Israël en guerre - Jour 364

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Y croire ou se préparer au pire ? Une mère d’enfants otages du Hamas se confie

Chaque matin, des parents se précipitent sur leurs téléphone pour éplucher les réseaux sociaux à la recherche d'une nouvelle vidéo de Gaza ou d'un message des terroristes

Ella, à gauche, et Dafna Elyakim, enlevées par des terroristes du Hamas, dans la maison de leur père au kibboutz NIr Oz, le 7 octobre 2023. (Autorisation)
Ella, à gauche, et Dafna Elyakim, enlevées par des terroristes du Hamas, dans la maison de leur père au kibboutz NIr Oz, le 7 octobre 2023. (Autorisation)

« J’ouvre WhatsApp et je vois une photo de Dafna assise en pyjama sur un matelas à Gaza avec en commentaire ‘En vêtements de prière ce serait mieux' », lâche en déglutissant la mère de l’Israélienne de 15 ans kidnappée, avec sa petite sœur de 8 ans, par le groupe terroriste palestinien du Hamas.

« Je me dis que ce n’est pas possible », témoigne auprès de l’AFP Maayan Zin, 52 ans, sans nouvelle de ses filles Dafna et Ella Elyakim depuis cette unique preuve de vie remontant au 8 octobre, au lendemain de l’attaque barbare perpétrée par le groupe terroriste palestinien.

Deux jours plus tôt, le 6, ses filles étaient rentrées de vacances en Turquie. Maayan s’était rendue à l’aéroport pour les embrasser avant qu’elles n’aillent avec leur père, Noam, et sa compagne Dikla, dormir chez eux, à Nahal Oz, un kibboutz frontalier de la bande de Gaza.

Aux premières sirènes d’alerte samedi 7 octobre au matin, Maayan écrit à son ex-mari qui la rassure. Dernier message sur l’écran du groupe familial.

La suite du calvaire a été documenté en vidéo. En fin de matinée, un Facebook live commence à être diffusé depuis le compte de Dikla.

Deux hommes masqués portant le bandeau vert du Hamas se filment dans la maison des Israéliens, le père est ensanglanté. Ella, les yeux exorbités de peur, est sur ses genoux.

Des personnes brandissant des affiches de disparus alors qu’elles se rassemblent pour demander la libération des 240 otages détenus à Gaza par le Hamas après les massacres terroristes perpétrés en Israël le 7 octobre devant l’ambassade du Qatar à Londres, le 29 octobre 2023. (Crédit : Justin Tallis/AFP)

Les proches tentent de communiquer via le chat : « Maman je t’aime », écrit à 13h20 un des fils de Dikla absent du domicile.

Son autre fils, Tomer, 17 ans, présent pendant l’attaque, est alors utilisé sous la menace d’un fusil « pendant plusieurs heures » par ses bourreaux pour faire du porte à porte dans le kibboutz, et attirer en hébreu ses voisins terrés dans les abris.

« Ils l’ont fait [aussi] entrer dans les maisons pour traquer tout le monde », détaille Maayan.

« Je les vois mortes » 

Les corps de Tomer, Dikla et Noam ont été retrouvés criblés de balles sur un terrain vague.

Dafna et Ella, épargnées sans que personne ne comprenne pourquoi, ont elles été emmenées à Gaza.

Des centaines de terroristes du Hamas se sont infiltrés le 7 octobre de Gaza sur le sol israélien, notamment dans des kibboutzim, où ils ont commis l’attaque la plus meurtrière depuis la création d’Israël en 1948.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées depuis, la majorité des civils dans cette attaque sans précédent du Hamas, qui détient encore au moins 242 otages selon les autorités israéliennes.

« Parfois je m’imagine qu’on les viole, qu’on les bat. Puis, un peu plus tard … je me dis qu’il y a tellement d’enfants là-bas, qu’ils sont obligés de bien les traiter », raconte, tiraillée, Maayan.

« Je les vois dans des tunnels, dans des pièces sans lumière, sous terre ou réfugiées dans des hôpitaux pour pas qu’on les bombarde », dit-elle dans un souffle. « Je les vois mortes, blessées. »

Une table de Shabbat vide symbolisant les plus de 229 otages détenus par le Hamas à Gaza, à Times Square, à New York, le 27 octobre 2023. (Crédit : Luke Tress via JTA)

« Cauchemar » 

Chaque matin, Maayan se précipite sur son téléphone pour éplucher les groupes Facebook, Telegram et WhatsApp à la recherche d’une nouvelle vidéo de Gaza ou d’un message des ravisseurs.

Prise de sueurs plusieurs fois par jour, elle gère ces montées d’angoisse en s’obligeant à « ne pas imploser », dans l’éventualité d’un retour de ses filles, qui n’ont plus qu’elle désormais.

Mais trois semaines après leur enlèvement, Maayan, qui dort chaque nuit avec les pyjamas de ses filles contre son visage pour sentir leur odeur, redoute aussi de payer cher cet espoir venu des tripes.

« Peut-être qu’ils ont tué mes filles ? Peut-être qu’ils ont 230 corps là-bas ? », interroge-t-elle du regard.

Cela prendra peut-être « des jours, des semaines, des années, je ne sais pas », reprend Maayan, redoutant également que ses filles « reviennent différentes ».

Parmi les scénarios sur leur retour, outre son dilemme sur la façon dont elle va pouvoir les prendre toutes les deux dans les bras en même temps, elle veut « acheter un grand lit pour qu’on dorme toutes les trois ensemble », dit-elle, avant de se refermer.

Avoir des enfants otages dans Gaza, explique-t-elle, c’est passer par « ces montagnes russes permanentes ».

« Quand je me réveillerai de ce cauchemar, je pourrai alors seulement commencer à rêver. »

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