy, missiles are coming and Israel is firing back” pic.twitter.com/iiw1DhFKYN
— Belaaz News (@TheBelaaz) November 12, 2019
« Si quelque chose arrive ici, j’irai faire un tour en Israël. Je deviendrai Premier ministre », avait-il alors plaisanté, tout en exprimant sa perplexité face au système parlementaire chaotique du gouvernement israélien.
Les remarques de Witkoff ont été formulées alors que Netanyahu venait d’échapper de justesse à une menace pesant sur son pouvoir, émanant des partis ultra-orthodoxes de sa coalition. Ceux-ci avaient en effet déclaré qu’ils pourraient renverser le gouvernement et forcer la tenue de nouvelles élections législatives en signe de protestation contre l’absence d’avancées législatives visant à réglementer les exemptions au service militaire accordées aux hommes ultra-orthodoxes – ou haredim.
Witkoff, qui doit rencontrer dimanche à Oman le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi pour un sixième cycle de négociations sur le nucléaire, malgré les tensions croissantes quant à la possibilité d’une frappe militaire israélienne, a également déclaré lors du gala que la République islamique « ne doit en aucun cas être autorisée à enrichir l’uranium ou à développer une quelconque capacité nucléaire », suscitant une nouvelle ovation debout de la part des participants.
« Un Iran nucléaire représente une menace existentielle pour Israël, tout comme un Iran doté d’un grand nombre de missiles », a-t-il déclaré.

« Cette menace est aussi grave que la menace nucléaire. »
Il s’agit, a-t-il poursuivi, d’une « menace existentielle pour les États-Unis, le monde libre et l’ensemble du [Conseil de coopération du Golfe] ».
Il a exhorté à l’unité pour veiller à ce que l’Iran « ne réalise jamais ses ambitions meurtrières, quel qu’en soit le prix ».
Ses propos interviennent alors que Trump s’est montré pessimiste quant à l’issue des négociations, qui sont dans l’impasse sur la question de l’enrichissement du niveau de pureté de l’uranium. Alors que les États-Unis exigent que l’Iran mette fin à toutes ses activités d’enrichissement, Téhéran insiste sur son droit à les poursuivre. Trump a menacé de recourir à la force en cas d’échec des négociations, tandis que l’Iran a averti qu’il pourrait frapper des bases américaines au Moyen-Orient en cas d’attaque.

L’ancien chef de l’agence de renseignement du Mossad, Yossi Cohen, ainsi que les ex-otages Eli Sharabi et Noa Argamani figuraient parmi les invités du gala organisé à New York, a rapporté la chaîne N12.
Argamani, dont le petit-ami Avinatan Or est toujours retenu en otage, a remercié Witkoff pour ses efforts en faveur de la libération des captifs.
« Je suis convaincue que vous vous battrez pour chaque otage jusqu’à ce que le dernier soit libéré », a-t-elle déclaré, selon la chaîne N12.
Argamani et Sharabi faisaient partie des 251 personnes enlevées en Israël le 7 octobre 2023, lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas a mené une invasion dévastatrice dans le sud du pays, tuant plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils. 53 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, dont moins de la moitié seraient encore en vie.

Les négociations entre Israël et le Hamas sur un accord de cessez-le-feu et de libération des otages sont dans l’impasse depuis la réponse du groupe terroriste, fin mai, à la proposition de Witkoff d’un cessez-le-feu temporaire, que celui-ci avait qualifié « d’inacceptable ».
Lundi, Netanyahu avait affirmé que des « progrès significatifs » avaient été réalisés dans les pourparlers avec le Hamas concernant les otages, mais un responsable arabe proche des négociations a rejeté cette affirmation.