Trump « moins confiant » sur un accord nucléaire, Téhéran met en garde contre toute action militaire
Le président américain note un changement d'attitude chez des Iraniens "moins enthousiastes" ; le ministre de la Défense iranien menace les bases américaines de la région en cas de conflit

Dans une interview publiée mercredi, le président américain Donald Trump a déclaré être moins confiant quant à la possibilité que l’Iran accepte de mettre fin à ses actions d’enrichissement de l’uranium dans le cadre d’un accord nucléaire avec Washington.
Interrogé lundi sur l’éventualité qu’il parvienne à obtenir l’accord de l’Iran de mettre fin à son programme nucléaire, Trump a fait part de son incertitude. « Je ne sais pas. Je pensais réussir, mais je suis de moins en moins confiant à ce sujet ».
Ces déclarations interviennent en amont du sixième cycle de négociations entre l’Iran et les États-Unis sur le nucléaire.
L’objectif de Trump est de trouver un nouvel accord visant à limiter les activités nucléaires de l’Iran. Il a menacé Téhéran de bombardements en cas d’échec.
Lundi, s’adressant aux journalistes, à la Maison Blanche, Trump a rapporté avoir évoqué la question de l’Iran avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il a qualifié les pourparlers avec les Iraniens de « difficiles ». Israël insiste pour que tout accord prévoie un arrêt complet de l’enrichissement d’uranium par les Iraniens.
Dans son interview en podcast, Trump a indiqué que les Iraniens cherchaient à gagner du temps.
« Je suis moins confiant aujourd’hui que je n’aurais pu l’être il y a quelques mois. Quelque chose leur est arrivé. Je suis beaucoup moins confiant sur la possibilité de conclure un accord », a-t-il précisé.
Trump a réaffirmé que les États-Unis n’autoriseraient pas à l’Iran à détenir l’arme nucléaire, avec ou sans accord. « Atteindre notre objectif sans faire la guerre, sans faire de morts, ce serait tellement mieux. Mais je n’ai pas l’impression que la perspective d’un accord les enthousiasme vraiment », a-t-il poursuivi.

Au début de la semaine, le président américain a expliqué que l’Iran se montrait désormais « plus agressif » dans les négociations.
Mercredi, le ministre iranien de la Défense Aziz Nasirzadeh a lancé une mise en garde. En cas d’échec des négociations sur le nucléaire et de conflit avec les États-Unis, alors l’Iran frapperait les bases américaines situées dans la région.
« Certains responsables du camp opposé menacent de déclencher un conflit si les négociations n’aboutissent pas. Si un tel conflit devait éclater… toutes les bases américaines sont à notre portée, et nous n’hésiterons pas à les prendre pour cibles dans les pays qui les accueillent », a déclaré Nasirzadeh lors d’une conférence de presse.
Trump a, à plusieurs reprises, menacé l’Iran de bombardements en l’absence de nouvel accord sur le nucléaire. Mardi, le général Michael Kurilla, commandant sortant du Commandement central des États-Unis, a annoncé devant les députés américains avoir présenté à la Maison Blanche des plans prévoyant une frappe contre l’Iran en cas d’échec des négociations sur le nucléaire.
La prochaine série de pourparlers devrait avoir lieu cette semaine, jeudi selon Trump et dimanche à Oman selon Téhéran.
L’Iran devrait présenter une contre-proposition, en réponse à une offre d’accord américaine que le pays avait rejetée.
Nasirzadeh a fait savoir que Téhéran avait récemment testé un missile doté d’une ogive de deux tonnes, et n’accepterait aucune limitation. Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, avait déclaré en février que l’Iran devrait renforcer le développement de son armée, notamment de ses missiles.

Mardi, lors d’une audition devant la Commission des forces armées de la Chambre des représentants des États-Unis, le président républicain de la commission, le représentant de l’Alabama Mike D. Rogers, a demandé à Kurilla si le CENTCOM serait en mesure de répondre avec la « force écrasante nécessaire pour arrêter un Iran doté de l’arme nucléaire » si Trump l’ordonnait.
« J’ai pu proposer de nombreuses options au secrétaire à la Défense et au président », a rapporté Kurilla.
Lundi, lors d’une conversation téléphonique avec Netanyahu, Trump a toutefois exclu toute attaque contre l’Iran en l’absence d’échec des négociations, a fait savoir la Douzième chaîne.
D’après la chaîne, deux sources proches du dossier ont également fait part de l’incertitude de Netanyahu, sans réponse claire de Trump, quant à savoir si les États-Unis donneraient à Israël le feu vert pour agir seul contre l’Iran, ou si Washington voudrait participer ou mener une frappe.
Les dirigeants iraniens, qui ont juré de détruire Israël, ont publiquement nié chercher à se doter de l’arme nucléaire. Ils se sont cependant approvisionnés en uranium enrichi à 60 %, bien au-delà de la qualité requise pour une utilisation civile, et très proche des exigences d’un usage militaire. Les responsables américains craignent qu’Israël frappent les sites nucléaires iraniens sans préavis.

Netanyahu a exigé que tout accord nucléaire avec l’Iran ordonne le démantèlement complet des installations nucléaires et des sites d’enrichissement d’uranium de la République islamique. S’adressant aux journalistes après l’appel de lundi, Trump a affirmé que Washington n’autoriserait pas Téhéran à enrichir de l’uranium sur son sol.
La proposition américaine d’accord nucléaire pourrait pourtant autoriser ces mesures, à titre provisoire.
L’Iran a déjà menacé de frapper les bases américaines, notamment l’an dernier, après avoir lancé une attaque directe contre Israël impliquant des centaines de missiles et de drones. L’assaut avait été presque entièrement intercepté par les défenses aériennes israéliennes, en coopération avec les États-Unis et leurs alliés dans la région. À la suite de cette attaque, l’Iran avait menacé Israël : si l’État juif ripostait, alors l’Iran pourrait bombarder des bases américaines dans la région. En réponse, Israël avait lancé une frappe limitée. L’Iran n’avait mis aucune de ses menaces à exécution, pas plus qu’après son tir de barrage massif contre Israël, qui avait répondu par des frappes punitives.
Les échanges entre ces deux ennemis jurés sont survenus dans le contexte de la guerre en cours à Gaza, déclenchée lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas, soutenu par l’Iran, a envahi le sud d’Israël, tuant 1 200 personnes, en majorité des civils. Certains alliés de l’Iran dans la région ont également attaqué Israël afin de soutenir Gaza, provoquant une confrontation directe.
L’Iran a également mené des attaques directes sur des bases américaines. En janvier 2020, à la fin du premier mandat de Trump, l’Iran avait tiré plus d’une dizaine de missiles sol-sol sur deux bases irakiennes où se trouvaient des soldats américains. Même si cette attaque n’avait fait aucun mort, quelque 110 militaires américains avaient été diagnostiqués comme souffrant de lésions cérébrales traumatiques après l’attaque de missiles balistiques iraniens sur la base aérienne d’al-Asad, en Irak, le 8 janvier de la même année.
Ce tir de missiles par l’Iran intervenait à la suite d’une frappe de drone américaine qui avait entraîné la mort du général iranien Qassem Soleimani.